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Citations sur La puissance des mouches (28)

Je lis. Je lis. C’est un vice. Je lis poussé par je ne sais quel impériaux désir, par une urgence dont je ne suis pas maître. Je lis comme si le temps m’était compté, comme si j’allais mourir le jour même. Je lis avec bonheur. Je lis avec délice.
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C'est que le nez, au cours de son histoire, n'a jamais acquis la noblesse du regard, l'érotisme de la bouche ou la puissance féconde du gros intestin. Il est et reste un instrument non seulement utile (il parait toujours malséant de s'en servir) mais encombrant (je pense surtout au mien qui est long et triste, à l'instar de ma queue qui est longue et triste, de mon cou qui est long et triste, et à l'instar de toute ma personne qui est longue et triste et qui attire davantage le rejet dans toutes ses variantes que l'immédiate sympathie).
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A lire sans fautes ou à relire, après avoir refermé "Pas pleurer" et surtout faire connaitre cette écrivaine à la qualité de prose parfois inégale, mais tellement délicieuse, fine, maniant un francais subtil, poétique, riche et contemporain.
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Le propriétaire nous avait prévenu dès le jour de notre arrivée : Hennequin, notre voisin de droite, était un individu dangereux.

Tout avait commencé, avait dit notre propriétaire, par la construction d'un pigeonnier. Hennequin s'était rendu compte, une fois le pigeonnier de son voisin achevé, que celui ci bouchait la vue. En fait nous dit elle, Hennequin se moque totalement de la vue d'un village qu par ailleurs ils déteste. S'il est furieux, c'est pour une question de principe et uniquement pour une question de principe.

Ici, les gens détruisent leur vie pour des questions de principe, il faut que vous le sachiez. La construction du pigeonnier, ajouta-t-elle, a déclenché chez Hennequin la maladie de la persécution, maladie à laquelle les paysans sont particulièrement sujets, vous vous en rendrez compte, par vous même. Pour en guérir il aurait du partir, s'expatrier en Amérique, oublier les pigeons et leurs fientes. Mais il a fait tout le contraire. Il est resté sur place afin de pouvoir observer sans répit l'objet de son tourment et remâcher interminablement son préjudice. Ça l'a rendu méchant. C'était fatal. On dit qu'il a voulut étrangler sa femme, qu'il a crevé les pneus d'une voiture qui stationnait devant sa porte et versé du sucre dans le réservoir à essence de la Peugeot du boulanger. Il contrôle en permanence les alentours de sa maison dans un état d'alarme qui fait pitié. Tous les matins, quand il a finit de s'occuper de ses bêtes, il feint de travailler dans son jardin. Il arrache les mauvaises herbes, il bêche, il pioche, il arrose, mais en vérité, il est aux aguets, à l'instar des animaux auprès desquels il vit. Et quand il taille ses haies, dit la propriétaire, ce n'est pas, vous pensez bien, pour l'esthétique dont il se fout complètement, c'est pour inspecter et contrôler tous ce qui se passe derrière ses clôtures. Car les clôtures sont l'unique passion de sa vie. S'il le pouvait, Hennequin, passerait sa vie embusqué derrière ses clôtures, à les tailler, à les émonder, et à repérer derrière leur feuillages les moindres mouvements de l'ennemi. Rien ne lui échappe, dit elle. Il paraît qu'il s promène tout le jour armé d'une carabine.

Le plus simple, me disais je , pour obtenir le respect de notre voisin de droite, serait de commencer mes pourparlers par une agression préalable, comme cela se pratique avec succès chez les chiens et chez certains hommes d’État.
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Et si on observe le masque mortuaire de Pascal on voit bien qu'au moment fatidique, son visage dit oui lorsque son corps dit non. Pascal, enfin, peut dire oui et non dans le même souffle, oui et non dans le même instant. D'où son sourire étrange et discrètement triomphant qui n'a pas fini de m'obséder.
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Je lis. Je lis. C'est un vice. Je lis poussé par je ne sais quel impérieux désir, par une urgence dont je ne suis pas maitre. Je lis comme si le temps m'était compté, comme si j'allais mourir le jour même. Je lis avec bonheur. Je lis avec délice.
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J'aurais voulu vous confier, comme à une soeur, ma crainte des jours chômés marqués par la présence exceptionnelle à la maison de notre père qui restait tout le jour accroché à son poste Teppaz à écouter les voix triomphantes de Radio-Moscou et les dithyrambes à Staline dans un silence qu'il voulait absolu et qui nous condamnait à l'immobilité des cadavres.
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La langue française doit être mise dans un écrin pour la sortir les jours de fête.
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Pour une déposition ? Et que dois-je déposer, je vous prie? Si je puis me permettre, monsieur le juge, ces détails n'ont aucune importance. A votre place, je n'en tiendrais pas compte. Vous connaissez votre métier? Je l'espère, monsieur le juge, je l'espère.
Puisque vous insistez, voici donc comment je pratique le mien. J'entreprends ma visite par la salle du bas. Je me poste devant le portrait de la Mère Angélique. Et d'une voix majestueuse,
Observez ce visage, leur dis-je. Il est laid. Moustachu. La bouche est avare et posée de travers. La mâchoire est énorme. On pourrait penser qu'il s'agit d'un travelo. Cependant, le visage de cette femme qui fut abbesse de Port-Royal exerça sur les esprits de son temps un magnétisme considérable. Pourquoi? leur dis-je. Parce que ce visage fut touché par la grâce divine.
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Savez-vous, monsieur Jean, que, lorsque la haine vous atteint, elle s'empare de votre être ? Et l'infeste. Et le mange tout entier.
La haine, monsieur Jean, a la puissance des mouches.
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