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Combien de gens ne sont courageux qu'en l'absence de danger, ou généreux seulement quand personne n'est disponible pour recevoir leur don ? C'est bien beau de brandir des valeurs à tout bout de champ lors de conversations, mais c'est seulement dans les actes qu'on découvre vraiment ce que vaut la personne.

Sartre explore ce thème dans deux pièces de théâtre : dans « La putain respectueuse », un groupe d'hommes blancs agressent deux noirs dans le train pour le plaisir du lynchage. L'un deux parvient toutefois à s'enfuir, mais est poursuivi sous le prétexte qu'ils ont tenté de violer une femme dans un wagon. Ceci dit, la dite femme, une prostituée, contredit cette version des faits et est prête à témoigner devant un juge. L'agresseur, un fils de sénateur issu d'une grande famille de la ville, ne semble pas devoir craindre grand-chose à première vue : quand on vend son corps toute la journée, on ne doit pas faire beaucoup de difficulté pour vendre ses valeurs morales. La partie sera cependant plus serrée que prévu…

Dans « Morts sans sépulture » un groupe de résistant est capturé par les allemands. Chaque membre est torturé par des collabos pour lui faire avouer le nom de son chef de cellule. Ironie du sort, le chef en question est présent dans la même prison qu'eux, simplement arrêté pour vagabondage, et probablement libre sous peu. Devant lui, chacun s'interroge sur son propre courage, l'importance ou l'insignifiance du sacrifice qu'il est en train de faire, et quel sens lui donner.

Deux pièces qui forcent à l'introspection, avec une conclusion douloureuse : on ne connaît pas vraiment le poids de nos valeurs tant qu'elles n'auront pas été mises à l'épreuve. Beaucoup de gens mourront sans avoir à subir ce test, et c'est tant mieux pour eux. Pour les autres, leur existence se résumera sans doute à ces quelques minutes de vie qui font toute la différence entre un héros et un salaud.
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La p... respectueuse ou pour les grossiers (comme moi eheh normalement chutttt)
La pute respectueuse ou la putain respectueuse

Un bijou a ne pas passer devant de Sartre !
C'est certe un sujet tabou entre un nègre (la manière pour Sartre bien évidemment de dire les noirs) et une prostituée dans les années 70 !
Je l'avais commencer à le lire avec mon professeur de français mais on prenait trop de temps à le lire que je lui ai demandé si je pouvais pas lui emprunter ahah ! Car il sait que j'adore lire et qu'il peut me faire confiance :)
Quelle histoire incroyable j'ai vraiment cru que...
Lisy allait tirer sur Fred à la fin ! Tellement que c'est fort en émotion et de suspecs...
J'en dis pas plus !
Vive Sartre finalement ! :)

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La P....respectueuse , la pièce théatrale de Jean-Paul Sarte ( Poulou pour Simone
Beauvoir ) est une lecture qui ne m ' a pas ni marqué ni attiré Les pièces de théatre
dans un livre, généralement, ne m 'interessent pas tellement .Je suis réfractaire à ce
genre de littérature .Une pièce de théatre se joue dans une salle de théatre .Car on
voit les acteurs évoluer devant nous .Dans la pièce : on voit et écoute les acteurs, on tient compte du jeu des comédiens, l 'importance des costumes, du décor, ,
l 'éclairage, les accessoires etc....Donc , je ne peux donner un avis sur cette pièce .
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Pièces de Jean-Paul Sartre.

La P... respectueuse - Lizzie Mac Cay est une prostituée qui a subi des violences de la part du neveu d'un sénateur et de ses amis. Un Nègre en cavale lui demande sa protection. Il est poursuivi pour le crime qu'a subi Lizzie et il lui demande de rétablir la vérité quand la police et la famille du sénateur Clarke l'interrogeront. Mais ces derniers tentent d'arracher à Lizzie une fausse déposition. Pour eux, une prostituée voire une femme vaut à peine mieux qu'un noir et la seule façon qu'elle a de gagner un peu d'estime est de vendre un être plus pitoyable qu'elle. La brusquerie et la vulgarité dont tous font preuve à l'égard de Lizzie et du Nègre finissent par avoir raison des résolutions de la prostituée, qui finit par accepter que soient achetés son mensonge et son silence. Fred, le neveu du sénateur, ne peut se défaire de l'attirance qu'il éprouve pour elle même s'il la déteste de l'avoir ainsi attaché : "Qu'est-ce que tu m'as fait ? Tu colles à moi comme mes dents à mes gencives. Je te vois partout, je vois ton ventre, ton sale ventre de chienne, je sens ta chaleur dans mes mains, j'ai ton odeur dans les narines. J'ai couru jusqu'ici, je ne savais pas si c'était pour te tuer ou pour te prendre de force. Maintenant, je sais. (Il la lâche brusquement.) Je ne peux pourtant pas me damner pour une putain."

Jean-Paul Sartre a écrit cette pièce très peu de temps après la Seconde Guerre Mondiale. La haine raciale est alors une composante affligeante de la société américaine. La puissance du langage et les annotations scéniques font de cette pièce un concentré de haine et de violence, mais aussi d'émotion et de révolte. le dégoût qu'éprouve Fred au sujet des Noirs et de la prostitution s'exprime par un dégoût des odeurs: ça pue le nègre et ça pue le vice.

J'ai toujours été interloquée par le titre et les points qui remplacent le mot complet. Censure de la part de l'éditeur peut-être, mais il me semble que c'est aussi une façon de montrer que la personne au-delà du mot qui la désigne est innommable. La juxtaposition du mot "putain", lourd d'opprobe et de sous-entendus négatifs, avec le qualitatif "respectueuse" est un des plus bels oxymores de la littérature. Inutile d'en dire davantage, le titre se vend tout seul et les trois points en disent beaucoup.

