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Couleurs orange, jaune, violet et autre brun, ocre. Pas de doute, nous sommes dans les années 70 triomphantes. Les 30 glorieuses étalent leurs acquis sociaux dans des tons criards et gais.

Le carrelage peut être carré en damier noir et blanc, octogonal couleur terracota quand ce n'est pas en linoleum. Les papiers peints à volutes répétitives et géométriques sont en phase avec les formes psychédéliques et hallucinogènes que renvoient les diverses expériences spirituelles ou musicales de la période, de Grateful Dead à Jimi Hendrix et Jefferson Airplane. le pèlerinage à Katmandou et à Dharamsala sur les pas du dalaï-lama était en vogue.

Toile cirée à fleurs et meubles de cuisine en formica, chaises tubulaires à la structure chromée et à l'assise en stratifié ou en skaï marron, la maitresse de maison s'affaire en cuisine, un tablier aux motifs floraux pendu à son cou. Des repas familiaux joyeux, sirop Teisseire à la menthe sur la table, se partagent entre vaisselle céramique fantaisie et verres Duralex.

Gros fauteuils et canapé « rustique » en bois et velours multicolore trônent dans le salon autour d'une table basse en bois empruntant divers styles ou plutôt s'éloignant de chacun.
Les cigarettes Gitane et le cendrier hexagonal jaune en résine Opalex Ricard quand ce n'est pas un cendrier Erhard sur pieds en métal chromé, laqué orange constituent la panoplie des fumeurs que l'on n'avait pas encore chercher à convaincre d'arrêter.

Un père libertaire dont la guitare reste négligemment posée dans le salon déclame, à l'occasion, les chansons de Brassens lors des réunions de famille. La technique s'est invitée dans le foyer : magnétophone enregistreur à cassette magnétique Philips EL3302 avec ses cassettes BASF, la télévision cathodique à antennes intégrées

Adidas aux pieds, pulls sans manches aux motifs jacquard géométriques multicolores, lunettes rectangles à grosse monture plastique, polo jersey à rayures manches courtes, poster de la colombe de Jean-Michel Folon au dos de la porte des toilettes, les clins d'oeil vestimentaires à cette période sont nombreux.

Dans une école aux bâtiments neufs et rutilants : bureaux d'écolier biplace et chaise tubulaire en bois moulé Mullca, cartables à lanière posés aux sols. La salle de classe est surchargée de dessins et autres peintures méritantes, de pots de plantes vertes de la maitresse.

Relater les faits de vie de ses 2 grands-pères n'a pas dû être chose aisée, David Sala choisi de les replacer dans ses souvenirs d'enfance, insérant cependant dans le cours du récit quelques parenthèses biographiques propre à chacun d'eux.
Les conditions de vie familiale d'immigrés du franquisme en France ne sont pas spécifiquement mises en avant mais constituent la toile de fond, l'enfant ne semblant pas ressentir personnellement le poids du déracinement.
David Sala laisse percer ses filiations artistiques, les références picturales se succèdent. Honoré Daumier (Don Quichotte de la Mancha), les mangas (p152, 153), Gustav Klimt et ses kaléidoscopes de formes (p154), le monde onirique bleu et étoilé de Marc Chagall (p11), l'expressionnisme emprunté dans la représentation des déportés (p29 et 30) mais également Sisley et Pissarro dans le traitement pointilliste et la restitution de paysages ruraux bucoliques (p127, 128). Des couleurs pop, vives et acidulées sont utilisées dans le descriptif des atrocités nazis (p52,53, 56 et 57) et des violences racistes (p77, 78 et 79), elles semblent maquiller le propos d'un vernis pudique.
Sala s'attache à décrire les mécanismes de la transmission mémorielle entre repas dominicaux et classeur documentaire. In fine, la charge de celle-ci se traduit par le titre péremptoire : « le poids des héros».
Dans l'environnement capiteux des années 70, chaque page est ravissement et étonnement.
« le poids des héros » entre directement dans la courte liste des oeuvres majeures du 9ème art.

