Jean-Marc Rouillan cite Aragon dans l’un de ses textes :
« Toute mémoire est une eau trouble
Que voulez-vous que l’on y voie.
Si lentement que l’on si noie… »
J’ignore si ces jeunes gens sont romantiques ou dangereux, rêveurs ou fous, à côté de la plaque ou au cœur du réel. Je ne sais d’où provient la violence, d’eux ou du système, je ne sais s’ils sont des résistants, des aventuriers, des Pieds Nickelés, ou des gangsters. Peut-être sont-ils tout cela à la fois, peut-être rien de tout cela. Mais ce qui m’apparaît, et m’est étrangement familier, c’est le glissement. Cette ombre qui se déplace, de manière imperceptible, et les conduit dans un lieu solitaire, de plus en plus loin des autres, et d’eux-mêmes. Un mouvement qui les emporte à travers le temps et l’espace à la façon du courant d’une rivière, tandis que l’ombre les recouvre. Et soudain, ils sont là, plongés dans l’obscurité, et ils s’apprêtent à commettre l’irréparable.
Le bien et le mal se dévorent l'un l'autre. Le jour fait pâlir la nuit, puis la nuit avale le jour. J'ignore ce qui triomphe , de la lumière ou de l'obscurité.
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Elle dit ne ressentir aucun remords, mais ne peut plus respirer quand elle se souvient.
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Nous ne sommes jamais là où se trouve la vérité, du moins pas tout à fait.
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J’ai lu quelque part que le souvenir n’est pas le souvenir de l’instant T où l’événement a eu lieu, mais le souvenir de la dernière fois où le souvenir a surgi. Nos souvenirs sont des souvenirs de souvenirs de souvenirs.
On ne peut pas tout expliquer, non, mais face au désespoir, demeure la possibilité d’une échappée, une vie clandestine, née d’un court-circuit.
Qui rembourse les dettes que la vie a contractées envers nous ? Qui se charge de nous rendre ce qu'elle nous doit, ce que l'on a payé, et paye encore ? Avec le temps se dessine la perspective que personne ne s'en acquitte jamais. Nul ne parle de cette chose-là.
J'ai lu quelque part que le souvenir n'est pas le souvenir de l'instant T où l'évènement a eu lieu, mais le souvenir de la dernière fois où le souvenir a surgi. Nos souvenirs sont des souvenirs de souvenirs de souvenirs.
Ce qui n’existe pas insiste, insiste pour exister.