C'est en entendant
Joe Sacco à la radio que j'ai eu envie de lire son oeuvre. Il vient de publier une BD sur le conflit israélo-palestinien, mais c'est sur un autre conflit, tout aussi complexe, que je me suis penché, avec "
The Fixer, une histoire de Sarajevo".
Il s'agit d'une oeuvre reportage, comme peut le faire
Raymond Depardon au cinéma.
On est en 2001. Retour à Sarajevo pour
Joe Sacco qui se met en scène sur les traces de Neven, son « fixer », celui qui lui donnait les tuyaux, qui offrait des pistes, qui servait de guide pour les journalistes en demande de scoop pour couvrir le conflit des Balkans. L'auteur l'avait rencontré dans le hall de son hôtel en 1995, lorsque la ville sortait meurtrie d'une terrible période de guerre et de siège entre les forces musulmanes et les Serbes.
Sous le portrait de cet homme énigmatique et charismatique, tout un pan de l'histoire des guerres se dévoile : le pouvoir de la force et de la brutalité, le règne de l'iniquité et du crime, l'exacerbation des pulsions les plus violentes d'une humanité primitive. Mais Neven reste bien au centre de ce récit dessiné, il est la source de toutes les informations, le maître du jeu dans cette ville en ruine, un narrateur qui peut se jouer de son auditoire en fabulant quelque peu sur la réalité des faits, un faiseur d'histoires pour le bonheur de l'Occident