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Comment transmettre son histoire familiale ? David Sala a choisi de le faire à travers une BD, retraçant l'histoire de ses grands-parents, avec d'un côté la dictature de Franco et de l'autre la Seconde Guerre Mondiale. Il nous plonge dans ses souvenirs d'enfance et d'adolescence pour livrer sa vision de la vie des héros de sa famille. On alterne les scènes de vie ordinaires, avec des flash back sur les camps de concentration, les évasions. Et puis la vie suit son cours, avec le narrateur qui devient à son tour adulte, père et qui commence à écrire la suite de l'histoire familiale... pour les générations futures.

Cet aquarelliste de talent nous offre un univers graphique singulier mais aussi familier. Né comme lui en 1973, j'ai été troublée de retrouver l'atmosphère de mon enfance dans ses cases. le papier peint, le pichet en plastique orange sur la table, la salle de classe, les superbes fringues de l'époque, les BN, le tourne-disque... Et au coeur de ses images apaisantes de la vie qui se déroule sans heurts, surgissent les images du passé. Visages terrifiés/terrifiants, avec des couleurs parfois psychédéliques, comme dans un mauvais rêve.
On sent tout l'amour, le respect, la fierté pour ses ainés. C'est une belle tranche de vie, qui malgré les noirceurs de l'Histoire, fait ressortir le plus beau de ceux qui nous sont proches.
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❤ Souvenir(s) d'enfance

[Résumé] Avec cet album sensible et intimiste, David Sala nous dévoile un pan de son enfance et de sa jeunesse… Avant de devenir l'auteur et artiste que l'on sait, il fut, comme tout un chacun, un enfant. Mais David Sala a grandi à l'ombre des statues de ses deux grands-père, tous deux opposants au franquisme, émigrés en France, soldat de la Campagne de France fait prisonnier et déporté au camp de Mauthausen pour l'un, Résistant pour l'autre…

Reconstituant avec sensibilité l'atmosphère des seventies, David Sala nous raconte comment il s'est retrouvé dépositaire de cet héritage dont la famille l'a, implicitement, chargé de transmettre aux générations futures, comme si chacun de ses travaux, chacun de ses albums, n'avait pour seul but que d'accoucher de celui-ci…

Le Poids des Héros est indéniablement le chef d'oeuvre de cet auteur rare et précieux, l'un des albums les plus justes et les plus bouleversants de ce début d'année…


Lien : http://sdimag.fr/index.php?r..
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Voilà une formidable BD parue très récemment chez Casterman, dans laquelle David Sala ,replonge dans son enfance et ses souvenirs de petit garçon pour aborder son histoire familiale et en particulier celles de ses grands pères.
Avec cette bande dessinée, il leur rend à la fois hommage et s'affranchit , il me semble, aussi d'un poids assez lourd qui pesait sur ses épaules.
Graphiquement avec cette BD? on a pris une claque. David Sala choisit une palette très colorée avec des couleurs vives aussi bien pour montrer la peur, la souffrance que la joie. C'est à la fois très singulier et très expressif !

On retrouve avec grand bonheur dans l'enfance de l'auteur des souvenirs de la mienne : le radiocassette sur lequel on enregistrait des morceaux de musique, les lunettes 3D vertes et rouges distribuées dans un magazine pour regarder un film à la télé et une famille très « politisée » (chez nous aussi et en particulier chez mes grands parents maternels, les discussions au moment du repas tournaient beaucoup autour des idées politiques)....

David Sala nous livre une histoire très personnelle, la sienne, avec ces héros qui ont été courageux. le portrait de ce grand père qui a passé 4 ans dans un camp et qui est si triste, dit beaucoup sur ce poids.

