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4,12

sur 196 notes
Au travail, Albane est une infirmière modèle mais distante avec ses collègues, elle n'est pas du genre à raconter sa vie et ne laisse rien transparaître de ses émotions. Une fois chez elle, elle s'occupe mécaniquement de ses deux enfants jusqu'au retour de son mari. Un quotidien qu'elle gère donc au carré en n'y prenant aucun plaisir. Elle n'arrive même pas à s'attendrir devant ses deux enfants, et spécialement devant sa fille pour laquelle elle développe un sentiment de rejet au point de la mettre en danger. Son mari la met devant le fait accompli et lui demande se faire aider. Albane pousse alors les portes du cabinet de psychiatrie sans conviction sur ce qu'elle pourra y découvrir et pourtant...

Dès les premières pages, mon sang s'est figé face à cette mère froide, distante et insensible qu'on pourrait qualifier de sans coeur. Comment peut-on rejeter son enfant au point de ne plus avoir aucune empathie à son égard ? Si au départ j'ai jugé et condamné, une fois terminé ce livre j'ai compris et compatis...

Le personnage du père est très intéressant et particulièrement touchant. Complètement démuni face au comportement de sa femme, il va essayer de l'accompagner au mieux pour qu'elle prenne conscience de cette situation qui ne peut plus durer. Pour le satisfaire, Albane n'aura d'autre choix que d'entamer une thérapie qui petit à petit la confrontera à sa propre enfance.

Certaines scènes sont d'une dureté incroyable, nos sentiments se mélangent au fil des pages. Nous évoluons dans une ambiance oppressante, malsaine, nous mettant parfois mal à l'aise. La construction du roman participe à ce climat anxiogène puisque l'on commence par la fin pour ensuite dérouler le cours des évènements précédents.

C'est un roman psychologique glaçant, percutant qui nous interroge et nous boulverse. Une chose est sûre il me restera longtemps en mémoire!
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Albane est une infirmière parfaite. Mais derrière cet adjectif se cache souvent un grand mystère. C'est parce qu'elle est solitaire, parce qu'elle est efficace, parce qu'on ne sait rien d'elle, que ses collègues ont d'elle une image modèle. Albane est lisse, froide, autoritaire. Quand elle rentre de l'hôpital, c'est avec le même détachement qu'elle s'occupe de ses 2 enfants. Elle ne s'encombre pas de gestes tendres, ne prend aucun plaisir aux moments en famille. Chacun se fait une raison, jusqu'au jour où Albane ne peut réprimer un sentiment étrange, qui gronde au fond de son ventre…

J'ai eu besoin d'une nuit pour mettre des mots sur ce premier roman, qui m'a fait l'effet d'une bombe.
La tension est palpable tout au long de l'histoire. Comme pour Albane, on sent monter au fond de nous quelque chose d'étrange, de troublant, de dérangeant.

Ce sentiment s'ajoute à notre incompréhension. Albane est une femme si hermétique qu'on a beaucoup de mal à ne pas la rejeter. Comme elle, on reste insensible à tout ce qu'elle représente. Son aura est grise, floue, glaçante même…
A l'inverse, on se prend d'affection soudaine pour Emma, cette petite fille pleine de vie, qui cherche le regard de sa maman, un geste tendre, une reconnaissance…

Ce roman est un véritable coup de poing. Mais je n'en dirais pas plus, pour ne rien dévoiler, pour laisser à chacun le plaisir de découvrir ce qui se cache derrière ces silences, ces douleurs, ces difficultés à aimer…

Je peux tout de même vous dire qu'il vous faut vite suivre les pas d'Albane et Emma si vous ne l'avez pas déjà fait. Suivez l'histoire d'une petite fille à qui on a arraché la lumière, dont on a piétiné l'enfance. Offrez votre main, votre épaule solide pour l'aider à se relever, et à ne pas rejouer les violences du passé…
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Dans le service où elle travaille, Albane a été surnommée l'infirmière parfaite : toujours calme, professionnelle, elle ne se trompe jamais, reste zen en toutes circonstances et abat un travail considérable. Mais c'est aussi un vrai mystère pour ses collègues qui n'arrivent pas à percer la carapace qui semble l'isoler du monde. Chez elle, Albane aimerait retrouver ce calme et cette organisation parfaite mais avec 2 jeunes enfants c'est souvent mission impossible et elle se sent de plus en plus dépassée. Pourquoi Emma, son aînée de 7 ans, s'ingénie-t-elle à la contrarier ainsi et se montre-t-elle proprement intenable ?

