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Pierre Gardais (Préfacier, etc.)Jacques Roubaud (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070302437
192 pages
Gallimard (24/06/1970)
4.38/5   38 notes
Résumé :
« Jamais je ne pourrai »

Jamais jamais je ne pourrai dormir tranquille aussi longtemps
que d'autres n'auront pas le sommeil et l'abri
ni jamais vivre de bon cœur tant qu'il faudra que d'autres
meurent qui ne savent pas pourquoi…

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

"A la lisière du temps" était le recueil de la maturité, du vieillissement et de la maladie. C'est ici le temps de la jeunesse, pour ces poèmes écrits entre 1939 et 1953, une jeunesse marquée bien sûr par la guerre, que Claude Roy a faite.

Les mots clairs, d'une simplicité apparente, le rythme musical et ample sont déjà présents. Les thèmes chers au poète aussi.La mort, le dédoublement déchirant de l'identité, l'éclair amoureux.

La mort, qu'il a côtoyée de près, tout jeune encore,et qui le poursuit de ses images noires:

" La part du vent la part du feu
faites en celle de l'absent
vivant ou mort un peu des deux
et de la neige au lieu de sang " ( poème écrit en mémoire d'un sergent)

L'être double, insaisissable, est aussi au coeur de ses poèmes, une obsession existentielle:

" Quand je me téléphone
un autre me répond
Il n'est là pour personne
et me dit toujours non"

Mais c'est la lumière de l'amour qui rayonne, qui éblouit tout; le sable, la mer et le sommeil s'entremêlent autour de la femme aimée, source de joie et de tendre sensualité :

" La mer et le soleil à n'en jamais finir
avaient beau chuchoter
faufiler leurs chansons à travers la persienne
je n'écoutais que toi"...

Certains poèmes, comme la sublime ode à la nuit, je les connais par coeur:

" Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit
à pas de vent de loup de fougère et de menthe
voleuse de parfum impure fausse nuit
fille aux cheveux d'écume issue de l'eau dormante"

Et quel plaisir que de s'apercevoir, qu'un ancien élève, rencontré des années plus tard, se souvient avoir appris ce poème avec moi...La poésie de Claude Roy se prolonge ainsi, indéfiniment, et perdure.
Comme toute poésie qui touche le coeur et bat en nous, pulsation de vie et d'émotion ...











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Claude Roy né à Paris le 28 Août 1915 , décédé le 13 décembre 1997 : poète, journaliste, écrivain.

"Les descriptions des tableaux de son personnage sont autant de poèmes en une langue qui si elle apparaît encore précieuse, c'est comme une pierre ou un métal de ce nom."

Ce recueil de poèmes a été écris en majorité entre 1939 et 1953.

"J'habite aussi mes antipodes / je suis un autre et je suis moi / je me remaille et me débrode / ... moi je m'évapore et me perds et me trouve / et ne suis jamais sûr d'être ce que je suis."

" Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit / à pas de vent de loup de fougère et de menthe/ voleuse de parfum ....."

C'est cette goutte d'eau-là, qui parfois tremble et luit dans les vers du poète qui se définit lui-même comme un "poète mineur".

Mais les mineurs sont aussi, parfois, ceux qui vont chercher au profond de la nuit une goutte d'eau pure, une étincelle de feu central.
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Encore un jour où je t'attends où je m'accrois et me découvre au gré de l'hôte intermittent et des portes que ferme et ouvre le temps en moi passant le temps Encore un
jour encore un ciel vole un oiseau qui ne sait pas l'aveugle absence et le noir miel qui se mûrit dans notre en-bas

Encore un jour et son soleil La mer se déchire à l'avant mais à l'arrière l'écume veille et recoud vite l'océan Un jour perdu joie qui s'envole et qui s'en va sans
rien donner Où est le nord sur ma boussole Compte sur tes doigts les années Il faudrait convenir d'un signe pour s'appeler de vie à mort un mot de passe entre les lignes un fil
lancé de bord à bord

Il faudrait le dire à voix basse et tu serais entre mes bras ma bien lointaine ma tant lasse ma très absente et toujours là

