Je n'ai pas pu et suis restée
debout. Ô difficulté
de tomber.
Désir que j'ai perdu
paix de pierre
je te retrouve au tournant du mur
sous le figuier à l'ombre
empoisonneuse
Je voudrais à l'ombre de ton
regard
m'arrêter et avec la
main dessiner
ta voix
qui penche vers
moi pour raconter.
Je voudrais au rythme
du vers m'abandonner mais
le temps presse
et je dois courir
encore.
Je n’ai pas pu et suis restée
debout. Ô difficulté
de tomber.
Si je pouvais te voir
une fois encore
je voudrais te dire
que maintenant je sais
qui tu étais
que je sais maintenant
ta force
ta chaleur.
(Si putissi viririti
n'autra vota
ti vurria diri
ca ora sacciu
cu eri
ca ora sacciu
a to forza
lu to caluri.)
Le soleil était là et tu as hésité.
Maintenant il te faut rester dans l’obscurité.
On entend
toujours une voix
Toujours
on regarde un visage
On attend
heure par heure qui
doit arriver
On épie
son retour
ses aubes
son approche
dans l'herbe du soir
Seule à présent
tu chutes dans le précipice de tes cris
Entendu. Faisons comme
si nous ne nous connaissions pas.
Comme si nous n'avions pas joué
ensemble dans le sable.
Et pourtant tu le sais que tu m'as aidée
à creuser un grand trou
jusqu'à ce que nous touchions
l'eau tout au fond.
L'eau de la mer.
Dans la joie
de l'oeil je veux
t'aimer étranger
ennemi
homme amant
ennemi
Tu n'es pas père
de femmes comme tu veux
paraître
et si tu adoucis
ton regard le
mensonge de ton
sexe s'effile
et une lame
Je ne crains pas le
couteau
je peux contenir
son assaut sans
effort et te ravir
ton sperme femme
et voleuse la
nature m'a
faite pour jouir
et dérober
et te soustraire la
vie que tu crains
de donner homme avare
qui dilapides
dans les doutes de l'être
ou du non être
ton pénis
Je le sais maintenant tu veux
m'engendrer de ton flanc
d'homme. Me bonifier
par ton regard
d'homme. Mais je sais aussi
ceci que je ne peux
mûrir qu'en criant
sous ton poids.