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3,72

sur 58 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est présenté par l'éditeur comme la première enquête de l'inspecteur Korolev. Il est toujours intéressant d'assister à la "naissance" d'un héros récurrent. Enfin, moi, j'aime bien. Et puis, il est assez sympathique ce flic russe. Une quarantaine d'années, vétéran de la guerre 14/18, ancien joueur de football, divorcé et père d'un petit Youri qu'il ne voit plus guère, voilà pour le profil. Il est empêtré dans une histoire difficile et gêné aux entournures par le NKVD et l'angoisse qui règne à Moscou en cette année 1936. En effet, à cette époque, tout le monde espionne tout le monde. Les dénonciations d'un voisin pour récupérer un appartement plus grand, par exemple, ou simplement parce que ce voisin n'a pas une tête très communiste sont légion. Ci-après, une blague de l'époque qui a valu à son auteur, flic, ex-collègue de Korolev, d'être dénoncé et déporté : "C'est un mouton qui tente de franchir la frontière avec la Finlande. "Pourquoi tu veux fuir en Finlande ? lui demande le douanier. - A cause du NKVD, répond le mouton. le camarade Staline a ordonné que tous les éléphants soient arrêtés. - Mais tu n'es pas un éléphant, dit le douanier. - Oui, je sais, répond le mouton, mais essayez d'expliquer ça aux tchékistes [les hommes du NKVD.]" (p89)

Cette fois encore, le contexte de ce roman policier est suffisamment dense pour attirer le lecteur et le garder. La peur est omniprésente, l'effroi d'être dénoncé pour rien ajoute du suspense au récit. Même au plus haut du sommet, la lutte existe pour le pouvoir, mais personne n'est sûr de rester au poste qu'il occupe très longtemps. Staline décide, Staline fait et/ou défait les carrières et mêmes les vies. Dès lors, il est donc à peine utile de vous préciser que Korolev se doit d'avancer à pas feutrés, sans faire de bruit ni de vagues. L'enquête prend donc du temps et pour tenter d'en perdre le moins possible, il doit s'allier à la fois à un colonel du NKVD et au chef des Voleurs.

Contrairement à beaucoup d'autres polars, le récit est assez linéaire : il n'y a que trois chapitres disséminés dans le livre dans lesquels le tueur s'exprime, en aparté, tout le reste est consacré à l'enquête proprement dite et à Korolev quasiment présent de bout en bout. C'est plutôt pas mal de quitter un peu le modèle dominant du moment dans lequel le tueur intervient très souvent, en parallèle de l'enquêteur.

Pour conclure, pas mal du tout cet inspecteur Korolev. Convaincant, évoluant dans un cadre fort et peut-être une petite histoire d'amour qui s'annonce ?
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En revenant de son rendez-vous avec le colonel Grégorine du NKVD, le capitaine Alexis Dmitrievitch Korolev du service des enquêtes criminelles de la milice de Moscou se demande pour combien de temps encore son service restera indépendant. Il faut dire qu'à Moscou en 1936, les choses changent, bougent et les hommes passent au gré des dénonciations plus ou moins fantaisistes. Et le Parti a tout fait pour ériger la diffamation au rang de sport national. Les camarades citoyens s'en donnent à coeur joie, en accusant à tour de bras sur des détails sans intérêt, pour obtenir le moindre avantage sur les autres. Une vraie surenchère de la délation ! La crainte du capitaine Korolev est de devoir travailler pour le NKVD, la redoutable et crainte police politique du système, dont personne n'ose même prononcer les quatre lettres de peur de se retrouver à la Loubianka – le quartier général – à devoir rendre des comptes. En attendant d'être très certainement absorbé par le NKVD et détesté par l'ensemble des citoyens soviétiques, Korolev continue son travail. Sa spécialité : les enquêtes criminelles délicates. Et pour celle de la rue Ravine, il va être servi.

