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Citations sur De purs hommes (120)

que s'était-il passé en moi pour que je m'intéresse au sort d'un homosexuel inconnu sorti de sa tombe? Je n'étais pas sûr de le savoir vraiment. Je ne pouvais pas utiliser l'argument de la violence que les homosexuels subissaient, puisque je ne la découvrais pas : cette violence, je l'avais moi-même parfois exercée, verbalement, symboliquement? Il y a peu, j'étais comme la plupart des Sénégalais: j'avais horreur des homosexuels, ils me faisaient un peu honte. Ils me répugnaient pour tout dire. [...] mais j'étais sûr d'une chose : quand bien même les homosexuels me répugnaient encore, il m'était impossible de nier comme j'aurais pu le faire - et je l'ai fait - dans le passé, ils étaient des hommes. ils l'étaient. Ils appartenaient de plein droit à l'humanité pour une raison simple : ils faisaient partie de l'histoire de la violence humaine. J'ai toujours pensé que l'humanité d'un homme ne fait plus de doute dès lors qu'il entre dans le cercle de la violence, soit comme bourreau soit comme victime, comme traqueur ou comme traqué, comme tueur ou comme proie."[...] Ce sont de purs hommes parce qu'à n'importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer..."
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...ils étaient loin d'être les seuls, dans cette société, persuadés de réfléchir alors qu'ils ne professaient que de vagues opinions sans danger pour leur esprit. La plupart des gens pondaient des opinions extérieures à eux, sur des objets qui ne les engageaient à rien et en rien. Ils parlaient sans conséquence. C'est ce qui leur permettait de dire toutes les stupidités possibles impunément, sans même s'en rendre compte. Rien de plus facile. Le dernier des imbéciles est capable de donner un avis superficiel sur un sujet qui lui est étranger. Or c'est parler des choses qu'il faudrait, je veux dire de l'intérieur des choses, de cet intérieur inconnu, dangereux, qui ne pardonne aucune imprudence, aucune bêtise, comme un terrain miné...
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La vraie disponibilité est celle qu'on doit aux morts ou à ceux qui les accompagnent outre-tombe.
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Faire le deuil de quelqu'un n'est pas se morfondre dans un chagrin stérile, autotélique ; non : faire le deuil de quelqu'un, c'est tenter de transformer son propre chagrin en un moyen de connaissance, en une voie pour reconstruire en nous le monde du défunt, le rebâtir comme un temple ou un palais, et en arpenter ensuite les couloirs perdus, les passages dérobés, les pièces secrètes, pour y découvrir des vérités auxquelles nous étions aveugles lorsqu'il vivait. Un seul être vous manque, et tout est repeuplé : telle devrait être la morale du deuil ; tel devrait être le cœur de la solitude des survivants...
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J'étais allé trop loin dans l'ombre et la solitude. Il était plus facile pour moi de m'y enfoncer que de rebrousser chemin. Plus vital aussi, car j'avais fini par croire, par me convaincre qu'au bout de cette solitude et de cette culpabilité m'attendait un salut, peut-être une vérité que rien ni personne n'aurait pu, sinon m'offrir, au moins me montrer. Quant à avoir une âme neuve, à quoi bon, puisque je la salirais aussi, et sans doute plus vite que la précédente ?
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J'allais sortir manger en ville lorsque je repensai à ma dernière discussion avec M. Coly. Je n'ai rien compris à ce qu'il m'avait dit, mais j'avais retenu une histoire de mail envoyé par le ministère au sujet de Verlaine. C'était assez incongru pour que j'aille voir de quoi il s'agissait exactement. Bien entendu, j'ignorai quand ce courriel avait été envoyé. Je ne me rappelais plus si M. Coly me l'avait dit ou non. Je passai une demi-heure à remonter patiemment les pages de mes mails, les ouvrant tous, même ceux qui étaient destinés à ne jamais être ouverts. Enfin, à la page 4, apparut la note en question. Elle disait, en résumé, que devant la "recrudescence" (c'était bien le ministère !) des événements violents liés aux homosexuels ces derniers mois, et sur demande de plusieurs organisations religieuses qui avaient dénoncé une lente perversion des mœurs du pays - le quel devenait un repère de goor-jigéen* -, il était fortement conseillé à tous les professeurs de lettres, pour leur sécurité et au nom de la préservation de notre culture, d'éviter "l'étude d'écrivains dont l'homosexualité était avérée ou même soupçonnée" (il y avait une longue liste d'auteurs plus ou moins pédés, parmi lesquels Verlaine)-, cela jusqu'à l'apaisement social.

* Homosexuel, en wolof.
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Un secret qu’on se dit, qu’on se dit à soi-même sous une forme claire, est déjà perdu. Il ne peut exister qu’en nous, en ce soi trouble, ce cloître mal éclairé où la vérité doit non seulement toujours s’entourer d’ombres, mais encore être une part de cette ombre. Un vrai secret n’est jamais clair, même à sa propre conscience. Alors deux consciences pour un secret, c’est trop à mes yeux. Dès qu’on le dit, on le trahit et doublement : d’abord parce qu’on a mis des mots sur ce qui était un réseau mystérieux de vérités n’ayant de sens que dans notre silence intérieur ; ensuite parce que les mots qu’on a choisis pour le confesser ne resteront pas les mêmes dans la mémoire de celui qui le reçoit. Les mots du secret, qui sont la première trahison du secret, seront immanquablement trahis à leur tour dans l’esprit de celui à qui on le confie, qu’il le garde ou le répète.
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Qu’est-ce au juste une rumeur ? L’illusion d’un secret collectif. Elle est une toilette publique que tout le monde utilise, mais dont chacun croit être le seul à connaître l’emplacement. Il n’y a aucun secret au cœur de la rumeur ; il n’y a que des hommes qui seraient malheureux s’ils ne pensaient pas en détenir un, ou détenir une vérité rare dont ils auraient le privilège.
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Ce n'est pas parce que je serai pardonné que je saurai ce que vaut ma vie et si je suis à sa hauteur.
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Qu’est-ce au juste qu’une rumeur ? L’illusion d’un secret collectif. Elle est une toilette publique que tout le monde utilise, mais dont chacun croit être le seul à connaître l’emplacement. Il n’y a aucun secret au cœur de la rumeur ; il n’y a que des hommes qui seraient malheureux s’ils ne pensaient pas en détenir un, ou détenir une vérité rare dont ils auraient le privilège.
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