Celle qui criait au loup est un roman implacable qui commence par un premier chapitre glaçant qui nous laisse imaginer tant de choses sur cette famille apparemment bien sous tous rapports et où pourtant rien ne va plus. En lisant les premières pages j'ai cru comprendre ou plutôt j'ai espéré que ce n'était pas ce que je pensais et là... zoup... procédé démoniaque l'auteure revient en arrière pour nous raconter les mois qui ont précédé cette soirée si particulière et forcément nous voici happés, tant il y a de mystères à résoudre et d'allusions à démêler. La plume de Delphine Saada est précise, souvent assez froide, dans l'observation détaillée qu'elle fait d'une jeune femme qui semble avoir tout pour être heureuse et qui pourtant jour après jour perd pied petit à petit, enfermée dans une vie qu'elle n'a pas choisie. le portrait qu'elle fait d'Albane est à la fois terrifiant et totalement attachant et j'ai tourné les pages à toute allure, emportée par ce drame qui semble s'annoncer et tous ces signes qui s'accumulent et semblent présager le pire.

Malheureusement j'ai un peu moins apprécié la seconde partir du livre où Albane, contrainte et forcée par son mari, consulte un psychothérapeute qui va petit à petit l'amener à mettre des mots sur ses troubles. J'ai trouvé ces passages un peu trop répétitifs et surtout trop délayés après la puissance et la tension du début. L'auteure décrit par le menu les rendez-vous d'Albane avec son thérapeute, le combat qu'elle mène d'abord pour ne pas se livrer et les souvenirs qui finissent par affluer et la vérité par se faire jour. le tout est très didactique, à mon goût trop détaillé, comme si l'auteure avait voulu nous faire comprendre par le menu tout le process thérapeutique en cours. Il faut dire aussi que la citation en exergue du roman avait pour moi vendu la mèche, me faisant deviner bien trop tôt quel allait être le thème de ce roman au point que j'étais dans l'attente de ce qui aurait dû rester une révélation et un coup de théâtre.

Malgré ces (petites) réserves, Celle qui criait au loup est un roman que j'ai beaucoup apprécié, bien construit et intelligent et qui a l'énorme mérite de s'attaquer frontalement à des sujets difficiles. Bravo à l'auteure, médecin de profession et dont c'est le premier roman, pour cette maîtrise de la construction narrative et son talent à nous faire croire à son histoire et à nous attacher à ses personnages !
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Albane est une infirmière consciencieuse. Elle est si investie dans son travail, qu'elle prend en charge les tâches de ses collègues. Ces derniers respectent son professionnalisme, mais ne la connaissent pas véritablement. Elle ne se livre jamais. Un jour, lors d'un repas partagé sur le pouce, dans la salle de pause, une phrase lui échappe : « Si je devais me retrouver seule avec les enfants, ça pourrait mal finir. » Pour Mathilde, une jeune fille sans enfants, cette déclaration a l'effet d'une bombe. Elle s'enquiert de la signification de ces mots, elle propose de l'aide à son aînée, qui refuse.


Le mari d'Albane, lui aussi, est inquiet ; il a remarqué qu'elle ne donne pas le même amour à leur fille qu'à leur fils. Un événement glaçant amplifie ses peurs. Il réagit en prenant des mesures pour soulager son épouse. Hélas, un autre épisode le pousse à la menacer. « –Regarde-moi bien. (Les mains de Sébastien enserrent son fin visage, elles pourraient le broyer.) Ou tu te fais soigner très vite, ou je te quitte et obtiens sans la moindre difficulté la garde exclusive des enfants. » (p. 138) Albane est forcée d'entreprendre une psychothérapie ; elle n'anticipe pas le bouleversement que cette démarche va provoquer en elle.


Cette critique est très difficile à écrire pour moi. En effet, j'ai lu plusieurs avis qui indiquaient que le thème principal était fort et surprenant. Cela m'a perturbée, car quand j'avais lu la quatrième de couverture dans le programme des Éditions Plon, j'avais eu la sensation de percevoir dans mes tripes le coeur du roman.


