Deux frères issus d'un mariage mixte, mère algérienne et père allemand, vivant chez un oncle immigré en banlieue parisienne ont pris des parcours antagonistes. L'ainé, Rachel (contraction de Rachid et Helmut) a choisi la voie de l'intégration et a fait un parcours sans faute pour devenir cadre dans une multinationale, épouser une jolie femme et acheter son pavillon. le cadet Malrich (contraction de Malek et Ulrich), 17 ans, traîne avec les sinistrés de la cité sans se poser de questions ni sur son passé ni sur son avenir.
L'histoire de leur père, héros de l'indépendance algérienne mais aussi ancien soldat SS de l'armée allemande, va les réunir autour de son itinéraire monstrueux que Rachel, le premier, va découvrir en parcourant l'Europe sur ses traces et dont il endosse la responsabilité morale. Ce sera pour lui un choc insurmontable qui le conduira au suicide et conduira Malrich à reprendre sa quête en mémoire de son frère.
Mais est-on coupable des crimes commis par ses parents ? Est-on coupable de ne pas ¬savoir, de ne pas connaître
L Histoire, de tout ignorer des génocides, des guerres ?
Au travers de ce récit qui nous plonge dans l'horreur des massacres perpétrés par le GIA en Algérie, puis dans les l'horreur de la Shoah, en Allemagne sur la piste d'anciens nazis et à Auschwitz,
Boualem Sansal rappelle que la diaspora nazie ne s'est pas installée uniquement en Amérique latine après la guerre mais aux quatre coins du monde, y compris en Algérie, où, aussi incroyable que cela puisse paraitre, l'Holocauste est à peu près ignoré de tous… !
En établissant un parallèle entre les méthodes nazies et l'islamisme montant, en pointant du doigt l'islamisation des banlieues, il insiste également sur l'urgence d'une prise de conscience de la mainmise de l'islamisme sur le monde, prise de position radicale et courageuse mais qui ne lui vaut certainement pas que des amis dans son pays…
A souligner enfin un procédé narratif original qui fait s'entremêler les voix des deux frères, le journal de Rachel et celui de Malrich rédigé en écho au premier, deux voix à qui
Boualem Sansal réussit brillamment à donner deux langues différentes.
Un roman puissant que j'ai beaucoup aimé, remarquable autant pour sa liberté de ton que pour le courage de ses prises de position.