Mais au delà de ces destins, le poids des héros parle du devoir de transmission, de l'héritage familial et aussi de l'indispensable oubli pour se sentir plus libre un jour et en cela, le poids des héros est universel.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Magnifique et émouvant!
Je pourrais répéter à l'infini
ces deux mots, qui à eux seuls,
qualifient pour moi, cet ouvrage de David Sala.
Petit fils de républicains espagnols,
élevé dans la transmission de leur passé,
Il leur rend un très bel hommage,
le reinscrivant aujourd'hui, afin qu'il reste vif.
Beaucoup d'amour dans ces histoires.
Beaucoup de souffrances, de peurs,
de blessures, de séparations.
Ce grand père qui ne veut pas mourir
avant ..Franco!
Mais surtout c'est un livre d'art
qui se contemple avec émotion.
Il y a toujours ce plaisant côté bric à brac
où se bousculent les temporalités ,
les objets,les personnages..
Une réussite à partager
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Un OVNI en termes d'illustrations ! Des aquarelles qui dégagent une puissance phénoménale. Entre les couleurs des années 60 et l'enfance de David, les couleurs fortes et intenses des « rêves » autour des camps de concentration, c'est un vrai festival. Un peu désarçonnée par la police de caractères utilisée dans cette BD, j'ai finalement oublié ce détail en avançant dans l'histoire.
Quant au scénario, c'est un vrai combat entre ces grands-pères, héros du passé, et David, le personnage principal de l'histoire, qui se sent bien petit comparé à ces figures majeures de la famille. Mais David est lui aussi un héros, à sa manière, en se faisant « passeur d'histoire ». le début de cette BD est tellement fort que la fin m'a un peu laissée sur ma faim. Gros coup de coeur !!!
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En l'espace de 173 PAGES, David Sala questionne le poids de la transmission et bouscule l'intime pour mieux l'incorporer au collectif.

À hauteur de ses yeux d'enfant, le jeune David se sent déjà l'héritier d'un grand-père révolutionnaire. Un homme qui a lutté contre la dictature de Franco, au sein de l'armée républicaine, éxilé en France, il fera campagne pour elle durant la seconde guerre mondiale, jusqu'à l'internement dans le camp de concentration de Mauthausen.

Son imaginaire forge en lui des images de ce combattant immigré, qu'il n'a connu qu'âgé et dont l'histoire se dessine par bribes, au détour de conversations de familles ou de photographies.

David Sala, enfant, jeune homme, puis adulte se questionne sur sa place au sein cette transmission. Au delà de la question d'être à la hauteur d'un tel héritage, celle de son pouvoir, à lui, de diffusion de cette histoire collective.
Il raconte ici sa vie à travers ce prisme : divorce(s), deuil, études. Tout est prétexte à l'introspection dans ce qu'elle a de meilleur : nous permettre d'avancer.
Son histoire est magnifiée au détour de chapitres où la sensibilité se pose sans mièvrerie, où l'émotion se fait tangible.

Les aquarelles, sublimes, viennent renforcer le propos de l'auteur sans se substituer pour autant à l'impact du texte.

Un merveille d'émotion et de sensibilité et surtout, un très bel hommage à nos aînés.
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J'ai lu tous vos avis, presque tous dithyrambiques, et je craignais de ne pas adhérer totalement à ces couleurs et ce trait particulier.

C'est un récit intime que nous livre David Sala. L'écueil d'en faire un récit qui n'intéresse que lui est évité. Comment ne pas être touché par ces questions de transmission, de présence imposante des aïeuls, du deuil…
Enfant, David Sala a grandi dans l'admiration de ses deux grands-pères et de leurs exploits entre lutte contre Franco et déportation … Il évoque l'écueil de vivre avec ces ombres, avec mélancolie et tendresse et en essayant de comprendre ce qui, en lui, tient de cet héritage fait de combats et de traumatismes.