Je ne trouve pas d'angle pour vous décrire ce récit qui m'a remuée, choquée, ébranlée et mise en colère. Je n'ai pas su prendre le recul nécessaire et mes sentiments envers Albane ont oscillé entre compréhension, empathie et colère. Mes émotions de maman ont dominé les autres. Aussi, les parties qui encadrent le centre de l'histoire m'ont révoltée et j'ai été bouleversée par ce que je ressentais. J'aurais aimé être plus à l'écoute d'Albane, accepter ses défenses et ses réactions. Je savais que je devais entendre ses appels et je m'en voulais de lui reprocher ses actes.


Mon intolérance m'attristait, car, en réalité, si je fais abstraction de ces deux éléments, je suis très proche d'Albane. Moi aussi, j'ai des rituels rassurants. Ma mémoire a le même fonctionnement que la sienne. Mes angoisses sont similaires à celles qu'elle occulte. Sa souffrance a résonné en moi, car l'auteure la décrit avec une grande justesse et une précision qui m'a chamboulée. J'ai compris Albane sur énormément de points, mais j'ai été désespérée par ses choix. J'ai espéré qu'affronter son passé lui permette d'entendre ses enfants. Je vivais un combat intérieur : j'étais une soeur de douleur, mais j'étais aussi une maman. Peut-être est-ce une différence de statut qui m'a offert cette possibilité. Un mot, une reconnaissance, un cheminement auquel Albane n'est pas parvenue… Ma rage est, en réalité, dirigée vers l'entourage d'Albane et par extension, vers une partie du mien.


Celle qui criait au loup est un roman qui m'a remuée. Il montre les répercussions des traumatismes du passé. C'est un livre d'une justesse implacable, qui fait mal et qui bouleverse. Je suis déstabilisée et ébranlée par mes émotions. C'est un roman puissant, sans faux-semblants, qui livre une réalité cruelle, mais réelle.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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C'est l'histoire qu'on ne raconte jamais aux enfants.
C'est l'histoire d'une femme qui, à la suite de séances d'hypnose, revit le traumatisme qui a pourri toute sa vie.
Qui a fait qu'elle n'aime pas sa fille.
Pour la protéger du désir malsain des hommes.
C'est l'histoire d'une femme qui souffre tellement, même suivie par un psy, qu'elle en devient folle de douleur.
C'est une histoire qui se termine mal.
C'est l'histoire des adultes qui ferment leur gueule. Tout le temps.
Alors qu'ils savaient. Plus ou moins. Mais qui savaient.
C'est dangereux d'être une petite fille, puis une ado, puis une femme.
La malédiction du XX.
Le danger vient des hommes.
Car les prédateurs sont bien là, tapis dans l'ombre, certes, mais bien là.
C'est l'histoire d'un drame humain, d'une vie gâchée, d'une Tragédie.
C'est l'histoire du poids du corps d'un homme.
Lourd.
C'est l'histoire d'une infirmière qui n'en peut plus d'être infirmière.
Car qui prend soin d'elle ?
C'est une histoire qui prend aux tripes, et qui nous sort de notre zone de confort.
Et enfin, ce sont mes yeux embués, larmoyants, atrocement douloureux d'avoir lu ce livre si vrai, si juste, si humain.
Tu avais raison Magali, ce livre était pour moi.
Merci.
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"si je devais me retrouver seule avec les enfants, ca pourrait mal finir" voilà la phrase lâchée par Albane l'héroïne de ce roman à ses collègues.

Pourquoi une mère se trouve t-elle dans l'incapacité d'aimer sa fille de 6 ans ?"
C'est la première question que je me suis posée en tant que lectrice.

Après une punition sévère envers sa fille Emma, son mari la pousse à entamer une psychothérapie. Mais ce roman n'aborde pas le thème de la résilience, c'est un livre au suspens glaçant. Albane va entamer un travail sur son vécu mais cela va déterrer d'autres traumatismes, ce qu'elle va vivre difficilement.

Un premier roman qui m'a bouleversé, qui est parfaitement maîtrisé, bien écrit, qui m'a fait pleurer.

Merci DELPHINE SAADA pour la justesse dont est empreint votre roman que j'ai adoré.
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Je viens de terminer ce livre et je suis sonnée par la fin qui a de quoi heurter le lecteur mais aussi le faire réfléchir sur la force délétère des traumatismes infantiles.

Dans ce roman âpre, on peut distinguer deux parties.

