Citations sur Summer (164)
Je fixais la cour, par la fenêtre, où les autres menaient le dur combat de la survie, en songeant à la théorie darwinienne de l'évolution, conscient que j'étais destiné à m'éteindre, les individus se réfugiant à l'infirmerie étaient ceux, inadaptés à leur milieu, qui finiraient balayés de la surface de la terre par la sélection naturelle.
Les gens disparaissent de nos vies, c'est ainsi que cela se passe. Certains sont là pour toujours, d'autres, généralement ceux que vous aimez le plus, se volatilisent les uns après les autres, sans explication, ils sont là ensuite ils ne le sont plus, et le monde poursuit sa route, indifférent, à la façon d'un organisme primaire constitué d'eau et de vide se propulsant dans un espace également constitué d'eau et de vide, ou d'un cœur aveugle, translucide, entièrement dédié à sa pulsation.
La fatigue, c'est ainsi que l'on qualifie à peu près tout, dans notre famille, tout ce qui implique le chagrin ou la honte.
Il me semblait que j'étais à nouveau contre cette porte, une pièce où l'on aurait enfermé les chagrins et les mystères de ma famille, peut-être de l'humanité toute entière, les espoirs déçus des mères de famille aux lèvres rouges, les parts d'ombre de pères qui mènent des existences parallèles, les secrets des jeunes filles, verrouillés sous leurs paupières maquillées, ou dans les cahiers qu'elles tiennent serrés contre leurs coeurs. Avec le docteur Traub - lui que j'imagine, dans sa salle de bain, s'appliquant une lotion capillaire au parfum de pharmacie, d'un geste soucieux -, nous écoutons, contre cette porte, des murmures, des rires plaintifs et lointains.
J’aimais rester là, je gagnais du temps sur l’existence. Je fixais la cour, par la fenêtre, où les autres menaient le dur combat de la survie, en songeant à la théorie darwinienne de l’évolution, conscient que j’étais destiné à m’éteindre, les individus se réfugiant à l’infirmerie étaient ceux, inadaptés à leur milieux, qui finiraient balayés de la surface de la terre par la sélection naturelle. (p. 126-127)
- Je suis désolé, Benjamin. Je ne sais pas pourquoi ils ne t’ont pas parlé. Je n’en ai aucune idée. Mais on voit tellement de choses étranges, si tu savais. On ne sait pas pourquoi les gens agissent comme ils agissent. Je crois qu’ils ne le savent pas eux-mêmes. Après toutes ces années, tout ce que je peux dire, c’est que la nature humaine est un putain de mystère. La seule chose à laquelle on puisse se référer, c’est la loi. On croit que la loi peut beaucoup, mais en fait, elle agit sur un minuscule territoire. Pour le reste …
Il soulève les mains, pour manifester son impuissance, il semble réellement embarrassé, et désolé, mais cela m’est égal, je voudrais le frapper, je voudrais le rouer de coups de pied et de poing, mais je me sens sonné, exténué et engourdi, avec cette chose qui bourdonne dans mon crâne, et cette main qui serre mon cœur de plus en plus fort.
"Les souvenirs associés à des odeurs peuvent resurgir avec une extrême intensité. Il existe un lien mystérieux entre mémoire et parfums."
Son départ semblait confirmer le message de l'univers: les gens disparaissent de nos vies, c'est ainsi que cela se passe. Certains sont là pour toujours, d'autres, généralement ceux que vous aimez le plus, se volatilisent les uns après les autres, sans explication, ils sont là ensuite ils ne le sont plus, et le monde poursuit sa route, indifférent, à la façon d'un organisme primaire constitué d'eau et de vide se propulsant dans un espace également constitué d'eau et de vide, ou d'un coeur aveugle, translucide, entièrement dédié à sa pulsation.
Je compris alors que le docteur Traub n’avait jamais entendu parler de Summer, ni de ma famille. J’étais stupéfait. J’ai compris que des jeunes filles peuvent s’évaporer, devenir un souffle, ou le chant d’un oiseau. Ou alors se décomposer dans un bois, sous des pelletées de terre jetées à la hâte, se métamorphoser avec les saisons, la pluie, les vers, en un tas d’ossements, nets et blancs, juste sous les pieds des promeneurs, sans que la marche du monde en soit ébranlée.
Ici les jeunes filles perdent leurs illusions en silence, derrière les portes closes de leurs chambres, entourées de mobilier en osier.