•SUR UN FIL•
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L'attrape-coeurs. Salinger a peut-être attrapé celui des autres mais pas totalement le mien. Roman unique de l'auteur, d'une adolescence décalée et initiatique, tout s'est inscrit sur un fil. Chaque chapitre venait cogner à ma porte avec un sourire ou une moue ennuyeuse. L'ennui s'est pointé plus souvent. Si dès le début, le style ne m'a pas convaincu en 2020, il fut un choc à sa sortie. le langage a évolué, certains romans ont mal vieilli. Ce franglais, cette façon de parler de manière désabusée et distante n'a que peu d'originalité aujourd'hui. Alors oui, on s'attache au jeune Holden Caulfield parfois benêt , parfois pourvu d'une grande intelligence. On se laisse parfois attendrir par ce jeune homme issue d'une aristocratie totale et absurde, mais il en devient insupportable dans les deux pages suivantes. Vicieux et malin, il s'inscrit dans la logique d'une jeunesse sans gêne. Cette révolte qui a sûrement, en 1951, réveillé l'adolescence. Quelques jours avant Noël, il s'enfuit de son lycée après avoir été renvoyé et erre désespérément, seul, dans New York•••
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🦊 Il fume et boit avec excès, aime suivre le cours des canards, la casquette rouge vissée sur sa tête et tout et tout. Oui le narrateur a un certain phrasé qui en déboussolera certains, l'abus de répétitions de certaines formules m'a éreinté. Pourtant il y a du génie dans la satire de cette société américaine. Sur quelques pages. Trop peu nombreuses comme ce merveilleux huitième chapitre qui m'a enfin fait décoller. Sans lui, j'aurais reposé le roman. Parfois tout se passe sur un fil. On ne sait plus si l'on a aimé ou pas. Blanc ou noir ? En littérature la nuance devient un élément clé. Pourtant, tout m'a paru inégal, entre ennui et adoration, j'ai du faire des pauses tout au long de cette aventure, m'interrogeant sur les qualités littéraires du texte. Un classique de 1951 peut-il encore être un classique en 2020 sur un sujet qui a tant évolué depuis ? Rien n'est moins sûr, Holden ne pourrait exister à notre époque. La frontière entre un adulte et un enfant n'existe quasiment plus aujourd'hui, or, à l'époque tout était parfaitement clair•••
🦊 le jugement sans concession de Salinger sur les adultes est cru mais criant de lucidité. Entre deux eaux. J'ai certes été très déçu par ce monument de la littérature dans l'inconscient collectif mais également surpris par la manière d'articuler les évènements de cette fugue adolescente. Je ne pense pas qu'un adolescent d'aujourd'hui puisse s'identifier à Holden, et encore moins retrouver le goût de la lecture avec
l'attrape-coeurs. le négatif a pris le pas sur le peu de positif. L'irrévérence de ce gamin de dix-sept ans m'a enchanté, sa façon de truquer les conversations aussi. Insuffler chez l'autre une information fausse avec talent, Holden aurait dû s'appeler Billy le menteur c'eut été plus crédible. Cette littérature des jeunes hommes en colère au Royaume-Uni dans les années 50 prend ainsi tout son sens dans cette virée rocambolesque. La galerie des personnages secondaires s'étoffe avec un charme indéniable. Et pourtant, tout s'efface de ma mémoire, Holden n'a pas pénétré mon esprit. Les premiers chapitres sont difficiles à digérer, avec cette impression qu'un type bourré ou sous cortisone vous murmure à l'oreille des choses insensées. Mal de tête. Doliprane à volonté. Il était temps que cela sorte. Entre quête d'un futur meilleur, désespérance d'une adolescence trop étriquée, aucune émotion ne traverse l'histoire. Ni dans le style ni dans le fond. J'ai été totalement indifférent tout au long du roman, Holden aurait pu coucher avec un canard que cela ne m'aurait fait ni chaud ni froid « bicause » on s'ennuie ferme dans ce roman sans étincelle. Alors l'apparition de Phobé pourrait sauver l'affaire me direz-vous, la définition de
l'attrape coeurs qui saisit mais n'intervient que bien trop tard après s'être ennuyé des pages durant•••
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