Citations sur Ô mon George, ma belle maîtresse (Correspondance - Alfre.. (87)
à qui dire ce que j'ai dans l'âme ? J'étais muet, quand je t'ai connue. A présent, je ne le suis plus, mais je n'ai personne pour m'entendre, et je n'ai encore rien dit.Tout est là, j'étends les bras dans le vide, et rien ! en vérité, je jette sur les femmes de tristes regards ; j'ai encore un reste de vie à donner au plaisir, et un coeur tout entier à donner à l'amour. Peut-être y en-a-t-il qui accepteraient ; mais moi, accepterais-je ? Où me mène cette main invisible qui ne veut pas que je m'arrête ? Il faut que je parle ; oui, il faut que je cesse de pleurer tout seul et de me manger le coeur pour nourrir mon coeur. Il me faut un corps dans ces bras vides.
Il y avait dans tes bras un moment dont le souvenir m'a empêché jusqu'aujourd'hui, et m'empêchera encore longtemps d'approcher d'une autre femme.
Est-ce le dernier serrement de main de la maîtresse qui me quitte, ou le premier de l'amie qui me reste ?
[ Alfred de Musset : ]
Il faut que tu m'écrives souvent, que tu me laisses t'écrire ma vie à mesure que je vivrai. Songe à cela, je n'ai que toi, j'ai tout nié, tout blasphémé, je doute de tout, hormis de toi.
[ Alfred de Musset : ]
Je t'aime encore d'amour, George, dans quatre jours, il y aura trois cents lieues entre nous, pourquoi ne parlerais-je pas franchement ? A cette distance-là il n'y a plus ni violences ni attaques de nerfs : je t'aime, je te sais auprès d'un homme que tu aimes, et cependant je suis tranquille ; les larmes coulent abondamment sur mes mains tandis que je t'écris, mais ce sont les plus douces, les plus chères larmes que j'aie versées. Je suis tranquille ; ce n'est point un enfant épuisé de fatigue qui te parle ainsi ; j'atteste le soleil que j'y vois aussi clair dans mon coeur que lui dans son orbite.
[ George Sand : ]
Peut-être m'as-tu aimée avec peine, pour aimer une autre avec abandon. Peut-être celle qui viendra t'aimera-t-elle moins que moi, et peut-être sera-t-elle plus heureuse
et plus aimée.
[ George Sand : ]
Ton âme est faite pour aimer ardemment, ou pour se dessécher tout à fait.
Exercer les nobles facultés de l'homme est un grand bien, voilà pourquoi la poésie est une belle chose. Mais doubler ses facultés, avoir deux ailes pour monter au ciel, presser un coeur et une intelligence sur son intelligence et sur son coeur, c'est le bonheur suprême. Dieu n'en a pas fait plus pour l'homme; voilà pourquoi l'amour est plus beau que la poésie. p.78
Dans mes jours d'angoisse et d'injustice, j'étais jalouse de tous les biens que tu pouvais et que tu devais me préférer. Aujourd'hui je t'aime sans fièvre et sans désespoir. Je voudrais te mettre sur le trône du monde et t'inviter à venir quelquefois fumer et philosopher dans ma cellule.
Te voir arrivé à l'éclat que doit avoir ta destinée et te voler au monde de temps en temps pour te donner les joies du coeur, c'est ce que j'ambitionne et c'est ce que j'espère. p.41