Les seuls indices probants : les dents d'une blancheur exceptionnelle et la qualité des vêtements que l'on ne trouvait pas encore en URSS, surtout en 1936 avec le plan quinquennal qui s'engageait plutôt mal. Tout laisse à penser que la victime est certainement une étrangère. C'est léger pour un début d'instruction. C'est infime et c'est déjà trop, car voilà que les tchékistes vont reprendre l'affaire à leur compte. Qu'est-ce qui peut bien intéresser la Tcheka dans un crime aussi sordide, probablement perpétré par un tueur psychopathe ? Pour Korolev, il n'y a rien dans cette histoire qui soit du ressort de la police politique. Hormis la nationalité de la victime, Américaine. Et encore ! Mais ce qui inquiète particulièrement le capitaine Korolev, c'est que le NKVD veut faire une enquête parallèle à la sienne. Il leur servira de paravent, d'alibi parfait pour la population qui déteste les tchekistes.

En 1936 à Moscou, l'ennemi n'est pas seulement le capitalisme. le ver est aussi dans le fruit du socialisme soviétique, et il faut absolument l'en extraire. le NKVD est son remède radical. Malheur à ceux qui ne le comprendraient pas très vite.

« le royaume des Voleurs » de William Ryan où la technique des Poupées russes ! L'auteur commence par une banale investigation autour d'un crime barbare commis par ce qui pourrait être un tueur dément qui sévit à Moscou, pour aboutir – au final – par une plongée au coeur du système politique soviétique au milieu des années 1930. Ces années 1930 en URSS sont synonymes de bouleversements politiques, économiques et sociaux. On est à l'aube des grandes purges orchestrées par un Parti tout-puissant pour graver l'hégémonie stalinienne dans les décennies à venir. Procès truqués contre de soi-disant complots, épuration d'intellectuels par un Staline au sommet de son pouvoir, sont dans l'air du temps.

Et le « Royaume des Voleurs » est empreint de cette atmosphère délétère, malsaine, corruptrice, glauque, où chacun surveille l'autre pour s'accaparer le peu qu'il dispose encore. A tort ou à raison, tout le monde est suspect, soupçonné de trahison envers la cause, parce que tout le monde peut devenir l'ennemi du Peuple, donc du système et par-là même du Régime en place. Ainsi, le capitaine Korolev l'a très bien compris, qui se tient en retrait de cette hystérie collective qui semble gagner toute la population. Ancien de l'armée du Tsar, révolutionnaire en 1917, il n'oublie pas qu'il aurait pu devenir prêtre orthodoxe sans l'arrivée de Lénine au pouvoir. Et c'est cette ambivalence qui le rend sympathique au lecteur. Korolev a revêtu l'uniforme de la milice comme un sacerdoce, par morale chrétienne, pour sauver la société de ses maux, et a fait sienne la cause du Parti et de la Révolution socialiste, jusqu'à un certain niveau de tolérance. Lorsque celle-ci est atteinte, au lieu de devenir un dangereux réactionnaire, il s'en remet à Dieu et à saintes icônes. Moindre mal !

Dans le « Royaume des Voleurs », c'est la société russe des années 1930 qui est mise à nue, entre terreur des dénonciations et rigueur extrême des plans quinquennaux qui se suivent et affament tout le monde. Malgré les espoirs mis dans la Révolution de 1917, rien n'a changé parce que tout a été bouleversé. Les strates sociales sont toujours prégnantes, même si les leaders communistes ont remplacé l'aristocratie russe. Et le NKVD s'est substitué à l'Okhrana, la redoutable police secrète du Tsar. Il y est question d'icône miraculeuse et protectrice, de réseaux mafieux, d'intérêts politique et personnel, de faux coupables et de vraies crapules. William Ryan a réussi le pari de mélanger subtilement grande histoire de l'ex-URSS dans les années 1930 et enquête policière, personnages officiels et fictifs pour le plaisir du lecteur. Au final, cela donne une ambiance proche et réaliste du quotidien de l'époque dans un pays peu appréhendé sous cet angle. Au détour de quelques pages, il arrive même au lecteur de croiser un certain Isaac Babel presque plus vrai que nature !
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Pour son premier roman, William Ryan nous emmène au coeur d'une enquête très lourde planant presque sur les épaules d'un seul homme : l'inspecteur Alexeï Dmitrievitch Korolev. C'est une enquête qui se glisse doucement dans le décor d'une Russie stalinienne et méfiante, un décor brute dans lequel la Milice et le NKVD exercent parallèlement. 1936, Moscou, une jeune femme étrangère est retrouvée morte dans une église désaffectée. Torturée, mutilée, il n'y a pas de doute possible : c'est un épouvantable meurtre. Alors pourquoi le NKVD, police secrète de l'Intérieur, ne reprend-il pas l'enquête ? le capitaine Korolev, bon milicien du service des enquêtes criminelles, est surpris. Mais ne le montre pas. Ne rien laisser paraître est devenu le maître mot dans cet enfer stalinien où la neige dissimule autant qu'elle révèle. Pour Korolev, cette enquête qui le mènera sur les pistes dangereuses de secrets d'Etat mêlant les services étrangers, la Tchéka et le trafic d'oeuvres d'art est un terrain miné qui peut lui coûter sa carrière et surtout sa vie.