Dans la première partie, l'auteur dresse le portrait d'Albane, une femme singulière, froide, psychorigide. Dans son travail comme dans sa vie personnelle de femme mariée et mère, elle planifie et organise tout au millimètre près. Dans cette vie cadenassée, il n'y a aucune place pour la fantaisie, l'imprévu ni surtout pour l'affectif, la chaleur humaine. Derrière l'apparence d'une épouse et infirmière « parfaite » se cache en réalité une femme étrangère aux autres et à elle même, incapable d'aimer. Pire de tout, elle est sans encore se l'avouer une mauvaise mère, surtout avec l'ainée de ses deux enfants, la petite Emma 6 ans seulement, si charmante et joyeuse pourtant. Cette première partie m'a vite captivée car le portrait de cette femme mystérieuse et détestable est vraiment saisissant, passionnant.

La deuxième partie du livre explore la mise à jour progressive du trauma qui est à l'origine de la personnalité d'Albane. le mari a enfin pris conscience que sa femme a un réel problème psychologique ; il réalise que celle-ci n'a pas une relation normale avec leur petite fille qu'elle est capable de délaisser ou maltraiter d'une façon inacceptable. Albane elle-même commence à vaciller et se poser des questions douloureuses sur elle-même et son rôle de mère.

Commence alors une psychothérapie avec un jeune psychiatre qui fera remonter à la surface, grâce à l'hypnose, le traumatisme si longtemps refoulé. Dans cette deuxième partie, bizarrement, le personnage du mari disparait peu à peu (où est-il ? comment réagit-il ?) et la vie professionnelle d'Albane pourtant centrale, n'est plus abordée ou presque. Tout est axé sur la seule introspection d'Albane et de sa psychothérapie, comme si le lien avec l'extérieur était rompu, ce qui m'a un peu gênée dans ma lecture.

« Celle qui criait au loup » (fort beau titre qui incite à être attentif aux appels de tous ordres que lancent les enfants maltraités), est un livre bien écrit et vraiment prenant.

J'ai beaucoup aimé le portrait crédible de cette jeune femme froide et antipathique dont on devine très rapidement qu'elle est aussi une victime en grande souffrance (car l'auteur sème des indices qui éclairent le lecteur tandis que les autres n'ont jamais rien rien compris).

J'ai été moins convaincue par son entourage. le personnage du mari est vraiment trop beau, trop gentil, trop patient pour être vrai sans compter quelques tirades où son discours ampoulé est ridicule et invraisemblable. Ensuite, pour moi, la famille d'Albane manque aussi de cohérence. Je ne suis pas parvenue à cerner le lien qui rattache l'héroïne à sa famille tant maternelle que paternelle. le contexte familial m'a paru obscur, bancal, peu plausible, particulièrement les relations avec le père et la mère que j'ai trouvé discordantes, peu éclairantes. C'est un avis certes très personnel.

La fin du roman est éprouvante, bouleversante. Delphine Saada remet en cause l'idée pourtant bien ancrée selon laquelle la révélation des traumatismes est libératrice, ce qui est intéressant mais dérangeant. A la fin du livre, dans de très beaux passages, la romancière met en lumière à quel point un traumatisme est susceptible de changer le cours d'une vie d'une façon implacable et irrémédiable. C'est ce qu'Albane comprend brutalement et qu'elle n'est pas en mesure de supporter ni partager. Et le traumatisme parental se transmet aussi aux enfants innocents, ce qui le rend plus délétère encore.

En conclusion, sur un sujet terrible et rebattu, Delphine Saada a écrit un roman singulier, doté d'une indéniable puissance dramatique et psychologique. Et le personnage d'Albane, si seule jusqu'au bout, ne peut laisser indifférent le lecteur qui voudrait tant la sauver contre elle-même.
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ÉDIFIANT ET SI PUISSANT... 🐺

Alba est une infirmière, très respectée et appréciée par ses collègues qui pourtant ne connaissent rien d'elle, de sa vie personnelle, de sa famille. Elle est pourtant mariée, et a deux enfants: Arthur, trois ans et Emma, six ans. Quand elle rentre chez elle après des journées éreintantes, elle doit encore s'occuper d'eux. Ce qu'elle fait froidement, avec indifférence et visiblement sans plaisir aucun. Mais peu à peu, Albane réserve un comportement inquiétant envers sa fille Emma, qui alerte son mari...

Ne vous fiez pas à cette couverture rose bonbon, j'ai refermé ce roman complètement effondrée et ravagée... Quel message puissant !
Un roman coup de poing, qui m'a ouvert les yeux, qui a modifié ma perception de certaines choses. L'autrice apporte un nouvel éclairage très intéressant sur un sujet déjà abordé maintes fois en littérature. J'en ressort changée, et pour ça, un grand merci @delphsaa.

