Papa, il dit que tous les livres apprennent quelque chose.
D'ailleurs si les deux rues ne se bagarrent plus, quel ennui !
Olivier pensa aux propos de sa mère : "On ne montre pas du doigt !" mais comment montrer autrement ?
Il se demanda ce que cela signifiait. Les grandes personnes prononçaient parfois des phrases étranges et quand on leur en demandait l'explication, elles répondaient en faisant les mystérieuses. Aux questions, elles opposaient des "Parce que" ou des "Tu veux tout savoir et rien payer". Au regret d'Olivier, sa mère, si attentive pourtant, affirmait : "Ce n'est pas pour les enfants. Tu le sauras bien assez tôt ..." L'idée avait effleuré Olivier que les adultes ignoraient les réponses, mais cela lui paru impossible.
Ce gommeux qu'on appelait "le beau Mac" monta la rue, feutre en arrière, bord rabaissé sur le devant, en veste de sport aux épaules rembourrées, pantalon avec des poches dites "à la mal au ventre", chaussures jaunes imitation crocodile.
Quand on n'a plus d'espoir, on prend le pan des sa chemise pour en faire un mouchoir.
-Jamais!Jamais! s'écria Isaac.
Il ouvrit la porte et s'échappa en courant.Il marcherait sans but jusqu'à la tombée de la nuit,de rue en rue,sans savoir où il se trouverait.Il voyagerait dans ses pensées,et finirait,tout au bout de sa désespérance,en se rattachant à un moment de douceur,à une intonation,à un sourire,par glaner un brin d'espoir qui grandirait.
Je me promène dans les allées de ma mémoire comme on visite les ruelles d'un vieux quartier.Cette nuit là fut la plus féconde de toutes:devant le 73 de la rue Labat,j'ai retrouvé un ami.Et aussi l'année la plus souriante de ma vie.
DEPUIS le matin, il pleuvait, mais ce n'était pas une eau triste : elle préparait la voie du soleil.
Les meilleurs chanteurs, selon un cérémonial préparé, l'entourèrent pour entonner, face au public, la Marseillaise, premier couplet et refrain belliqueux devenu suave dans ces bouches enfantines.