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Citations sur Un sang d'aquarelle (11)

En tout cas lui Constantin von Meck était un homme fini ; fini car il avait été un tricheur, un menteur, même s'il ne l'avait pas fait exprès ; il était à présent un homme mort, à ses yeux comme à ceux du monde. Et tout à coup, Constantin von Meck qui mesurait un mètre quatre vingt-quinze et pesait quatre-vingt-cinq kilos, Constantin von Meck qui avait de grandes moustaches, des yeux rieurs et un pelage blond jusqu'aux roux sur une carcasse jadis athlétique, Constantin von Meck se replia sur lui-même comme un foetus et se mit à sangloter d'une manière spasmodique et puérile dans son oreiller. Il pleurait : des larmes jaillissaient de ses yeux, coulaient dans sa moustache, ruisselaient sur ses tempes. Il pleurait comme il n'avait jamais pleuré de sa vie, comme il ne se rappelait pas avoir jamais pleuré de sa vie. Il n'avait pas eu de ces larmes à la mort de son meilleur ami - et amant- , Mickaël ; il n'avait pas eu ces larmes non plus quand sa mère était morte ; il n'avait pas eu ces larmes quand Wanda l'avait quitté pour de bon, enfin pour la dernière fois... Il n'avais pas eu ses larmes jamais pour personne et là il les avait pour lui-même, pour l'image d'un lui-même qui souffrait à présent ; et l'idée que ce fût pour lui et en fonction de lui, qu'il avait ce chagrin intolérable, doublait sa honte, son désespoir et ses sanglots.
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Seulement à cette heure-là justement, le Constantin allègre et vainqueur n'existait plus ; il n'était qu'un reflet, un paravent, un mannequin de paille chargé d'écarter de lui les oiseaux féroces et piaillards - aussi bien jadis les producteurs d'Hollywood qu'aujourd'hui les sbires de la Gestapo : Ce mannequin qui réussissait parfois à effrayer quelques-uns de ces dangereux prédateurs, mais qui n'effrayait jamais l'aigle permanent et têtu qui l'écrasait et qui n'était que lui-même, Constantin, quadragénaire sans génie, sans patrie, sans attaches, à mille lieues de son public, de ses maîtresses et de ses amis ; un Constantin sans grâce et sans pitié, un Constantin sans courage et sans masque dont il ne pouvait se dépêtrer, un Constantin différent, en tout cas, de celui qu'il avait été toute sa vie et qu'il était encore trois ans plus tôt...
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Assis dans son lit, la lumière allumée, Constantin tenta de se raccrocher à l'image de Constantin von Meck metteur en scène, le personnage invulnérable et gai qui était le sien, et qui, il le savait, rirait dès le lendemain matin de ces phantasmes, du précoce et frileux vieillard de cette nuit. Seulement à cette heure-là justement, le Constantin allègre et vainqueur n'existait plus ; il n'était qu'un reflet, un paravent, un mannequin de paille chargé d'écarter de lui les oiseux féroces et piaillards - aussi bien jadis les producteurs d'Hollywood qu'aujourd'hui les sbires de la Gestapo : Ce mannequin qui réussissait parfois à effrayer quelques-uns de ces dangereux prédateurs, mais, qui n'effrayait jamais l'aigle permanent et têtu qui l'écrasait et qui n'était que lui-même, Constantin, quadragénaire sans génie, sans patrie, sans attaches, à mille lieues de son public, de ses maitresses et de ses amis : un Constantin sans grâce et sans pitié, un Constantin sans courage et sans masque dont in ne pouvait se dépêtrer, un Constantin différent, en tout cas, de celui qu'il avait été toute sa vie et qu'il était encore trois ans plus tôt...
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Je n'ai pas de sang dans les veines, ou j'ai du sang délayé, dilué d'eau : j'ai un sang d'aquarelle. » (de « Un Sang d'aquarelle.
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Tu entends ça, Constantin ? La botanique a cela de commun avec l'humanité : l'amour est fini quand on ne saigne plus.
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Pouvait-on aimer deux personnes à la fois sans s'aimer un peu soi-même ?
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(…) entraîné par le reflux de sa colère plus que par le désir, Constantin lui fit l'amour mais sans saccager sa robe, ce qui sembla le comble de la galanterie à la pauvre Maud.
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"J'aime mieux être trompé que de me méfier." En réalité, il trouvait surtout la méfiance plus fatigante, et plus morose que son contraire.
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Il abandonnait sans broncher la Sanseverina, il abandonnait "la Chartreuse", il abandonnait l'Europe, il abandonnait son rôle équivoque, il abandonnait tout ce qu'il aimait et tout ce qui avait été pendant quatre ans sa propre vie. Il n'emmenait que ce qu'il aimait et estimait; il était prêt à tout, d'accord pour tout, semblait-il.
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Il allait lui-même au devant d'atroces catastrophes, il allait être horriblement puni car il avait vu quelque chose, finalement qu'il ne fallait pas voir, qu'il avait toujours refusé de voir et qu'il avait toujours eu tort de refuser de voir
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