A la rentrée littéraire 2014, j'entends parler pour la première fois de
James Salter, un des plus grands auteurs américains actuels selon les critiques. A cette occasion, les éditeurs ressortent son précédent livre qui date de plus de trente ans: "
l'homme des hautes solitudes". Traduction très approximative de "Solo faces", le titre original!
Un grand auteur, dans un roman "sur la montagne", génial! Depuis
Frison-Roche, il n'a pas dû y avoir grand chose!
Le livre commence ainsi:
"Ils travaillaient sur le toit de l'église.
De la mer de lumière d'où émergeaient deux coupoles jumelles surmontées d'une croix blanche tombaient depuis le début du jour des lambeaux de voix, quand ce n'étaient pas un morceau de bois ou des clous."
Je ne l'ai plus lâché! A la fois récit d'alpiniste, chronique d'une époque, histoire d'amitié et quête personnelle, le tout dans un style magnifique.
A noter que la deuxième phrase contient plusieurs figures de style dont une qui porte le curieux nom de zeugma. Pour faire simple, on associe deux sujets ou compléments bien différents à un même verbe: les lambeaux de voix et les clous tombent.
Deux autres exemples de zeugma:
- Sous
le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours (
Guillaume Appolinaire)
- Après avoir sauté sa belle-soeur et le repas du midi, le Petit Prince reprit enfin ses esprits et une banane. (
Pierre Desproges)
J'adore, en particulier, la double zeugma de Desproges :-)