Une tête passe par la porte entrouverte : Alors, ça avance, ou bien on rêvasse, on perd son temps… On est heureux au moins ? – Oui Madame, je suis heureux. – Ah, tant mieux, sinon… Vous savez qu’on doit se sentir heureux. Tous les vrais écrivains ont éprouvé ce sentiment. Quand on ne l’éprouve pas, je suis obligée de vous en avertir, c’est mauvais signe.
Un poète n'est pas, comme on le croit, celui qui sait mieux que d'autres regarder la terre et le ciel, écouter le bruit de la mer, le gazouillis des sources et des oiseaux, un poète, [...] c'est celui qui sait fabriquer un poème avec des mots.
Des années s'écoulent. La longueur de toute une vie. De plusieurs vies. Il a perdu la notion du temps. Par moment, tant l'abandon où il se trouve est grand, tant est forte la sensation de solitude, de silence, tandis que passent à travers lui comme des effluves, des relents, qu'il en vient à se dire que personne probablement, s'étant laissé déporter si loin, n'en est revenu, puisque personne n'a jamais raconté une telle expérience.
Mais aucun travail n'est inutile, tout travail, même ébauché, même raté, doit tôt ou tart porter ses fruits... Il suffit de laisser passer un certain délai, de choisir un moment propice et de revenir à la charge.
- À quoi penses-tu, mon chéri ? Tu es là tout rencogné... Tu marmonnes comme un vieux grand-père... - Je ne marmonne pas... - Si, je t'ai entendu, tu parlais d'un héros... Tu te racontais des histoires... - Non ce n'était rien. C'était juste des mots.