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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans le cadre de sa thèse en médecine, Louisa est amenée à rencontrer Marthe Gautier.
Louisa est la fille de parents plutôt originaux, ils habitent illégalement des maisons à vendre, Nicolaï le père est un peintre faussaire, Elena la mère une soprano. Quand Louisa a 10 ans, sa mère est partie trois jours parce qu'ils ont ensemble décidé de ne pas garder ce foetus porteur d'un chromosome surnuméraire logé dans son ventre. Elena ne reviendra pas et Nicolaï va sombrer.
Marthe Gautier est une femme fleur, elle a quatre-vingt-douze ans. Après avoir entrepris des études de médecine, décidée à gravir un sommet qui n'est pas destiné à une fille d'agriculteurs, elle travaille dans un laboratoire sans aucun crédit de fonctionnement, c'est à ses frais avec un emprunt personnel qu'elle financera l'achat du matériel nécessaire à ses expériences. En 1958, elle isole l'anomalie surnuméraire de la trisomie 2, mais sa découverte sera attribuée à un professeur ambitieux. Marthe demeure celle qu'il convient de nommer la Découvreuse oubliée.
Louisa va s'attacher à rétablir la vérité, faire savoir que le chromosome surnuméraire a été découvert par une femme.
J'ai apprécié la qualité de l'écriture et la richesse des mots. Dans ce roman, Corinne Royer réussit à mêler fiction et réalité, si le personnage de Louisa est inventé, Marthe Gautier a bel et bien existé. Et ce livre a le mérite de la réhabiliter. Corinne Royer réunit d'une façon habile le destin de ces deux femmes, deux beaux portraits, deux caractères forts. Ce récit nous fait pénétrer aussi dans le monde obscur et parfois sans pitié de la recherche, et nous interroge sur la richesse de ces enfants qui ont beaucoup plus qu'un chromosome supplémentaire et qui ont énormément à nous apprendre.



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[Vendredi 19 novembre 2021 / Librairie –édition des Femmes, 35 rue Jacob. Paris]

Une des très, très belles découvertes de cette année 2021 : la rencontre de cette auteure, Corinne Royer, dont j'ai aimé le lyrisme, la poésie, l'âpreté du style, en accord avec des thématiques variées, éclectiques très denses… fortes, et interpellantes… Après avoir été aussi captivée que bouleversée par « Pleine terre » (Actes Sud, 2021), je suis tombée par hasard sur cet autre texte, venant de paraître en livre de poche, mis en valeur sur une des tables de présentation de la Librairie des Femmes, où je venais récupérer un autre ouvrage « réservé »…

Deux destins de femmes aux deux extrémités de l'échelle des âges : l'une, Louisa [personnage de fiction], à l'aube de sa carrière de médecin, la seconde, Marthe Gautier [Personne réelle], médecin et chercheuse, découvreuse » brillante, mais oubliée, spoliée d'une de ses découvertes : le chromosome 21 de la Trisomie…faussement attribuée à un autre chercheur, qui se l'est appropriée sans la moindre gêne…!!

Alors remercions abondamment la plume et les recherches de Corinne Royer pour réhabiliter cette « Découvreuse oubliée », et scientifique des plus brillantes, Marthe Gautier, qu'elle nous fait connaître en détails ; cette dernière, par le biais de la fiction, va aider une jeune doctorante, Louisa Gorki, pour sa thèse, en lien avec ses propres recherches et travaux. Ces deux femmes aux deux extrémités des âges de la vie, ont un grand nombre de points communs déterminants : des deuils fulgurants, des dépossessions, ruptures, aussi fracassantes, et cette passion de la médecine et de la Recherche… ainsi qu'une complicité tant intellectuelle qu'affective, qui vont leur apporter , à l'une comme à l'autre, un espace de liberté , de réconfort et reconstruction mutuels…

A cette alternance des récits de Louisa et Marthe, se greffent de nombreuses remises en question, réflexions, bilans des rôles humanitaires ou abusifs des médecins fidèles ou non au Serment d'Hippocrate , d'autres observations, analyses affinées sur la résilience, l'amour fou destructeur, la mort, les révoltes du corps après des chocs émotionnels, etc.!

