En disant tout comme on l'écrirait, on ne fait plus que lire en parlant.
"Nos langues, au lieu d'inflexions pour des inspirés, n'ont que des cris pour des possédés du diable."
"L’aspect de la flamme, qui fait fuir les animaux, attire l’homme. On se rassemble autour d’un foyer commun, on y fait des festins, on y danse : les doux liens de l’habitude y rapprochent insensiblement l’homme de ses semblables, et sur ce foyer rustique brûle le feu sacré qui porte au fond des cœurs le premier sentiment de l’humanité."
"A la division précédente se rapportent les trois états de l'homme considéré par rapport à la société. Le sauvage est chasseur, le barbare est berger, l'homme civil est laboureur."
"Il serait aisé de faire avec les seules consonnes une langue fort claire par écrit, mais qu’on ne saurait parler. L’algèbre a quelque chose de cette langue-là. Quand une langue est plus claire par son orthographe que par sa prononciation, c’est un signe qu’elle est plus écrite que parlée ; telle pouvait être la langue savante des Égyptiens ; telles sont pour nous les langues mortes. Dans celles qu’on charge de consonnes inutiles, l’écriture semble même avoir précédé la parole [...]"
"L'écriture, qui semble devoir fixer la langue, est précisément ce qui l'altère ; elle n'en change pas les mots, mais le génie ; elle substitue l'exactitude à l'expression. L'on rend ses sentiments quand on parle, et ses idées quand on écrit. En écrivant, on est forcé de prendre tous les mots dans l'acception commune ; mais celui qui parle varie les acceptions par les tons, il les détermine comme il lui plaît ; moins gêné pour être clair, il donne plus à la force ; et il n'est pas possible qu'une langue qu'on écrit garde long-temps la vivacité de celle qui n'est que parlée. On écrit les voix et non pas les sons [...]"
Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut être ni clément ni juste ni pitoyable; il ne peut pas non plus être méchant et vindicatif. Celui qui n'imagine rien ne sent que lui-même ; il est seul au milieu du genre humain.