[...]
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1936, en Russie un cadavre mutilé d'une jeune femme est retrouvé sur l'autel d'une église. L'inspecteur Korolev est chargé d'enquêter sur cette sale d'affaire. Sale affaire car la victime est une citoyenne américaine, car le NKVD ( organisation redoutée et redoutable) s'en mêle et parce que nous somme en Russie durant le début des purges staliniennes. Alors que chacun de ses gestes et de ses paroles sont surveillés et qu'il risque a tout moment sa vie, Korolev veut découvrir ce qui se cache sous ses différents meurtres. Une enquête a haut risque où l'on se demande qui sont les vrais criminels dans cette Russie d'avant guerre.

Voila un polar qui sort enfin des sentiers (re) battus. Quelle bonne idée de nous avoir projeté dans cette Russie de Staline où prédomine la peur, la faim et l'incertitude. L'auteur nous gratifie d'une galerie de personnages passionnants et pour certains réfrigérants. Il reconstitue avec brio cette Russie où la peur est le lot quotidien, où l'on peut se faire embarquer et disparaître pour toujours pour des motifs les plus futiles. A chaque page la tension est palpable, celle due aux meurtres mais aussi celle due a la dimension politique car le contexte historique choisi rend les choses encore plus difficile pour notre enquêteur Korolev. On n'a pas le temps de s'ennuyer un seul instant avec ce roman, tout cela va a cent a l'heure. On finit sur les rotules mais avec l'envie de connaître la suite des aventures de l'inspecteur Korolev.

En résumé, un polar efficace, instructif et haletant. Ma note 8/10.

Un grand merci a Guillaume de Babelio pour m'avoir proposé ce livre dans le cadre d'une édition spéciale de masse critique et aux éditions des 2 terres.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Moscou hiver 36, l'inspecteur Korolev, en pleine terreur stalinienne, enquête sur le meurtre d'une jeune américaine. En cette période de purge, il va devoir jouer au plus fin entre la pègre et le NKVD au péril de sa vie.
Au-delà de l'enquête, la vie ou la survie quotidienne sous terreur stalinienne sont remarquablement décrites. L'angoisse est au coin de chaque page et le suspens demeure entier jusqu'à la fin.
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Moscou, hiver 1936. On retrouve le corps d'une jeune femme dans une église désaffectée qui sert maintenant de club à la section locale des komsomols (les jeunesses communistes). le capitaine Alexeï Dmitrievitch Korolev, du service des enquêtes criminelles de la milice de Moscou, est chargé de l'enquête. Dès le départ il est informé par le colonel Gregorine du NKVD (la police politique) que cette affaire intéresse aussi ses services. La victime -qui a été torturée à mort de façon particulièrement horrible- serait une Américaine. le meurtre serait lié à la vente d'objets d'arts par le gouvernement soviétique pour financer la révolution. Des membres de l'Eglise orthodoxe en exil sont très désireux de mettre la main sur une certaine icône précieuse.