Le dessin prend une grande place dans cet album… il accompagne les souvenirs de David avec des planches très colorées qui flirtent avec un monde imaginaire (tout en rappelant des moments de vie précis aux natifs du début des années 70 comme moi – les sols, les papiers peints !) Il est plus réaliste dans les moments récents, ceux de la vie de l'auteur, son parcours professionnel, ses paternités… Clairement, ces aquarelles (et pastels) sont impressionnantes, parfois hypnotiques et beaucoup d'émotions passent par le regard de ce petit garçon qui deviendra grand…

Au final, à mon tour de vous conseiller la lecture de cet album, profond et troublant… Un coup de coeur qui marque durablement.
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Transmission explicite ou implicite, oubli et rejet, poids écrasant ou admiration sans borne. Sur ces questions existentielles, David Sala nous offre un album d'une immense finesse et d'une créativité plastique étourdissante.
Entre résistance, déportation, fuite vers la France, l'auteur recompose le parcours de ses deux grands-pères espagnols au détour de conversations entendues dans sa famille, de quelques pages de livre d'histoire lu en cachette dans les toilettes ou en encore d'un portrait peint qui trône dans le salon de sa grand-mère maternelle.
Un décor chargé en accessoires et des couleurs dans des gammes de vert et orange évoquent l'enfance de David et son frère dans les années 1970, alors qu'un magnifique tapis de millefleurs éclatantes fait basculer le lecteur dans l'imaginaire du petit garçon. du rose pâle et un bleu glacier expriment le désespoir des prisonniers des camps nazis alors que leurs tortionnaires se teintent de vert de gris. le trait se fait plus dur alors que la terreur atteint son paroxysme et que les corps tombent dans un tourbillon de rose violent. du côté paternel, le noir et blanc de photos retrouvées au grenier montre la vigueur de jeunes hommes qui fuiront bientôt l'Espagne de Franco pour se faire une autre vie de l'autre côté des Pyrénées.
Pages après pages, par un jeu subtil sur le rythme et les coloris, l'auteur exprime la manière sensible dont l'histoire se transmet de générations en générations. Par des bribes de conversation, quelques lettres jaunies, des notes de pianos… presque rien et pourtant, sans qu'on n'y prenne vraiment garde, le tapis de fleurs du petit garçon se retrouve dans ses illustrations alors qu'il devient auteur pour la jeunesse sous la forme d'un tableau qui n'est pas sans rappeler Klimt. La petite fille qui y figure sera celle qui, sans y toucher et sans s'en rendre compte, redonnera sa place à l'arrière-grand-père dans la maisonnée.
Une histoire à la fois forte et douce portée par un graphisme foisonnant et pourtant maitrisé. Un pur chef d'oeuvre.
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Je commence à avoir quelques réserves quant aux autobiographies dessinées car j'ai souvent l'impression qu'elles ne racontent rien d'intéressant. Mais quand on a le talent de David Sala et qu'on le met au service de l'histoire, c'est tout bonnement divin.

Ce qui marque tout d'abord avec cette bande dessinée, c'est cette couverture aux tons très seventies, les fleurs, les pattes d'eph'. Mais il y a aussi le visage de ce petit bonhomme, l'air un peu triste et cette photo. On découvre alors que celle-ci est le portrait d'Antonio Soto, le grand-père maternel. Mais les héros de l'histoire sont aussi Denise et Josep, les grands-parents paternels. Chacun de leur côté, on vécu la fuite du régime de Franco et la seconde guerre mondiale côté français. Un a vécu l'horreur du camp de Mauthausen, l'autre la réalité des maquis.
Vivre en tant qu'enfant avec un tel héritage peut peser lourd sur de petites épaules. Il faudra du temps à David pour reconstruire ces histoires, pour aller lire les souvenirs gardés par sa mère et enfin décider de mettre tout ça par écrit et en dessins. Justement, les dessins…pour ne pas aller dans le gris et le noir des camps, David Sala prend le pli de nous bombarder de couleurs, de faire de ces histoires des souvenirs colorés. le pari est osé mais c'est réussi, très réussi. L'auteur m'avait impressionnée avec son adaptation du Joueurs d'échecs, en 2017 ainsi que dans son album le Géant Chagrin signé avec Carole Martinez.

Le poids des héros est une oeuvre somme toute très personnelle qui donne de l'importance aux personnes disparues, mais qui fera écho chez chacun et chacune d'entre nous dans ce qu'elle donne à lire des histoires de nos aîné.es si importantes et si fragiles.
Lien : https://pagesversicolores.wo..
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