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La littérature explorée comme une mécanique de précision, comme un dispositif libre, inventif, mais méthodique et minutieux, comme un catalogue de procédés, comme un treillis de conceptions, comme un étalage organique de plantes, d'animaux, d'êtres et de machines aux propriétés toutes plus éclatées et déconcertantes, voilà devant quoi je me trouvais en m'immergeant dans cette relecture de l'oeuvre majeure de Roussel, auteur que d'aucuns perçoivent comme un surréaliste avant l'heure, comme un plagiaire par anticipation de l'Oulipo, tout au moins comme un écrivain à l'imagination débordante. Cela peut être déroutant, mais il est impératif d'accepter de se laisser porter par cette écriture aux saveurs originales pour en déguster le nectar.

Dès les premières lignes, nous sommes devant une représentation qui met en scène des numéros qui apparaissent disparates (cirque, chants, démonstrations d'appareils merveilleux, récitals), c'est le gala des Incomparables. le narrateur nous en livre des descriptions détaillées; chaque numéro possède son univers. Voilà la première partie d'Impressions d'Afrique. La seconde aurait pu la précéder en ce qu'elle en révèle les tenants, l'origine et la préparation. On voit alors les machines et les appareils du Gala se construire avec toute la précision et la rigueur que cela pouvait supposer. C'est comme si Roussel nous exposait la construction du roman en organisant les mots et le langage tel une machine qui libère l'imagination.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Ne vous laissez pas dérouter, l'histoire est d'une construction des plus éclairée.
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Des naufragés d'un navire affrété pour l'Argentine, complétés par un contingent de personnages échoués pour des raisons diverses dans un quelconque empire africain d'opérette, se voient contraints de mettre en commun leurs dons d'inventeurs, d'acrobates, d'artistes, de scientifiques, de phénomènes en quelque sorte, au service du monarque du lieu, pour présenter un gala subséquent à la cérémonie du sacre.

L'argument du récit pose déjà les bases de la dimension baroque du présent roman. L'action se passe dans une Afrique fantaisiste, le lieu n'important guère, çà aurait pu être la Syldavie, Abou-Yamen ou je ne sais quelle Varanie. L'oeuvre s'ouvre par une série de tableaux, mettant en scène des inventions mécaniques loufoques, des expériences scientifiques et chimiques fumeuses, des performances de dressages, gymniques et artistiques ébouriffantes, d'exécutions capitales raffinées, le tout sans réel solution de continuité, avec un luxe de description, une minutie de détail déroutant. On est médusé. Dans un second temps, l'auteur fait un indispensable, et pour tout dire, salutaire, retour en arrière, en guise d'explication, afin d'éclairer rétrospectivement le propos. Impressions d'Afrique est un curieux objet littéraire qui, par sa nature, ne peut laisser indifférent. Il est le produit d'une imagination ébouriffante alliée à une langue riche, aux larges champs lexicaux, châtiée parfois, le tout emballé d'un humour pince sans rire. C'est l'oeuvre d'un auteur issu d'une famille richissime, qui pour tout dire, n'avait pas besoin d'écrire, qui ne connut, peut-être justement en raison de cela, guère de succès, incompris par ses contemporains, ce qu'on conçoit aisément après la lecture de Locus Solus et surtout du présent opus. Ça en déroutera certains, horripilera également d'autres, ravira en revanche les plus fantasques et excentriques des lecteurs.
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Si vous passez à Cannes, ne manquez pas de faire un détour par le musée de la Castre, sur la colline du Suquet. le site est magnifique : il permet une vue panoramique sur la Croisette, les îles de Lérins, le massif de l'Estérel.
Le bâtiment lui-même, un ancien château, possède des collections remarquablement mises en valeur : Antiquités romaines, tableaux représentant la Côte aux siècles passés, chapelle Sainte-Anne (XIII° siècle) avec des instruments de musique du monde entier...et surtout une section ethnographique offrant des objets originaires d'Océanie, d'Asie, d'Amérique.
Deux salles sont réservées à la collection d' Edmond de Ginoux. Cet ethnographe fit, dans les années 1840-1850, deux séjours en Polynésie (au cours du second, il était accompagné de la dessinatrice Adèle de Dombasle (une aïeule de la chanteuse comédienne Arielle Dombasle).
J'ai pu, l'année dernière, consulter des cahiers écrits par Ginoux, et conservés dans la réserve du musée.Un carnet, inédit à ce jour, retint mon attention : Ginoux raconte qu'au cours d'une exploration dans l'île principale des Marquises -Noukou-Hiva-, il s'engagea dans une vallée encaissée, très difficile d'accès. Les membres de la tribu qui vivait sur ces terres devaient se plier à un cérémonial étrange :
Quand une femme riche sentait sa fin prochaine, elle demandait à sa famille de préparer une bouillie avec la chair de l'arbre à pain. Elle déposait ensuite dans la pâte ses bijoux les plus précieux : perles, boucles d'oreilles, bagues...
On mêlait à la préparation un peu de suc d' héva, qui engourdirait la mourante et adoucirait ses ultimes instants.
Pendant que la femme avalait lentement son dernier repas, la famille entonnait un long chant funèbre . Les qualités de celles qu'on allait quitter étaient rappelés dans ces poignantes mélopées.

L'esprit de la Marquisienne vient de rejoindre le grand requin mangeur de nuages.
L'aîné de la famille saisit alors, en dernier, le couteau effilé qui est passé de main en main. Il incise délicatement le ventre de la défunte et recueille les bijoux. Par ce geste il prend possession des biens matériels, mais il s'approprie également, au nom des siens, les richesses intérieures de l'ancêtre décédée. le ventre est recousu , avec du fil en fibres de coco, par la plus habile des femmes présentes ; ensuite le corps est déposé dans la pirogue-cercueil et enduit d'huiles parfumées.

La conservatrice m'apprit que l'écrivain Raymond Roussel, de passage à Cannes, avait lui aussi visité le musée et lu ce carnet. Dans son oeuvre, il a transposé sur un autre continent ( «Impressions d'Afrique») des éléments dont il avait pris connaissance à Cannes.
Ainsi la flûte nasale fabriquée avec le tibia du plus valeureux ennemi tué au combat. le guerrier qui en joue se croit invincible. Et surtout l'épisode où la cruelle troisième épouse du roi Talou VII avale les diamants qu'elle a volés. Son neveu, le prince Sirdah, la fait empaler sur la place des Trophées ( prétendument au coeur d' Ejur (c'est le nom que l'écrivain donne à la capitale du Ponukélé)), puis l'éventre pour récupérer son bien.

Nul doute que l'intérêt de Roussel pour l'ouverture de parentes aisées date de sa visite au musée de la Castre.
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Le paquebot Lyncée fait naufrage près des côtes africaines. Les naufragés, dont le narrateur, sont capturés par l'armée de l'empereur Talou VII. En attendant leur libération, ils préparent une série de numéros pour un spectacle intitulé « le gala des incomparables ».
Raymond Roussel indiquait qu'il fallait lire le roman en commençant par la deuxième partie, page 147.
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cela débute par une cérémonie au coeur de l'Afrique, puis un spectacle de cirque, du théâtre, un cortège, un orchestre, différentes scénettes dans liens apparents qui font travailler notre imaginaire. La révélation se fait au chapitre X, dans un flashback, où l'on découvre que les passagers d'un paquebot échoué sont devenus les otages du roi Talou 7. En attendant leur délivrance, ils s'occupent en préparant un gala. Un roman tirant sur les contes des "Mille et une nuits". Etonnant.
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