Je retrouve avec plaisir le capitaine Korolev dans cette première enquête (j'avais lu le deuxième épisode précédemment) passionnante qui nous le situe dans son cadre de vie quotidien, ses relations avec ses collègues et ses interrogations : "Le fait de prier un Dieu dont le Parti affirmait qu'il n'existait pas le troubla un instant, comme tous les matins. Mais parfois, rétrospectivement, il était évident que le Parti se trompait. La preuve : regardez comme il avait nourri en son sein cette vipère de Trotski pendant des années. Peut-être découvrirait-on qu'il avait eu tort au sujet de Dieu également. Et même si ce n'était pas le cas, ça ne pouvait pas faire de mal de rester prudent en attendant."

J'apprécie beaucoup cette série qui me met dans l'ambiance de la vie en URSS au moment où débute un train de grandes purges.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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la Crim' moscovite de la fin des années 30. entre les difficultés à résoudre une enquête et de survivre aux débuts des purges staliniennes un perso,Korolev,très attachant qui commence à ouvrir les yeux sur la réalité de son pays. une ambiance et un environnement très bien rendus,si vous avez aimé les romans de Sam Eastland ou de Tom Rob Smith ceux de William Ryan sont fait pour vous.
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Extrait :
Belle réussite pour ce livre de l'auteur irlandais William Ryan, avec une plongée en apnée dans le Moscou des années 30, en compagnie d'un héros, l'inspecteur Korolev, dont la personnalité complexe et le passé douloureux apparaîtront au fil de la lecture, dévoilées avec beaucoup d'intelligence.
La couverture du livre dit : "Une enquête de l'inspecteur Korolev" : ce qui laisse à penser qu'il y en aura d'autres. Tant mieux.
William Ryan - le royaume des voleurs - Les deux terres - traduit de l'anglais par Jean Esch
> Lire l'intégralité de la chronique sur le Blog du polar
Lien : http://leblogdupolar.blogspo..
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Le corps d'une jeune femme est retrouvé dans une ancienne église en Russie. La jeune femme a été torturée et a priori il s'agit d'un nouveau meurtre parmi tant d'autres... Jusqu'à ce que surgisse un nouveau corps, un homme, torturé de la même façon... le colonel Gregorine du NKVD s'intéresse alors à l'enquête de très près, et donne à l'inspecteur Korolev les autorisations nécessaires au fil de ses recherches qui finiront par révéler des traitres.
L'intrigue est menée de main de maître du début à la fin. L'introduction, qui n'est autre que le récit de la mort de la nonne vue par son bourreau, nous accroche immédiatement et le reste du livre ne nous lâche plus une seule seconde ! J'avoue avoir eu du mal avec certaines appellations n'étant pas une férue d'histoire. Heureusement que j'avais un connaisseur à proximité pour m'expliquer. Et oui, le contexte politique de l'époque participe énormément à l'atmosphère générale de peur de ce livre.
N'oublions pas les personnages bien évidemment, plus particulièrement l'inspecteur Korolev que l'on suit de chapitre en chapitre hormis quelques brefs passages où l'on entre directement dans les pensées de l'assassin. Korolev arrive ici avec son expérience dans la police et surtout celle de la guerre. Il paraît assez bourru de premier abord, mais des détails me font penser que si on gratte un peu la surface, il est aussi un grand tendre à ses heures perdues (à suivre dans les prochains livres peut-être). Espoir également dans ces prochains livres d'en découvrir plus sur les autres personnages : Babel et Valentina Nikolaevna notamment... Ceci dit, sur ce livre, il y avait déjà tant à découvrir, entre le personnage de Korolev, le contexte de l'époque, l'intrigue en elle-même, que ça aurait peut-être été un peu indigeste !
Lien : http://labulleasylla.blogspo..
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Polar intéressant qui décrit bien les efforts consentis par le peuple pour la réussite des plans quinquennaux sous Staline... Privations, paranoïa généralisée... Au milieu de cela l'inspecteur KOROLEV doit enquêter sur une affaire sensible de meurtre d'une nonne américaine... Il aura besoin de beaucoup de détermination et de tact pour mener son enquête en terrain miné. Bon roman policier qui a le mérite de nous décrire la société russe sous Staline.
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