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Citations sur L'ancêtre (123)

On peut dire que, depuis que les Indiens ont été anéantis, l'univers entier est parti à la dérive dans le néant. Si cet univers si peu sûr avait, pour exister, quelque raison, cette raison c'était justement les Indiens qui, au milieu de tant d'incertitudes, étaient ce qui semblait le plus certain. Les appeler sauvages est une preuve d'ignorance ; on ne peut appeler sauvages des êtres qui assumaient un telle responsabilité.
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Aucune vie humaine n'est plus longue que les dernières secondes de lucidité qui précède la mort.
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L’odeur de ces fleuves est sans égale en ce monde, c’est une odeur des origines, de formation humide et laborieuse, de croissance. L’absence humaine augmentait encore cette illusion originelle.
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Les feuilles de papier que, peu à peu, je remplis de mon écriture lente et qui vont s'empiler sur celles déjà écrites en produisant un crissement particulier dans la pièce vide: contre ce mur épais vient battre, à moins que ce ne soit une divagation rapide et fragile d'après-dîner, le vécu. Si ce qu'envoie périodiquement la mémoire parvient à fissurer cette épaisseur, dès que ce qui a filtré s'est déposé sur la page, sec et noir comme une scorie, la persistance pâteuse du présent ne s'en recompose pas moins et elle redevient muette et lisse comme si aucune vision venue d'autres parages ne l'avait jamais traversée. Ce sont ces autres parages, incertains, fantomatiques, aussi peu palpables que l'air que je respire qui devraient être ma vie.
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Il y a, me dit-il, deux sortes de souffrance : avec l'une, on sait que l'on souffre et, tandis que l'on souffre, une vie meilleure dont le goût persiste dans la mémoire est escamotée ; avec l'autre, on ne le sait pas mais le monde entier, jusque dans la plus modeste des présences, apparaît aux yeux de celui qui le traverse comme un lieu désert et calciné.
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De ces rivages vides il m'est surtout resté l'abondance de ciel. Plus d'une fois je me suis senti infime sous ce bleu dilaté : nous étions, sur la plage jaune, comme des fourmis au centre d'un désert. Et si, maintenant que je suis un vieil homme, je passe mes jours dans les villes, c'est que la vie y est horizontale, que les villes cachent le ciel. Là-bas, en revanche, nous dormions, la nuit, à l'air libre, presque écrasés par les étoiles. Elles étaient comme à portée de main et elles étaient grandes, innombrables, sans beaucoup de noir entre elles, presque crépitantes, comme si le ciel eût été la paroi criblée d'un volcan en activité qui eût laissé apercevoir par ses trous l'incandescence interne.
(incipit)
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L'apprentissage de la langue qu'ils [les indiens] parlaient m'était d'autant plus difficile qu'elle était rudimentaire. Un observateur passager aurait pu penser qu'elle se construisait au gré de celui qui parlait. Plus tard je compris qu'il n'est jusqu'au caprice auquel notre intelligence impose des lois qui lui donne l'apparence du savoir, et même en cela la vie des Indiens contrastait avec celle des autres hommes avec qui j'avais vécu et vivrais encore. Cette vie me laissa - et la langue qu'ils parlaient n'était pas étrangère à cette sensation - un goût de planète, de troupeau humain, de monde non pas infini mais inachevé, de vie indifférenciée et confuse, de matière aveugle et sans dessein, de firmament ouvert : comme d'autres disent de cendres.
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L'inconnu est abstraction ; le connu, un désert ; mais le connu à demi, l'entr'aperçu, est le lieu parfait où faire onduler désir et hallucination.
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L'inconnu est une abstraction ; le connu, un désert ; mais le connu à demi, l'entr'aperçu, est le lieu parfait où faire onduler désir et hallucination.
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La condition même des indiens était sujette à discussion. Pour certains, ce n’étaient pas des hommes; pour d’autres, c’étaient des hommes mais pas des chrétiens ; et pour beaucoup ce n’étaient pas des hommes parce que ce n’étaient pas des chrétiens.

p122
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