« J'ignore si cela tient à ma longue fréquentation de l'espèce humaine et au discernement acerbe de mon grand âge, mais plus rien ne me surprend dans l'empressement que manifeste la majorité souveraine à étiqueter ceux qui n'entrent pas dans sa norme (...)
D'ailleurs les médecins ont souvent été les alliés compliants voire les subalternes zélés de ces grandes théories, le plus souvent raciales, qui ont alimenté eugénisme étatique, conflits et colonisations. (p. 211)”

Sans omettre évidemment, les difficultés et injustices faites si longtemps aux femmes dans certains domaines réservés aux seuls hommes…La parité ayant trop longtemps déserté ces domaines de la Recherche scientifique…

Toujours le même éblouissement quant au style très lyrique et puissant de Corinne Royer, nous faisant découvrir avec bonheur la figure courageuse et précurseuse de Marthe Gautier…

De cette autrice,une autre curiosité à satisfaire très vite ; une sorte de thriller avec : « Et leurs baisers au loin les suivent » (Actes Sud, 2016)

****Voir lien suivant, en complément d'informations, sans oublier à la fin du roman, les « Notes, sources et précisions » ajoutées qui finissent de nous éclairer sur le parcours incroyable de cette chercheuse- médecin extraordinaire :
https://www.franceculture.fr/sciences/marthe-gautier-decouvreuse-de-la-trisomie-21

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L'effet Matilda, vous connaissez ?

On doit cette expression à Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, qui a choisi le prénom d'une militante féministe du XIXème siècle, Matilda Joslyn Gage. Il s'agit de la dépossession dont sont parfois victimes les femmes scientifiques lorsque le bénéfice de leurs découvertes est attribué à leurs collègues masculins.

Dans Ce qui nous revient, Corinne Royer s'empare de l'effet Matilda comme ressort narratif principal puisqu'elle tisse son roman autour de la controverse liée à la découverte du chromosome surnuméraire de la trisomie 21, découverte française de la fin des années 50 dont le mérite a été attribué à Jérôme Lejeune et Raymond Turpin, reléguant à une part auxiliaire Marthe Gautier.

Corinne Royer dont je découvre la très belle plume avec ce roman tisse deux histoires, l'une réelle, autour de cette controverse scientifique donc et l'autre, fictionnelle où elle invente une famille fantasque et baroque avec un père, Nikolaï Gorki, slave à souhait, obnubilé par Cocteau et faussaire à ses heures, une mère, Elena Paredes, soprano, solaire, forcément fascinante et une petite fille, Louisa, à la curiosité scientifique débordante. La joyeuse tribu vit de maisons en maisons (souvent "de maître" tant qu'à faire...), avec un sens tout personnel de l'occupation, c'est-à-dire illégal mais respectueux voire poétique. Mais un jour, Elena qui devait s'absenter pour un récital de trois jours ne revient pas et Nikolaï est bien obligé d'expliquer à Luisa que sa mère est en réalité partie pour subir une IVG, décidée en couple, pour cause de chromosome surnuméraire.

Jusqu'à peu près la moitié du roman, j'ai eu l'impression qu'il me manquait un petit quelque chose pour que j'accroche vraiment. Il m'a semblé qu'on restait un peu à la périphérie des deux histoires. Il me tardait de connaître le ressenti psychologique d'Elena et celui de Marthe, de savoir ce que la cantatrice était devenue et de comprendre comment le crédit de sa découverte avait autant pu échapper à Marthe.
Les choses finissent par se mettre en place progressivement avec quelques improbabilités pour lier les deux histoires qui ne m'ont pas dérangée plus que ça (tout doit-il être probable dans un roman ?). le style est remarquable de maîtrise dans des registres divers, narratif, scientifique et même onirique. le vocabulaire assume sa rareté voire son érudition. Comme je viens de lire des livres "très écrits" (pour reprendre une expression de mon libraire), ce choix m'a parfaitement convenu.

Je ne voudrais pas dévoiler plus avant le roman mais soulignons aussi qu'il invite à découvrir avec un autre regard la trisomie 21, à la considérer comme quelque chose en plus et non quelque chose en moins et moi qui suis la tata d'un ado avec un chromosome un peu spécial, j'en ai été très très émue.

