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Critique de Lamifranz


"Le jour le plus long", dans la mémoire collective, c'est d'abord un film de 1962, un des plus coûteux de tous les temps, ayant mobilisé des dizaines d'acteurs de premier plan américains, anglais, allemands, canadiens et français, des centaines de figurants, des décors, des effets spéciaux, des reconstitutions de bataille comme on en n'avait jamais vu auparavant. le film retrace de façon chronologique toutes les phases du débarquement depuis la préparation la veille (5 juin 1944) jusqu'au soir du jour J (6 juin 1944). le scénario du film est directement inspiré d'un livre de Cornélius Ryan, paru en 1959, intitulé également "Le jour le plus long". Ce titre viendrait d'une citation du feld-maréchal Rommel à son aide de camp, trois mois avant le débarquement : " Croyez-moi, Lang, les premières vingt-quatre heures de l'invasion seront décisives... Pour les Alliés, comme pour l'Allemagne, ce sera le jour le plus long."
Cornelius Ryan (1920-1974) est un journaliste irlando-américain. le travail de recherche qu'il a effectué est donc un travail d'investigation journalistique, et non pas un travail d'historien, cette remarque est importante, car elle peut expliquer quelques approximations, voire quelques entorses à la vérité historique, qui n'entament en rien le sérieux de l'entreprise, ni l'honnêteté du projet. Cette enquête, pendant neuf ans, lui fera sillonner l'Europe, questionner une cinquantaine de correspondants de guerre et plus d'un millier de survivants du jour J. Pour ce faire, il bénéficiera de l'aide (intéressée) du Reader's Digest, contre une exclusivité de publication (c'est de bonne guerre, si je peux dire).
De cette masse énorme de documentation, Cornelius Ryan tire un ouvrage stupéfiant de vie et de réalisme. Il n'a pas besoin de rajouter du pathétique aux témoignages édifiants qu'il recueille, tous camps confondus. le découpage chronologique qu'il adopte, enchaînant une série ininterrompue de "tranches de vie", est déjà cinématographique, les scénaristes d'Hollywood auront à fignoler le détail, mais le canevas du film est déjà tout trouvé.
Le fait que Ryan soit journaliste et non pas historien lui permet d'avoir une approche "au plus près" des participants (civils et militaires), et de nous faire partager leur émotion. le livre d'ailleurs donne une place prépondérante aux sentiments des combattants, la peur, le sang, les blessures et la mort, la camaraderie... ce que le film, dans sa dimension épique et, c'est le cas de le dire, hollywoodienne, n'a pas voulu montrer de façon aussi réaliste.
Dans la somme de témoignages et d'études sur la Seconde Guerre Mondiale, "Le jour le plus long" fait partie des incontournables. Son succès n'a jamais été mis en cause et le livre est constamment réédité.
Signalons que l'auteur a écrit deux autres monuments sur le même modèle : "La dernière bataille : la chute de Berlin" (1966) qui relate les derniers jours de la capitale du Reich en mai 1945, et "Un pont trop loin" (1974) sur l'opération Market Garden aux Pays-Bas (région d'Arnhem), à l'automne 1944.
A mettre en bonne place dans votre bibliothèque si vous êtes amateur (amatrice) d'Histoire, et plus encore de celle de la Seconde Guerre Mondiale.
Et même si vous n'êtes pas ce type de lecteur, vous trouverez je pense, j'espère, je suis sûr, un intérêt certain à lire ce livre, ne serait-ce que pour le côté humain qu'il développe...
Enfin les plus férus en Histoire, les plus ferrés sur le reportage journalistique se réfèreront sans faire de manières vers ces autres auteurs qui appliquent une méthode similaire : Dominique Lapierre et Larry CollinsParis brûle-t-il », sur la libération de Paris, « Ou tu porteras mon deuil » sur la vie d'El Cordobès et la Guerre d'Espagne, « O Jérusalem » sur la naissance d'Israël, et « Cette nuit la liberté » sur Gandhi et la naissance de l'Inde moderne.) Plus deux chefs-d'oeuvre individuels : pour le premier « La cité de la joie », un reportage bouleversant sur les bidonvilles de Calcutta, pour le second « Fortitude », un roman sur fond historique, (le leurre concernant l'endroit exact du débarquement), à lire, pourquoi pas, en complément du « Jour le plus long » …
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