Selon son éditeur,
Anatomie de l'amant de ma femme est « un livre réjouissant avec hauts, débats et quelques ébats». Je rajouterai quelques bas.
Un titre pour le moins accrocheur mais les fringues ne font pas les curés et derrière ce coquin emballage, mon anatomie de lecteur, en toute modestie, est restée trop souvent de marbre.
Pourtant, au-delà de son intitulé qui me rappelle celui de l'académicien
Dany Laferrière «
comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer », l'ouvrage a reçu l'année dernière le Prix de flore. Je lui aurai plutôt attribué le prix de la faune des beaux quartiers.
Il ne suffit pas d'être un grand lecteur pour devenir un grand écrivain. C'est la découverte du héros de ce roman, un architecte qui ne veut plus bétonner l'espace et préfère tirer des plans sur la comète. Il abandonne sa carrière pour écrire un roman dont le sujet est un nazi pétomane. Seul souci, l'inspiration ne vient pas et à la recherche d'idées perdues, il décide de profaner le journal intime de son épouse, elle-même romancière. Il n'est pas trop étouffé par les scrupules, la conscience en vacances.
Dans un des cahiers, il découvre une référence à un certain Léon, amant vigoureux qui aurait permis à son épouse d'atteindre le septième ciel sans escale.
Obsédé par l'étalon, l'écrivain va tenter de découvrir son identité, y compris en couchant avec la meilleure amie de sa femme. Une trame de vaudeville qui aurait pu tourner à la gaudriole mais l'auteur construit plutôt un journal de bord léger sur l'influence de la sexualité sur la création littéraire.
Pour la défense de son propos, il appelle à la barre
Proust, Kafka, Melville,
Kundera,Tolstoï. Au banc des accusés, Emma Bovary et Anna Karenine. Ces nombreuses références littéraires enrichissent l'histoire sans l'alourdir.
Afin d'approfondir le sujet, si j'ose dire, l'écrivain à la libido émoustillée va passer aux travaux pratiques et fréquenter de façon assidue des sites pornographiques dont il découvre l'offre illimitée de catégories, parcourues comme un menu de restaurant.
J'ai trouvé ces nombreux passages beaucoup moins convaincants car les « crudités » sonnent faux comme si l'auteur s'était forcé à utiliser un langage qui n'est pas le sien. Il faut appeler les choses par leur nom mais elles sont exposées ici avec un recul d'universitaire rougissant qui cherche à s'encanailler.
Un livre dont je n'oublierai pas le titre mais qui ne marquera pas mon ADN de lecteur. Un rendez-vous, non plutôt un cinq à sept un peu manqué.