Combien de temps nous faudra-t-il pour retrouver nos jours perdus comme un parfum qui se faufile si j'ouvre un livre déjà lu Vent qui me joue vent décevant partagerons-nous notre
mort ainsi du lit et des draps blancs où l'autre et l'un glisse un seul corps
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J'ouvre ce recueil « Poésies » de Claude Roy, il dormait depuis longtemps dans mon rayon poésie. Et les mots se réveillent dans la même fraicheur que lorsque je les découvrais adolescente. Rien n'a vieilli, tout est juste, tout me parle.
Et c'est si beau !
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Il se disait poète « mineur » , et mineur il est dans le sens où ses vers creusent profondément la sensibilité , les sombres angoisses : la nuit « Au sommeil la nuit » , la guerre « les circonstances », la mort « Mourir » , le doute « La fenêtre fermée » ; les envolées lumineuses : la beauté du monde « Clair comme le jour » , « Les animaux du dedans », l'amour « L'attendue », »Dormante » . Ce recueil de 1953 porte la trace des convulsions de l'histoire qu'il a souvent cotoyées ,de ses amitiés (Eluard), de ses admirations (Omar Khayam,Jules Verne ).
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Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
PETIT MATIN

Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
Au sel de tes cheveux aux herbes de tes mains
Je te reconnaîtrai au profond des paupières
Je fermerai les yeux tu me prendras la main

Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
Sur les sentiers brûlants d'odeurs et de soleil
Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues
Et les seins ombragés des palmes du sommeil

Je laisserai alors s'envoler les oiseaux
Les oiseaux longs-courriers qui traversent les mers
Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
Les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair

Je t'attendrai en haut de la plus haute tour
Où pleurent nuit et jour les absents dans le vent
Quand les oiseaux fuiront je saurai que le jour
Est là marqué des pas de celle que j'attends

Complices du soleil je sens mon corps mûrir
De la patience aveugle et laiteuse des fruits
Ses froides mains de sel lentement refleurir
Dans le matin léger qui jaillit de la nuit
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LES BROUILLARDS D'AUTOMNE

Où serons-nous et quel soleil nous saluera se réveillant
quand le brouillard de ce matin d'automne aura replié
sa voilure d'eau grise
les sourdes dormantes nappes indécises et transies qui
laissent sommeiller la terre dormeuse
Où serons-nous au sortir du tocsin silencieux de la
brume et quel
paysage immergé renaîtra de cette fausse absence

Ecoute l'eau goutte Une voix (de quel enfant) Des
sabots qui traînent (d'où) Un rire suspendu
dans la route qu'on ne voit pas dans le matin laiteux
et qui respire à peine
Ah si je pouvais retrouver mon chemin dans les
brouillards d'octobre
est-ce toi est-ce l'enfant de ton enfance que je
rencontrerais
la petite fille de six ans qui portait son cartable en
allant à l'école

Est-ce lui le petit garçon tout taché de rousseur à la
pélerine déjà alourdie d'eau
qui apprenait à lire et à écrire dans le syllabaire
Regimbaud
est-ce moi cet autre d'autrefois qui joue avec toi à la
marelle entre Ciel et Enfer
Est-ce nous deux d'avant nous deux Est-ce nous deux
d'avant cette aurore percluse

Mais revient le soleil La brume va dormir dans ses
légers repaires
Il n'y a plus ici que deux grandes personnes
et même plus les pas sur la route incertaine
des deux enfants qui furent
autrefois
lors d'un très autre automne au-delà du brouillard et
des bois résignés et
de l'eau goutte à goutte qui nous rêve en sourdine

Ô brumes de l'automne Matins Ô pas perdus
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BESTIAIRE DES ETOILES

Légère ô ma légère enfant
mon petit nuage éveille toi
ô mes délices assoupies
ma douce amie mon endormie
éveille toi reviens ici
car tandis que tu n'y es pas
par la fenêtre du jardin
parmi les branches du tilleul
une étoile entre et vire et vole
pleine de familiarité
et vient se poser sur ta main
doucement sans te réveiller
puis caresse un peu tes cheveux
et s'en va comme elle est venue
par la fenêtre ouverte et claire
avec son pas d'enfant pieds-nus
sa lourdeur d'ange maladroit.

