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3,47

sur 155 notes
Pour dresser ce portrait d'une famille allemande au cours du siècle dernier et jusqu'à nos jours, l'auteur prend le parti de créer un puzzle, dont les pièces constituées d'une tranche de vie de chacun des personnages sont savamment mélangées dans le temps. D'où l'utilité de l'arbre généalogique proposé avant de démarrer la lecture...Il est préférable de le lire isolément (ce que je n'ai pas fait, au risque de se retrouver un peu largué à la reprise

Le propos est intéressant à plus d'un titre : témoignage d'un mode de vie et de son évolution avec le temps et les régimes politiques, points de vue multiples s'éclairant mutuellement avec la progression de l'exposé, interactions entre les protagonistes qui met bien en valeur le poids de l'Histoire sur les destinées, ravages inéluctables des ans.

L'austérité de la vie en RDA avant la chute du mur, et la perte de repères qu'a occasionnée celle-ci n'exclut pas l'humour, auto-dérision et critique déguisée des absurdités de ce régime. La truculence des personnages clés ajoute au pittoresque de cette saga.

Un coup de chapeau pour le traducteur, qui jongle avec l'allemand, éventuellement parlé par des russes et inversement, le tout retranscrit en français avec une crédibilité parfaite.

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Ils sont communistes, par conviction, par choix ou parce qu'ils ne l'avaient pas, ces sept membres d'une même famille, moitié russe, moitié allemande. On les suit sur cinquante ans et quatre générations qui défilent et nous parlent de l'automne. L'automne : de la vie, des illusions, des souvenirs, des sentiments et des ressentiments. On y vit et on y pense au passé. Au Mexique d'abord, où les grands-parents communistes s'étaient exilés dans les années trente (on pense à Trotski qui n'en rentra pas). Eux sont rentrés en 52 car le Parti avait besoin d'eux pour reconstruire. En URSS ensuite, car les fils s'y étaient réfugiés après la prise du pouvoir par les nazis. L'un des deux en est revenu avec une épouse russe. Il ya peu de place pour l'avenir et les rêves. Difficile de rêver quand on vit en Allemagne de l'Est, celle qui est du mauvais côté du Rideau de Fer. Les rêves offerts par le Parti ressemblent à de pieux slogans un peu fanés et, même si on y croit, on sait bien que les lendemains ne chanteront que pour les générations qu'on ne verra jamais.
Ils ont lutté, ils ont survécu tant bien que mal à la guerre, à l'exil ou au camp, ils ont construit ce qu'on voulait qu'ils construisent, se sont aimés puis peu à peu éloignés. Peu de rêves, peu d'espoir, des vies étriquées formatées par la guerre, les pénuries et dirigées par le Parti.
Ca va mieux, beaucoup mieux que pendant la Grande guerre patriotique comme on l'appelle en Russie, mais, au fond, ça ne va pas fort dans cette Allemagne d'après-guerre quand on est à l'Est. On s'ennuie, on fait attention à tout. Ce qu'on dépense, ce qu'on dit et ce qu'on pense. On regarde l'Amérique, si loin et si près, car derrière le Mur, comme le dit un personnage, c'est déjà l'Amérique. Plus tard, le Mur tombé, vient le temps des bilans, des renoncements, des déchirures et des souvenirs qui reviennent à l'occasion d'un anniversaire, d'un mot, d'un objet, d'une histoire que racontait une grand-mère ou d'une odeur en cuisine.
« Il faisait très clair dehors quand elle leva les yeux, tellement clair que c'en était douloureux. Les bouleaux avaient un éclat jaune, l'automne serait chaud cette année, bon pour les récoltes se dit Nadejna Ivanovna. A Slava, on faisait en ce moment les pommes de terre, les premiers feux fumaient, les fanes de pomme de terre brûlaient, et quand les fanes de pomme de terre commençaient à brûler, c'était le signe qu'il était arrivé de façon inexorable : le temps où la lumière décline. »
Au-delà du bel hommage rendu aux cinq générations du vingtième siècle, perdues dans cette partie du monde, à travers ces destins individuels aux trajectoires aussi modestes que tragiques, c'est l'émotion qui domine. Les rapports intergénérationnels sont particulièrement réussis et finement décrits avec des personnages très consistants. On s'attache à eux, la grand-mère russe en particulier ou sa fille, et, en tournant les pages, les souvenirs affluent, les leurs bien sûr, mais aussi et surtout les nôtres, ceux de notre enfance, adolescence ou jeunesse et c'est ce qui fait le charme et la réussite de ce magnifique roman, puissant déclencheur de nostalgie.
