Citations sur Ô mon George, ma belle maîtresse (Correspondance - Alfre.. (87)
Au milieu de mes chagrins, je sens bien que j’ai un trésor dans le coeur, je ne puis l’ouvrir à personne. Songes-tu à ce qui s’amasse pendant tant de nuits dans cette petite chambre, tant de jours solitaires ? et dès que je veux t’écrire, tout se presque jusqu’à m’étouffer. Mais je souffre, amie, et qu’importe de quoi je souffre ?
Eh bien, je ne t’ai donc pas dérobée à la Providence, je n’ai donc pas détourné de toi la main qu’il te fallait pour être heureuse ! j’ai fait peut-être en te quittant la chose la plus simple du monde, mais je l’ai faite, mon coeur se dilate malgré mes larmes ; j’emporte avec moi deux étranges compagnes ; une tristesse et une joie sans fin. (Alfred de Musset)
S’il t’importe peu de savoir si ton souvenir me reste ou non, il m’importe à moi, aujourd’hui que ton spectre s’efface déjà et s’éloigne devant moi, de te dire que rien d’impur ne restera dans le sillon de ma vie où tu as passé, et que celui qui n’a pas su t’honorer quand il te possédait, peut encore y voir clair à travers ses larmes, et t’honorer dans son coeur, où ton image ne mourra jamais — adieu mon enfant. (Alfred de Musset)
À qui la faute ? à moi. Plaignez ma triste nature qui s’est habituée à vivre dans un cercueil scellé, et haïssez les hommes qui m’y ont forcé. Voilà un mur de prison, disiez-vous hier, tout viendrait s’y briser — Oui, George, voilà un mur, vous n’avez oublié qu’une chose, c’est qu’il y a derrière un prisonnier.
[…]
Plaignez-moi, ne me méprisez pas. Puisque je n’ai pu parler devant vous, je mourrai muet. Si mon nom est écrit dans un coin de votre coeur, quelque faible, quelque décolorée qu’en soit l’emprunte, ne l’effacez pas. (Alfred de Musset)
Je me suis livré sans réflexion au plaisir de vous voir et de vous aimer - je vous ai aimée, non pas chez vous, près de vous, mais ici, dans cette chambre où me voilà seul à présent. (Alfred de Musset)