Permis de séjour, 1977-1982

Je comprends très bien l'agacement de Ste Thérèse d'Avila
devant la moniale qui voyait Jésus lui apparaître
tous les jours.
Qu'on lui donne de la viande à tous les repas, ordonna
Thérèse.
Conduite avisée :
la nonne cessa d'embêter le couvent avec l'excès
thépatral de ses visitations quotidiennes. p 67

la conversation dans le patio au bord de la mer, fait
s'envoler, joyeuses, amicale, les idées et les
suggestions, le grand froissement d'ailes de
l'intelligence et de l'imagination.

oui, les écrits demeurent (et parfois pesamment)
mais les MOTS volent. p 50

Pour les Grecs, "ce qui nous aide dans l'amitié n'est pas tant l'aide que nous donnent les amis que notre confiance dans cette qaide."
Si être grec, c'est vivre sous un ciel bienveillant, la Grèce serait un folklore agréable,
Mais la Grèce propose à tous une sagesse à la portée de chacun.
Ici, les hommes ont regardé les hommes et se sont réjouis de les considérer.
les cigales de l'Attique ne chantent qu'en été, mais la pitié, l'amitié, la bienveillance et le respect sont de toutes les saisons. p 49

Ce peuple, extrêmement pauvre, habitué à se contenter de peu,
qui avait mis sa sobriété dans sa vie
et son opulence dans ses statues,
s'est constamment réjoui du plus grand des luxes,
celui des beaux rapports humains. (les Grecs) p 48

au-dessus de la plaine et du temps
l'alouette suspendue à un fil de Joie
chante
respiration du vent
cachée dans la clarté

je dis ton nom tout bas p 34

essayer de vivre les yeux ouverts, rêver de ne les fermer qu'à la dernière minute, c'est sûrement difficile, mais c'est bien intéressant. p 13

Noël 1982...

J'ai peu de souffle et peu de force et moins d'élan
Mais je ne me presse plus J'ai bien le temps d'attendre
Depuis qu'il se fait tard j'ai du temps devant moi

Je suis comme celui qui a fait sa journée
et réfléchit assis les mains à plat sur les genoux
aux choses qu'il veut faire et fera en leur temps

si la source du temps lui compte encore des jours

1982... Claude Roy vient d'apprendre qu'il a un cancer des poumons. Loleh, sa compagne :
- Si tu es vraiment malade, on ne fera plus que ce qui nous fait plaisir.
- C'est un bon programme. Peut-être difficile à tenir ?
- On essaiera.
- On essaiera de rire, ou de sourire. Ou de ne pas se lamenter.
- Oh, dit-elle, il ne faut pas non plus nous interdire de pleurer quelquefois ensemble un bon coup.
- Entendu, dis-je.

(en voyage en Pologne avec Georges Pérec, avril 1981)

Georges est allé aujourd'hui à 70 kilomètres de Varsovie, au village d'où sa famille était originaire. Nous l'avons laissé y aller seul. Je me souvenais de ce qu'il dit dans W ou le souvenir d'enfance quand il parle de ses parents qu'il n'a pas connus et se voit "ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leurs corps". Il revient tard, fourbu.
- Tu as trouvé quelque chose... des traces ?
- Rien, dit Georges, tout est effacé.

Aline avait treize ans, et moi j'en avais dix. Je savais déjà tout ce que j'ai cru apprendre (...) J'avais vécu déjà tout ce que j'allais mettre une vie entière à vivre. Un secret m'avait été chuchoté : qu'il n'y a pas d'amour qui ne nous prive de liberté, parce qu'aimer c'est être détenu. Mais que la seule liberté serait d'aimer.