Fangirl

— Cath, si je t’embrasse, est-ce que tu vas bondir et t’enfuir loin d’ici ?
— Non.
— Est-ce que tu vas te mettre à paniquer ?
Elle fit « non » de la tête.
— Probablement pas.
Il se mordit la lèvre inférieure et sourit presque timidement.
— Tu me plais, murmura-t-elle.
Il l’attira vers lui.
Voilà. Cath y était : elle embrassait Lévi.

— Je ne sais pas… J’ai l’impression que c’est trop pour moi… Ta maison, ta chambre… On va rentrer à l’intérieur, et il n’y aura qu’un lit, là-bas. Résultat : je vais probablement vomir d’angoisse.
— Et de désir…
— Surtout d’angoisse, je pense.
— Pourquoi est-ce que ça t’inquiète tant ? Dans ta chambre, ce n’est pas bien différent.
— Il y a deux lits. Et deux bureaux. Et ma coloc peut débouler d’un moment à l’autre.
— C’est exactement pour ça qu’on devrait aller chez moi : au moins, personne ne nous dérangera.
— Et c’est exactement ce qui me rend nerveuse.
Lévi resta silencieux quelques secondes, pensif.
— Et si je te promets de ne pas te toucher ?
Cath rit.
— Là, tu me démotives complètement, et je n’ai même plus envie de venir.

Son ventre commençait à danser. Cath ne comprenait d’ailleurs pas pourquoi les gens n’avaient de cesse de parler de leur cœur, lorsqu’ils évoquaient leur relation amoureuse. Chez Cath, tout se jouait au niveau du ventre.
— Je peux passer ? lui demanda-t-il comme s’il en mourait d’envie. Juste pour te souhaiter bonne nuit ?
— Reagan est ici, répondit Cath. Elle se douche. Je pense qu’elle va aller se coucher.
— Tu peux descendre, peut-être ?
— On se posera où ?
— Dans mon truck…
— On va geler dans ton truck.
— Pas si on met le chauffage.
— Il ne marche pas.
Il sembla réfléchir à l’autre bout du fil.
— On n’a qu’à aller chez moi, alors.
— Tes colocs sont là, non ? dit-elle comme si elle avait préparé toute une liste de contre-arguments qu’elle dégainait un à un.
Sans trop savoir pourquoi, d’ailleurs…
— Peu importe, insista Lévi. J’ai ma propre chambre. En plus, ils aimeraient bien te rencontrer.
— Je pense que je les ai à peu près tous croisés pendant ta fête.
Lévi grogna.
— Reagan nous a imposé combien de règles, déjà ?
— Je ne sais plus… Cinq ou six ?
— OK, en voilà une septième : interdiction de parler de cette maudite fête sauf en cas d’absolue nécessité.
Cath sourit.
— Qu’est-ce qui va me rester pour te taquiner, alors ?
— Je te fais confiance pour trouver quelque chose.

— Est-ce que… tu me laisses une autre chance ?
— Je ne sais pas, répondit-elle, serrant et desserrant les poings entre ses cuisses.
— Est-ce que… tu le voudrais ?
— Que je voudrais quoi ?
Elle leva timidement les yeux vers lui. Ses joues étaient pâles, et il se mordait la lèvre inférieure.
— Je veux dire… : est-ce que ça te plairait ?
Cath secoua la tête. Cette fois, elle était simplement déboussolée.
— Qu… quoi donc ?
— Cath…, murmura Lévi en se penchant vers elle, les mains toujours dans les poches. J’ai passé quatre mois à essayer de t’embrasser, et les six dernières semaines à me demander comment j’avais réussi à tout foutre en l’air. Tout ce que je veux, maintenant, c’est réparer les dégâts et faire les choses bien ; réussir à te prouver combien je suis désolé et pourquoi tu devrais m’accorder une seconde chance. Alors, tout ce que j’aimerais savoir c’est… si ça te plairait de m’en donner une. Si… si je te plais assez pour qu’on reparte de zéro…
Cath riva son regard mal assuré à celui de Lévi. Elle était prête à détacher ses yeux des siens au moindre geste du jeune homme.
Elle hocha la tête.
Le coin droit de la bouche de Lévi frémit, puis se courba légèrement.
— Tu me plais assez pour ça, murmura-t-elle.

" I don't think I'm any good at this. Boy-girl. Person-person. I don't trust anybody. Not anybody. And the more that I care about someone, the more sure I am they're going to get tired of me and take off"

"Just...isn't giving up allowed sometimes? Isn't it okay to say, "This really hurts, so I'm going to stop trying?"

— Non, mais je ne plaisante pas, insista Cath. Regarde-toi : tu es d’aplomb, tu n’as peur de rien. Moi, j’ai peur de tout ; littéralement. Et puis je suis barrée. Tu penses peut-être que je suis un peu dingue, mais la vérité, c’est que tu ne vois que la partie émergée de l’iceberg. Sous ce masque de gentille handicapée sociale légèrement névrosée se cache une authentique bête de cirque…

Il y a tant de choses que je regrette... Tant de choses qui me terrifient...

Rien, rien du tout... C'est juste... qu'on a bien le droit d'abandonner, parfois, non ?
Est-ce-que c'est vraiment criminel de se dire une fois ou deux : " C'est vraiment trop douloureux : j'arrête" ?

Si la folie essaye de t'enlever, moi je t'arracherai à ses griffes, lui avait dit Wren en souriant.