L'étoile appelle tout le ciel
qui nous effleure en bourdonnant
et les abeilles de la nuit
viennent timidement goûter
les fleurs distraites de ton corps
et sa tiède clarté de lait
fait plaisir à l'obscurité
Altair et Dénebola
se reposent sur ton cou
Bételgeuse et les Trois Rois
viennent boire dans ta main
Céléno Mériope Orion
Antarès et Procyon
sont blottis contre tes flancs
le Centaure et le Grand Chien
se sont couchés à tes pieds
si je te prends dans mes bras
j'embrasse le ciel entier

Mon doux oeillet tiède et serré
mon beau bouquet d'ombre et de chair
entre Mirab et le Navire
tu reposeras jusqu'au jour
quand le Grand Jardinier d'en haut
récoltera tous ses fruits mûrs
et rentrera tous ses troupeaux
et lâchera tous ses oiseaux
qui viendront goûter à leur tour
ce que les astres disparus
auront veillé toute la nuit
Le rossignol et le loriot
prendront la place des Gémeaux
mais quand tu ouvriras les yeux
tu sentiras contre ta joue
un petit reste de clarté
un peu plus salée que le jour
comme un souvenir de Persée.
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BESTIAIRE DU ROUGE-GORGE
QUI S'EST PERDU AU CIEL

Un rouge-gorge entre Andromède et Bételgeuse
pas étonné du tout d'être envolé si haut
un rouge-gorge avec sa voix claire et rieuse
un tout petit oiseau prend le ciel en défaut

Un oiseau chante-doux il suffit d'un oiseau
Le grand ciel monotone échappe à son désastre
à la nuit à l'ennui des milliards de zéros
qui ne sont plus assez pour dénombrer les astres

Il chante et la planète imagine une oreille
un bras un cheveu noir un peu de sang vivant
se réchauffe de l'herbe et du blond d'une abeille
d'un cheval d'un lézard d'un chat d'un brin de vent

Ce silence éternel l'empêche de dormir
que le ciel tapissier ne cesse de tisser
Une cloche et l'écho qui n'en veut plus finir
comment est-ce le bruit d'une cloche au clocher

Comment est-ce le pas d'une biche aux clairières
comment est-ce le chant du sang quand le coeur bat
L'étoile entend s'ouvrir une lourde barrière
qui grince au visiteur et le bruit de ses pas

Elle essaie de flairer le mot qu'on nomme amour
et ce que ça veut dire il fait un froid de loup
et qu'elle est la couleur que prend le mot toujours
quand on sait qu'on mourra comme on le fait chez
nous

Le chant vert d'un oiseau qui cherche son chemin
traverse l'épaisseur d'une étoile songeuse
qui se met à penser au destin des humains
soudain si triste entre Andromède et Bételgeuse.
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ENCORE UN JOUR

Encore un jour où je t'attends
où je m'accrois et me découvre
au gré de l'hôte intermittent
et des portes que ferme et ouvre
le temps en moi passant le temps
Encore un jour encore un ciel
vole un oiseau qui ne sait pas
l'aveugle absence et le noir miel
qui se mûrit dans notre en-bas

Encore un jour et son soleil
La mer se déchire à l'avant
mais à l'arrière l'écume veille
et recoud vite l'océan
Un jour perdu joie qui s'envole
et qui s'en va sans rien donner
Où est le nord sur ma boussole
Compte sur tes doigts les années
Il faudrait convenir d'un signe
pour s'appeler de vie à mort
un mot de passe entre les lignes
un fil lancé de bord à bord

Il faudrait le dire à voix basse
et tu serais entre mes bras
ma bien lointaine ma tant lasse
ma très absente et toujours là

Combien de temps nous faudra t-il
pour retrouver nos jours perdus
comme un parfum qui se faufile
si j'ouvre un livre déjà lu
Vent qui me joue vent décevant
partageront-nous notre mort
ainsi du lit et des draps blancs
où l'autre et l'un glisse un seul corps