Lien : https://leschroniquesdepetit..
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Si le personnage de Louisa Gorki, jeune femme à la recherche de sa mère et doctorante en médecine, est parfaitement fictif, celui de Marthe Gautier, vieille dame nonagénaire, dont les recherches , dans les années 1950, ont abouti à la découverte de la trisomie 21, est réel. elle a actuellement 95 ans.
Louisa a vécu une enfance heureuse entre deux parents aimants, jusquà ce qu'elle atteigne l'âge de 10 ans. Sa mère a alors disparu.
On comprendra la raison de cet étrange départ, qui laisse Nicolaï Gorki, son compagnon, dans un désarroi absolu.
Une fois adulte, Louisa rencontre Marthe Gautier et apprend comment celle-ci a été écartée par un homme, qui s'est emparé de sa découverte.
Les deux femmes se rejoignent sur l'envie de comprendre, d'acquérir autonomie et indépendance.
L'écriture est belle, parfois trop, si cela est possible, l'histoire se dénoue avec force et passion. Un beau livre
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Brillant et original, nous partons avec l'auteure sur une escroquerie intellectuelle et scientifique véritable ; à savoir l'appropriation de la découverte du génome de la Trisomie 21 par le professeur Lejeune au détriment de Marthe Gautier et la rencontre de cette dernière de la jeune scientifique Louisa (la part fictive du roman) pour, dérouler le roman biographique de ces deux personnes. Plongée dans l'histoire familliale de Louisa avec un père fantasque, artiste peintre faussaire, une mère cantatrice qui s'en va un jour sans raison.... et de Marthe Gauthier.

Bien évidemment à l'issue de ce livre bien écrit le dénouement étonnant des différentes énigmes familliale de Louisa avec en révélateur cette fameuse trisomie 21. Absolument aucun pathos ni voyeurisme, de la belle histoire et de l'originalité. A lire vraiment.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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L'auteure juxtapose deux destins de femmes reliés par le chromosome surnuméraire. Louisa Gorki a 10 ans quand sa mère, soprano, enceinte, part trois jours pour un récital… Ce sera en réalité un aller sans retour. Louisa grandit aux côtés de son père Nicolaï, peintre faussaire, dépressif, et emprunte avec abnégation la longue voie de la médecine. Une rencontre instiguée par son professeur de génétique la mène à croiser son chemin avec celui de Marthe Gautier, alors âgée de 92 ans. L'une dépossédée de la légitime douceur de l'enfance, l'autre des résultats de sa découverte.

Pour la reconnaissance à Marthe Gautier et l'attachement que j'ai toujours porté aux personnes portant cette différence, j'ai ouvert ce roman avec enthousiasme et curiosité.
Toutefois, je n'ai pas été tout de suite emportée, car je trouvais que le style prenait tant de place sur la lecture que l'histoire n'avait pas de corps. le vocabulaire est recherché, l'écriture sophistiquée, deux valeurs importantes certes, mais qui accaparent beaucoup d'attention et prive le lecteur -enfin, la lectrice que je suis- d'ancrage suffisant.
Puis la rencontre de Louisa et de Marthe a parfaitement modifié ma perception au point de sans cesse reporter les pauses, envahie d'émotions et confondue devant ce semi-imaginaire qui laisse un peu de place au suspens, ceci n'étant pas l'essentiel.

J'ai retrouvé quelques similitudes avec l'opus de Corinne Royer paru en 2016 « Et leurs baisers au loin les suivent », notamment dans l'important travail d'écriture, l'analyse des comportements et des sentiments, les descriptions précises des lieux qui ancrent les événements. Enfin, dans les deux cas, la couverture en dévoile l'ambiance et invite à la lecture.

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Louisa a dix ans lorsque sa mère qu'elle adore part pour un récital de trois jours. Trois jours qui vont s'éterniser et la disparition s'imposer à la vie de la petite et de son père. le récital était en fait l'avortement programmé d'un foetus porteur de trisomie. Lorsque Louisa, étudiante en médecine, rencontre Marthe Gauthier celle qui a découvert la trisomie 21 avant d'être spoliée de son travail, sa route la ramène dans les pas de sa mère. Un roman qui mêle fiction et réalité avec des personnages féminin attachants, un père aimant mais dévasté par l'absence. Une chercheuse presque inconnue du grand public retrouve grâce à l'auteur un peu de notoriété.
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Histoire d'une dépossession, ce roman basé sur des faits historiques réels vaut sa lecture, même si la part d'invention ne m'a paru passionnante et un peu tirée par les cheveux.
On y voit "encore une fois" le super-ego des p'tits chefs médecins face à la puissance de travail et de découverte de leurs collègues femmes....
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