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Roman familial assumé, précédé comme il se doit d'un arbre généalogique, ce roman parcourt en ordre dispersé trois pays et quatre générations, sans perdre un instant le lecteur au gré de l'apparition ou de l'absence de tel ou tel personnage. le portrait de famille s'élabore par touches successives, de 2001 à 1952, puis 1989, les relations entre les uns et les autres se découvrent, s'affinent, se répondent en alternant les points de vue : celui du fils, puis de la grand-mère paternelle, puis du père, de la grand-mère maternelle... le passage des grands évènements historiques du XXème siècle à Berlin Est est plus ou moins présent dans la narration, selon son retentissement sur l'histoire familiale. Pourtant la politique est une affaire d'importance dans la famille Umnitzer, et chacun reste envers et contre tout ferme dans ses convictions, même quand elles ne sont plus au goût du jour. L'auteur lève pudiquement et progressivement le voile sur les chagrins et les ressentiments qui entachent une harmonie familiale assez ténue, jusqu'au jour anniversaire du grand-père, en octobre 1989, où chacun aura l'occasion d'affronter ou de fuir les autres. Wilhem Powileit est en effet un membre politique éminent du régime, et la date de cet anniversaire, précédant de peu la fin dudit régime, permet de scruter l'évènement avec un intérêt particulier.
Certes, toutes les familles se ressemblent, et on peut le constater une fois de plus, tant on se sent tout de suite à l'aise dans celle-ci, mais les individus qui composent la famille Unmnitzer sont vraiment attachants, et j'ai été particulièrement touchée par les portraits des grands-parents, et par leur traversée de la deuxième moitié du siècle dernier. L'écriture pleine de force et de sensibilité leur donne une présence peu ordinaire. Ce premier roman est une réussite, et j'espère que la rentrée littéraire lui laissera toute sa place.
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Une intéressante saga familiale ayant pour cadre l'ancienne RDA. Mais pourquoi cette chronologie aléatoire, obligeant à se reporter régulièrement à l'arbre généalogique? Si le but était d'éviter la monotonie et de rendre encore plus chaotique la vie de cette famille, j'ai trouvé cela plutôt exaspérant. Dommage, car pour le reste les personnages sont attachants, le regard humoristique sur le contexte politique des anciens régimes communistes est vivifiant, et le texte, très proche des réalités quotidiennes et de la vie propre de chacun des membres de la famille, est très évocateur. le succès du livre en Allemagne n'est pas étonnant.
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L'ex RDA comme on ne l'avait encore jamais lue, et pour moi, le meilleur de la rentrée littéraire 2012 à ce jour !
Il y a d'abord Charlotte Umnitzer, intellectuelle communiste réfugiée au Mexique pendant le 3e Reich, qui décide de revenir en Allemagne en 1952 pour participer à la construction de la RDA et servir l'idéal communiste, accompagnée de son 2e mari, Wilhelm, hâbleur professionnel immédiatement mis sur une voie de garage, tandis que ses deux fils, Kurt et Werner sont déportés en Sibérie pour avoir critiqué le régime. Il y a Kurt qui revient seul du Goulag, après 20 ans passés en URSS, et accompagné de son épouse Irina. de retour de Sibérie, Irina s'échine à transformer leur maison en un cocon confortable alors que sa mère, Nadejda Ivanovna, également rapatriée de Sibérie en RDA, continue imperturbablement à fabriquer ses cornichons, que Kurt devient historien du mouvement ouvrier, et qu'Alexander, alias Sacha, leur fils, a du mal à trouver sa place dans cette famille marquée par l'histoire. Quant à Markus, le fils de Sacha, il se détachera très vite du mode vie est-allemand pour s'intéresser à l'OUEST
Il s'agit donc de l'histoire d'une famille sur quatre générations qui se retrouve en RDA au retour d'exil, Mexico pour les uns, l'URSS pour les autres, où ils commencent une nouvelle vie. Au-delà de la politique qui n'est évoquée que pour son impact sur leur vie familiale (plutôt important au demeurant !), il s'agit plutôt d'une mosaïque de perspectives et d'histoires fondées sur les points de vue des 7 principaux personnages, dans une chronologie éparpillée qui évite la monotonie d'une histoire linéaire. Une histoire pleine de faits, de douleur, d'idéologie, de drames, de ressentiment, d'humour aussi, mais exempte d'amour et d'affect, comme si le rouleau compresseur du totalitarisme avait anéanti les sentiments. Passionnant.
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J'ose à peine le dire, tant ce livre est porté aux nues… le roman d'Eugen Ruge, In Zeiten des abnehmenden Lichts, m'est tombé des mains.