L'autrice nous montre à quel point derrière chaque trouble comportemental peut se cacher un lourd passé. A quel point des monstres intérieurs peuvent changer une personnalité à jamais...

J'ai ressenti des sentiments très ambivalents envers Albane, elle m'a mise en colère puis je suis entrée en empathie avec elle. La question de la transmission et de la complexité du lien mère/fille quand la maternité renvoie vers sa propre enfance sont très bien développés dans ce roman.

Et quand la vérité jaillit, les barrières de protection psychiques cèdent. Irrémédiablement. Est-ce que tout le monde est capable d'affronter cette tempête? Peut-on vivre avec ses névroses ou est-on obligés de les faire soigner?

La plume de Delphine Saada est juste, fine, précise. Elle appuie là où ça fait mal.
Tellement de choses à dire sur ce roman, mais je vais m'arrêter là pour ne pas en dire trop, je vous laisse découvrir tout ça...

A ceux qui crient au loup et qui ne sont pas entendus, à ceux qui se font peu à peu dévorer par leurs traumatismes...

À lire absolument !
Je serais ravie d'échanger avec ceux qui l'ont lu... Et pour les autres, tenté.es? 😘


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Ne vous fiez pas à la couverture au rose lénifiant et à la gourmandise sucrée. Rien n'est doux ni sucré dans ce magnifique premier roman, parfaitement maîtrisé.
Albane est une infirmière, la quarantaine, citée en exemple pour son professionnalisme; elle est mariée à Sébastien qu'elle aime et a deux enfants, Emma 7ans et Arthur 4 ans. Ce tableau pourrait paraître idyllique mais Albane, en essayant de tout contrôler, cache des fragilités qui ont commencé à apparaître à la naissance d'Emma. Après un geste de trop, son mari exige qu'elle voit un psychiatre qui va faire remonter à la surface un magma incandescent enfoui depuis plus de 30 ans.
Le roman s'ouvre sur la journée de Sébastien du 28 mars 2016 et se termine sur la journée du 29 mars, en nous faisant remonter deux ans auparavant. Nous assistons à l'effondrement psychique et moral d'Albane qui a caparaçonné ses émotions , qui oscille entre le rejet de ses enfants, en particulier d'Emma et un amour excessif, une soif de protection pour sa fille qu'elle croit en danger.
Peu à peu, cette femme, en apparence, dure, sans tendresse nous apparaît dans toute sa fragilité, avec ses failles qui iront en s'élargissant jusqu'au drame. Que cette petite fille, puis femme est émouvante à vouloir protéger ses parents, y compris son père qui ne voulait pas de fille, ne lui a jamais manifesté d'amour alors qu'elle en quémandait et qui a vécu seule le traumatisme originel qui l'a détruite de l'intérieur.
L'auteure fouille les blessures d'une écriture nerveuse, sans pathos et crée une tension qui, on le pressent, ne peut que déboucher sur un terrible drame. Je referme ce roman la gorge serrée, bouleversée par le personnage d'Albane, détruite par l'absence de mots et noyée par la vérité qui jaillit, réduisant à néant toutes les protections mentales et psychiques qu'elle avait érigées, toute sa vie, pour survivre.


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Albane est infirmière, elle vit avec son mari et ses deux enfants, Emma six ans et Arthur trois ans
Albane est une infirmière parfaite mais impénétrable, pourtant derrière cette rigidité se cache une douleur perceptible, criante même pour l'une de ses collègues qu'Albane ne peut que rejeter comme elle rejette tout ce qui pourrait entamer sa carapace protectrice
Hors de son travail aussi tout est contrôlé et va sans heurts jusqu'à ce qu'Emma atteigne ses 6ans et qu'Albane, ne supportant plus le caractère expansif de sa fille, se mette à la punir durement et même à la rejeter ouvertement
Un jour Albane va trop loin et son mari l'oblige à consulter un psy. Ce dernier, jeune et sans expériences encore, l'amène au pas de charge au coeur de cet Insupportable dessiné en pointillés tout au long du roman, traçant, subtilement, leurs lignes de résonance en nos coeurs
Il y a des êtres qui crient désespérément au loup et ne sont jamais entendus, alors ils crient avec leurs corps, avec leurs symptômes, tandis que le loup lentement, impitoyablement, les dévore
Lien : https://trancheslivres.wordp..
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