Eugénie de FranvalDonatien Alphonse François Marquis de Sade (1740-1814)
Dès sa plus tendre enfance,
Eugénie de Franval trouble son père par sa beauté et reçoit une éducation appropriée au mépris de tout principe moral et religieux. Arrivant à l'âge de quatorze ans, elle subit les criminelles caresses de son père.
Sa mère, Madame de Franval née de Farneille, « figure de vierge où se peignent à la fois la candeur et l'aménité sous des traits délicats, aux beaux cheveux blonds flottant au bas de sa ceinture, aux grands yeux bleus où respirent la tendresse et la modestie », est une jeune femme soumise, honnête, sensible et bien élevée. Elle n'aime que son cher époux, Franval.
Afin de la compromettre, Franval propose à son ami Valmont, un coureur invétéré, de devenir l'amant de sa femme.
Parjure, faussaire de lettres compromettantes et calomniateur à l'endroit de son épouse, Franval plonge Madame dans le malheur et « les froides ombres de la mort s'étendirent sur les roses de ce beau teint déjà flétries par l'aiguillon du désespoir. »
Madame de Franval s'en remet à Clervil , ecclésiastique familier de la famille qui entend stupéfait Franval dire: « Oui, Monsieur, j'aime ma fille, je l'aime avec passion, elle est ma maîtresse, ma femme, ma soeur, mon amie, ma confidente, mon unique Dieu sur la terre…Je lui ai développé les roses de l'hymen à côté des ronces qu'on y trouve. »
Clervil souhaite que Franval, qu'il qualifie ouvertement de protecteur et apologiste de l'inconduite et de l'adultère, s'éloigne des sentiers obliques.
Mais Valmont est un rusé : il va demander des compensations à Franval : Eugénie elle-même. Mais Eugénie, la perfide qui a renié celle qui l'a portée en son sein, et qui outrageant les grâces qui l'embellissent malgré elle et réunissent ce qui peut enflammer le vice et révolter la vertu, tente de séduire Clervil.
Valmont pourra-t-il mener à bien ses luxurieux desseins ? Franval supportera-t-il de voir sa fille maîtresse dans les bras d'un autre ?
Cette nouvelle publiée en 1800, issue du recueil «
Les Crimes de l'Amour », explore la question de l'éducation, et sur un ton provocateur et dans un style somptueux, s'avère subversive, lançant un défit à la morale bourgeoise.
Il n'est pas douteux qu'une part de ce roman est autobiographique quand on sait que
Le Marquis de Sade entretint durant des années une liaison scandaleuse avec sa belle-soeur.