Je m'étais pourtant empressée de me le procurer après qu'il ait obtenu le prix du Livre allemand : les critiques d'Outre-Rhin ne tarissaient pas d'éloge sur cette « saga de la RDA » et je me réjouissais de lire un premier roman allemand.

Je commence donc l'ouvrage avec appétit. La structure est prometteuse : chaque chapitre est écrit du point de vue singulier d'un personnage à un instant précis, le livre dévoilant ainsi les facettes multiples des hommes et des évènements. Dans ce triangle mouvant hommes-temps-Histoire, la vie quotidienne en RDA est dévoilée largement, des milieux de la recherche à la jeunesse embarquée contre son gré dans l'idéologie de ses pères, les liens avec les soviétiques, l'Ouest, les anciens exilés ou le passé nazi… le lecteur découvre les angoisses et les petits arrangements, la peur permanente et insidieuse, les générations qui se succèdent et ne se comprennent pas…

Voilà sans doute les deux raisons de ce succès incroyable Outre-Rhin : le sujet, la DDR, et la structure, cinématographique, qui fonctionne par flash-back et prises de vue différentes. Je le reconnais volontiers : ce sont les deux aspects les plus intéressants du livre – malheureusement les seuls, et insuffisamment exploités.

Il me manque la tonalité des voix, leurs logiques singulières. le travail d'écriture est minimal, ce livre est un scénario plus qu'un roman. le caléidoscope des personnages, leur évolution dans le temps, ne sont pas transcrits dans l'écriture, monotone, et un peu basique. Aucune fulgurance littéraire dans ce texte, et quelques « trucs » d'écrivain un peu faciles. Je ne suis pas accrochée, ni aux personnages, ni aux évènements, je cherche une tension, un univers intérieur, la musique unique de chaque protagoniste. Seule la mère d'Irina, étrangère, avec sa langue maladroite, me donne envie de la suivre.
Je m'agace de voir un matériau littéraire si riche érodé par une écriture si peu travaillée, si peu imaginative. Je pense à ce qu'un auteur plus talentueux, ou plus consciencieux, aurait pu faire de cette structure et de ces personnages, et la déception ne cesse de croître.