A chaque jour suffit sa peine,
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Videos de Claude Roy (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Roy
CHAPITRES : 0:00 - Titre
M : 0:06 - MÉCHANCETÉ - Henry Becque 0:16 - MÉDECINE - Jean de Villemessant 0:28 - MÉDISANCE - Gabriel Hanotaux 0:39 - MÉNAGE - Claude Roy 0:51 - MODESTIE - Laurent de la Beaumelle 1:01 - MONDE - Comte de Oxenstiern 1:11 - MOQUERIE - Léon Brunschvicg 1:21 - MORT - Alphonse Rabbe 1:31 - MOT - Michel Balfour
N : 1:42 - NAISSANCE ET MORT - Alexandre Dumas 1:55 - NÉANT - Villiers de L'Isle-Adam
O : 2:07 - OISIVETÉ - Noctuel 2:21 - OPINION DES FEMMES - Suzanne Necker 2:41 - OPTIMISME - André Siegfried
P : 2:52 - PARAÎTRE - André Gide 3:02 - PARLER - Maurice Donnay 3:14 - PARLER SANS BUT - Oscar Comettant 3:26 - PAROLE - Pierre Dac 3:38 - PASSION - Comte de Saint-Simon 3:49 - PÈRE - Francis de Croisset 4:00 - PERFECTION DE LA FEMME - Alfred Daniel-Brunet 4:12 - PESSIMISME - Ernest Legouvé 4:24 - PEUPLE - Gustave le Bon 4:35 - PHILOSOPHIE - Georges Delaforest 4:49 - PLEURER - Malcolm de Chazal 4:57 - POSE - Jean Commerson
R : 5:16 - RAISON - Albert Samain 5:28 - RÉCEPTION - Fernand Vandérem 5:45 - RÉFLÉCHIR - Julien Benda
5:56 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Henry Becque : https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2017/02/Becque_Atelier_Nadar_btv1b53123929d.jpg Jean de Villemessant : https://www.abebooks.fr/photographies/Disdéri-Hippolyte-Villemessant-journaliste-patron-Figaro/30636144148/bd#&gid=1&pid=1 Gabriel Hanotaux : https://books.openedition.org/cths/1178 Claude Roy : https://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/french-journalist-and-writer-claude-roy-in-1949-news-photo/121508521?language=fr Laurent Angliviel de la Beaumelle : https://snl.no/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle Léon Brunschvicg : https://www.imec-archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P117BRN Alexandre Dumas : https://de.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas_der_Ältere#/media/Datei:Nadar_-_Alexander_Dumas_père_(1802-1870)_-_Google_Art_Project_2.jpg Villiers de L'Isle-Adam : https://lesmemorables.fr/wp-content/uploads/2020/01/2-Villiers-jeune.jpg Noctuel : https://prixnathankatz.com/2018/12/08/2008-benjamin-subac-dit-noctuel/ Suzanne Necker : https://www.artcurial.com/en/lot-etienne-aubry-versailles-1745-1781-portrait-de-suzanne-necker-nee-curchod-1737-1794-huile-sur#popin-active André Siegfried : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/09/31001-20160209ARTFIG00272-andre-siegfried-figure-tutelaire-de-la-geographie-electorale-contemporaine.php André Gide : https://www.ledevoir.com/lire/361780/gide-et-le-moi-ferment-du-monde Maurice Donnay : https://www.agefotostock.com/age/en/details-photo/portrait-of-charles-maurice-donnay-1859-1945-french-playwright-drawing-by-louis-remy-sabattier-from-l-illustration-no-3382-december-21-1907/DAE-BA056553 Oscar Comettant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Comettant#/media/Fichier:Oscar_Comettant-1900.jpg Pierre Dac : https://www.humanite.fr/politique/pierre-dac/presidentielle-1965-pierre-dac-une-candidature-moelle-732525 Saint-Simon : https://www.britannica.com/biography/Henri-de-Saint-Simon Francis Wiener de
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