Citations sur Chroniques d'un médecin légiste (27)
Nous leur devons au moins ça, à nos pauvres morts si mal en point. Leur rendre leur identité lorsqu’ils sont méconnaissables ou abandonnés loin de chez eux, leur rendre leur humanité en retrouvant l’histoire de leurs derniers instants.
D'une certaine façon, même si la victime est morte, raconter sa fin, c'est lui rendre une parcelle de vie.
On est jamais déçu par le pire... mais il faut l'avoir imaginé avant.
Les sorciers vaudous lisent l'avenir dans les tripes de poulet. Moi,je lis le passé-enfin,j'essaie-dans les entrailles de mes contemporains.Je suis médecin légiste.Un vrai.Pas comme ceux des séries américaines,dont je ne loupe pourtant aucun épisode.Je les admire tous,élégants spécialistes en noeud papillon dans les salles dignes de l'aventure spatiale,penchés sur les morts de la veille encore frais et beaux.
J’ai pour eux une sorte d’immense respect. Parce que ces anonymes allongés sur la table d’inox n’ont pas demandé à y venir. Ils avaient des projets, des livres à lire, des gens à aimer, et les voilà égorgés, battus à mort, tirés comme des lapins, étranglés par des mains criminelles, ou encore victimes d’un accident suspect, d’une électrocution bizarre. A moi de leur infliger l’ultime violence, celle de l’autopsie, afin d’aider les enquêteur à à identifier le ou les auteurs et à les arrêter. Ou pour lever le doute. Nous leur devons au moins ça, à nos pauvres morts mal en point. Leur rendre leur identité lorsqu’ils sont méconnaissables ou abandonnés loin de chez eux, leur rendre leur humanité en retrouvant l’histoire de leurs derniers instants.
"L'autopsie est une opération violente qui altère l'intégrité du corps. Une violence ultime, extrême mais nécessaire. Puisque c'est elle qui va rendre une identité à un cadavre inconnu, qui va révéler ce qui a mis fin à son existence, qui va contribuer à démasquer celui qui l'a tué. C'est notre façon à nous, légistes, de lui rendre son humanité."
p.206
L'autopsie est une opération violente qui altère l'intégrité du corps. Une violence ultime, extrême mais nécessaire. Puisque c'est elle qui va rendre une identité à un cadavre inconnu, qui va révéler ce qui a mis fin à son existence, qui va contribuer à démasquer celui qui l'a tué. C'est notre façon à nous, légistes, de lui rendre son humanité.
Les sorciers vaudous lisent l'avenir dans les tripes de poulet. Moi, je lis le passé- enfin, j'essaie- dans les entrailles de mes contemporains.
_ Vous vous demandez pourquoi ces teintes si subtiles?
_ Non, ma question, c'était plutot...
_ Eh bien, le sang a coulé en premier. Une vaste flaque, parce que se faire eventrer ca laisse des traces. Une partie a coagulé, ca donne le noir. Une autre est restee visqueuse, parce que la couche est trop epaisse, elle donne les nuances de rouges. Quant au vert foncé, il vient de la putrefaction. La graisse arrive apres. Un beau jaune soutenu. Alors evidemment, lorsque monsieur s'est agité dans la flaque, il a subtilement melangé les couches... D'ou l'oeuvre d'art que vous avez sous les yeux...
Le bruit strident de la scie s'est enfin arrêté, ce qui rend plus intense encore le silence environnant. Des coups sourds font vibrer l'énorme masse dans laquelle je me débats. Puis il y a comme un craquement et un bruit de succion. Littéralement aspiré avec la masse gluante, je me maintiens tant bien que mal en surface dans un équilibre instable, prêt à basculer.