Je m'arrête donc à la page 252 et m'excuse auprès de l'auteur si, par un hasard malheureux, les 173 pages restantes sont habitées de ce souffle littéraire qui m'a manqué jusqu'ici.
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Quand la lumière décline c'est la fin de la récolte des pommes de terre à Slava en Russie mais c'est aussi la fin d'un cycle celui d'une famille de l'ex. RDA (République Démocratique Allemande). Dans ce pays de l'ex URSS Eugen Ruge décrit la vie, sur 3 générations, d'une famille russo-allemande. Ce roman choral , qui serait un peu autobiographique, laisse la parole à chacun des personnages dont l'histoire s'imbrique dans celle des autres à la façon d'un puzzle non chronologique. C'est Alexander le fils, personnage principal, double de l'auteur, qui entre en scène le premier, nous sommes en 2001. Il va voir son père Kurt déjà vieillard et impotent et lui annonce, malgré le fait qu'il ne comprenne plus rien, qu'il va partir ; c'est le début et la fin du roman. C'est, ensuite, Charlotte la grand-mère qui apparaît dans son exil mexicain, nous sommes en 1952 et bientôt elle pourra retourner en Allemagne. Les années 60, 70, 80, 90 se raconteront au travers d' Irina la mère russe alcoolique, de Kurt le père, de Nadejda la grand-mère venue de Slava, de Wilhem le mari de Charlotte grand-père d'Alexander et héros du communisme et enfin de Markus le petit fils pour qui ces représentants d'une autre époque ressemblent à un groupe de sauriens rescapés. A travers l'intimité de cette famille mi-ordinaire, mi-extraordinaire on découvre autant l'histoire de l'Allemagne de l'Est que celle d'un groupe d'hommes et de femmes confrontés à la fuite du temps, aux deuils, aux mensonges, à la vieillesse. On voit se déliter cette famille militante qui subira le communisme autant qu'elle participera à sa construction. On roule en traban, on suit la ligne du parti et on ne parle pas de son fils mort à cause du stalinisme. Tout cela avec beaucoup d'humour même si l'ensemble reste teintée de mélancolie. Un livre qui a obtenu l'équivalent du Goncourt en France et qui est le premier roman (réussi) d'Eugen Ruge.
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Dans la famille Umnitzer, il y a la grand-mère communiste et son second mari, exilés au Mexique et rentrant en Allemagne à la fin de la seconde guerre mondiale. Il y a le petit-fils partant sur leur trace quand on lui annonce un cancer incurable. Il y a le père et ses travaux, la mère et son penchant malheureux pour l'alcool, l'autre grand-mère importée de Russie. Il y a tout ceux-là et leurs proches, les époques se mélangent et ils se croisent sans se comprendre ni réellement se connaître, chaque point de vue montrant finalement à quel point ils sont seuls avec eux-même.
Il y a dans cette saga familiale à travers les décennies une certaine tendresse pour les personnages, une touche d'auto-dérision, mais aussi une critique du régime est-allemand,le tout formant un livre agréable mais pas parfait non plus. A part une ou deux révélations qui tombent réellement de façon surprenante, cette façon de découper les époques ne m'a pas paru forcément indispensable et le style n'est pas toujours très égal.
Cependant, c'est tout de même un roman appréciable, qui nous offre une plongée intéressante dans l'histoire de l'Allemagne depuis la guerre, et qui m'a retenu jusqu'à la dernière page.
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Epais roman qui retrace le passage de la RDA à l'Allemagne actuelle à travers trois générations d'une même famille : poids du Parti, relations entre RDA et le grand frère russe, entre les pays "frères", mariage, séparation, relations parents-enfants difficiles; certains passages sont intéressants, d'autres ennuyeux. On voit certaines scènes selon l'angle des différents protagonistes, procédé littéraire intéressant mais je n'ai pas pu m'attacher aux personnages. le livre reste néanmoins très instructif pour connaître cette partie de l'Europe et de l'Histoire contemporaine.
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J'ai beaucoup aimé l'écriture de ce roman et et la manière dont l'auteur nous ramène dans des espaces-temps différents selon les points de vue des membres d'une même famille qui, à travers leur parcours personnel, se heurtent les uns les autres, toutes générations confondues. Tout cela sur fond d'Histoire : la création de l'Allemagne de l'Est après la 2e Guerre mondiale, la chute du mur de Berlin, la réunification de l'Allemagne, l'amour-haine entretenu avec l'Union Soviétique ainsi que le démantèlement de cet empire.

« Une lecture qui a fait tomber la pipe de Günter Grass. Remarquable ! » (Frankfurter Allgemeine Zeitung)
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