Tous les jours, Mickaël consacre quelques heures à l'hôpital où « parrain » est en phase terminale. C'est lui qui a élevé Mickaël, le fils de son meilleur ami, devenu orphelin suite à un accident de voiture.
Le jour où « parrain » déclare, très grave : « J'étais
Ronald Reagan », Mickaël se dit que c'est la fin. Mais le vieil homme lui réserve quelques surprises en replongeant dans son passé.
L'histoire se déroule en 2016. le récit de Mickaël, au présent, alterne avec des rétrospectives prises en charge par un narrateur extérieur. « Parrain » complète le récit par des enregistrements où il raconte son enfance et sa jeunesse, se livrant, en quelque sorte, à une confession.
Le lecteur a du mal à faire la part des choses entre réalité et fantasmes du narrateur. Il faut attendre la fin pour que toutes les pièces du puzzle se mettent en place. Les lacunes seront comblées grâce à une lettre laissée par « Tante Louise ».
Le personnage principal n'est pas Mickaël. C'est son parrain, dont le patronyme ne nous sera révélé que très tard.
Cet homme nous apparaît tantôt comme brutal, dangereux, raciste. Il déteste les Italiens et n'en parle qu'en les traitant de « Salcrevéritals ». D'autre part, il s'est chargé de l'éducation de Mickaël, le fils de son ami, qui ne fait pas partie de sa famille. Pourtant, il s'est acquitté de cette tâche avec amour et dévouement et s'est efforcé de faire de son pupille quelqu'un de bien. C'est donc un personnage très ambigu.
Certaines paroles sont dures, révoltantes : « l'homme, la femme, la mère surtout, sont des mauviettes, lopettes immondes, sous-larves, tout leur sang se retire jusqu'au centre de leur être. ». Plusieurs scènes pédophiles sont à la limite du soutenable. Il règne une violence qui est parfois gratuite et choquante.
Frédéric Saenen parsème sa prose de termes anglais ou d'expressions en wallon. Un glossaire permet de les comprendre.
Ce roman m'a paru assez déconcertant. Par exemple, le premier chapitre a l'air d'une digression sans aucun rapport avec l'histoire. Ce n'est qu'à la dernière page qu'on comprendra. Il est aussi parfois difficile de se faire une idée précise de la réalité. On ne réalisera qu'a posteriori que certaines scènes n'étaient que pures affabulations.
L'auteur a voulu, à mon avis, introduire trop de thèmes dans son roman, sans les développer : tueries du Brabant Wallon, pédophilie, racisme, violences gratuites et sa construction n'est pas assez serrée. Ce qui fait que le lecteur (moi, en tout cas) se sent un peu perdu.
Mon avis est donc mitigé.