Permis de séjour, 1977-1982

Le jardin perdu

Il est venu un jardin cette nuit
qui n'avait plus d'adresse
un peu triste, il tenait poliment
ses racines à la main
Pourriez-vous me donner
un jardin où j'aurais le droit d'être jardin ?
................p 339

les tueurs de juifs paisibles, de la rue des rosiers.
Dans les jours que je viens de traverser, l'horreur ne manquait pas :
Beyrouth écrasée, l'imbécillité terroriste, le mensonge d'Etat roi,
les tâtonnements du socialisme à la française.

Est-ce une débilité optimiste qui me fait pourtant garder de
ces deux mois (maladie) une haute idée de l'humanité ?
le sentiment presque physique d'être soutenu par une
chaîne d'amis, la gentillesse, la bonté de tant d'infirmières,
soignants, médecins, tant de sourires au moment où on en
a besoin, quand on va flancher.
Le mal est infini. Le Bien aussi. p 332

le marchand de peaux de lapins
Le gitan-ramoneur-rétameur,rempailleur-marchand de peaux de
lapins, le rom dont la femme lit l'avenir dans les lignes de la main.
Un gitan qui sait jouer du tambour de soleil à souvenirs
réussit parfois sans en avoir l'air
à faire basculer le temps à l'envers p 323

s'il ne fallait lire que quelques pages de "permis de séjour" ce
seraient celles ci : p 275
Assuré maintenant de la malignité (cancer) de mon état,
j'entrepris d'établir un inventaire (très incomplet bien sûr)
des moments de Joie aigüe de ma vie, quelques unes
des bonnes choses de la terre :
un pense-bête des bonheurs passés
et toujours présents.

Mémento des choses bonnes de la vie :
à découvrir d'urgence !!!!! page 275 et la suite (succulent !) et revigorant

Dans le jardin et le pré, les oiseaux sédentaires s'en donnent à chante
joie, tous déjà au travail ..... p 267
(la suite est succulente)
les ressources d'humour de la nature .... p 267

l'immense volupté intellectuelle,
celle qui me fait rire sous cape délicieusement,
c'est d'être pris pour un sot
par un imbécile
et pour un ambitieux
par un ministre p 265

Les CHATS infaillibles comme toujours,
sentant émaner de vous la radioactivité
d'un absurde bonheur de vivre,
viennent se frotter à vos jambes
avec des ronronnements en confiance majeure p 258
(cf Cat)

matinée de printemps,
la petite araignée épeire entre deux tiges du rosier
tricote sa toile
Elle en a le plan clair dans sa tête p 256

souvenir d'enfance de Perrec et les choses :
très beaux récits pudiques et déchirants
profond vertige contemporain de la consommation
p 255

c'est bon le beau plaisir de voir
avec des yeux très clairs,
de voir et de se voir et les gens et la vie
et le temps
de voir ce qui est exactement comme c'est p 250