Morts sans sépulture - Lucie, Henri, François, Sorbier, Canoris ont été arrêtés par la milice en raison de leurs activités au sein de la Résistance. Ils attendent qu'on vienne les chercher, terrifiés par les séances de torture à venir, les séances où on leur demandera où est leur chef, Jean. Mais Jean est pris à son tour. Ils sont alors six à se regarder dans ce grenier, à se dire des vérités. Pire que les souffrances infligées par leurs geoliers, la présence des autres devient insupportable pour chacun.

Terrible confrontation! Les bourreaux ne sont pas les miliciens qui ne sont que de falots personnages. Ce sont les alliés qui se détruisent les uns les autres. Déchirés par le poids de leur secret, ils tentent de défendre leurs idéaux jusqu'au bout, jusqu'à l'agonie. Chacun résiste différemment à la torture :du plus vieux qui ne crie pas au plus jeune qui sait qu'il craquera en passant par la femme qui ressort souillée, les victimes deviennent coupables et assassines.

Loin des images héroïques des résistants, Jean-Paul Sartre sert des personnages torturés au plus profond de leur être, des êtres faibles et faillibles, des hommes en somme, des hommes à qui l'impossible ne peut pas être demandé, des hommes qui, très humainement, tentent de sauver la vie encore un peu avant de renoncer.

Je n'aime Sartre qu'en dramaturge, ses romans ne me touchent pas. Mais ses pièces! Je n'ai jamais eu la chance de voir ces pièces sur scène, mais je ne doute pas que les représentations doivent être à la limite du soutenable.
Lien : http://lililectrice.canalblo..
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"Morts sans sépulture"

Cette pièce est un coup de poing.
On ne sort pas indemme d'une telle lecture. Elle se prolonge en interrogations et en réflexions.
La langue est directe, sans concessions.
Orgueil, obéissance aveugle et sans culpabilité aux ordres donnés, peu importe qu'ils soient vils, inutiles voire imbéciles…
La guerre efface l'individu qui s'en réfère au chef qui ne peut qu'avoir… raison?
L'extrême jeunesse excuse-t-elle cette adhésion aveugle? Qui est coupable, qui ne l'est pas?
Faut-il tuer pour que le plus faible ne parle pas au détriment du groupe?
Agit-on en connaissance de cause ou purement par cet orgueil destructeur et auto-destructeur?
Pièce créée en 1946, la guerre est toujours présente aux oreilles de ces contemporains, quelles furent leurs réactions comme quelles sont les réactions à la lecture de cette oeuvre en 2018?
On la joue toujours, elle remue encore, elle porte donc une intemporalité qui la rend nécessaire.
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Il y a cette prostituée en proie à un horrible dilemme. Suite à un lynchage dans un train, un nègre est abattu et un autre a pris la fuite. Lizzie va devoir choisir entre rétablir une vérité ou mentir pour sauver le neveu du grand sénateur. Ce sont des hommes malingres et mesquins qui vont tourner autour d'elle afin qu'elle admette une vérité qui n'est pas la sienne. Une vérité qui fait du bien à cette ville, mais qui reste pour elle un piètre et infâme mensonge. Parce que oui, que vaut la vie d'un nègre face à celle d'un homme blanc supérieur en tout point ? Une plongée dans les bas-fonds de la médiocrité humaine.

Un groupe de résistants se retrouve capturé dans un grenier. Torturés et inquiets des futurs sévices qu'ils vont subir, leur inquiétude profonde est de savoir s'ils vont réussir à ne pas vendre la mèche. Par loyauté et orgueil pour leur cause, des actes vont être commis pour que personne ne parle.

Ces deux pièces de théâtre de Sartre dénoncent une certaine absurdité dans les choix de la conscience quand l'on se confronte à des réflexions à teneur moraliste et à des questions d'équité.
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Quelle force d'écriture dans cette courte piéce de Jean-Paul Sartre, écrite en 1947, et composée d'un seul acte divisé en deux tableaux.

Tout tourne autour de Lizzie, prostituée, qui ne veut pas avoir à faire à la police, et qui ne veut dénoner personne, même pas un noir.

Même pas un noir, car nous sommes dans le sud des Etats-Unis, où les blancs ont tous les droits, et les noirs aucun.

Le rideau s'ouvre. Lizzie est avec un client avec qui elle a passé la nuit. Il entreprend de la manipuler pour obtenir d'elle une fausse déclaration à remettre au juge, afin de protéger un Blanc de la Haute société, qui a tué un noir dans un train, la veille au soir. Un train dans lequel elle était. Elle comprend alors pourquoi Fred a choisi de passer la nuit avec elle.
Fred, d'autres hommes, puis le sénateur entreprennent à tour de rôle de la manipuler. Mais, même si on peut acheter son corps, Lizzie ne veut pas vendre sa conscience. Doù le titre de la pièce, composé d'un oxymore. Où on peut être une putain et être respectueuse.

Mais les belles paroles et la manipulation vont prendre le dessus, et on assiste aux réflexion de Lizzie sur l'unité des Blancs contre les noirs.

Cette pièce dresse un tableau sombre de la société raciste et inégalitaire du sud des Etats-Unis, qui explique le combat mené par les défenseurs de la cause noire, pour obtenir l'égalité des droits.
Une belle pièce de Sartre, très forte, qui utilise tous les registres de langage pour montrer la force de la parole, qui se met en spectacle. Une pièce qui dénonce, qui provoque, qui révèle. A lire et à faire lire.
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Je vous emmène au théâtre. La scène se déroule aux Etats-Unis à une époque où la ségrégation raciale n'est pas qu'une ombre lointaine mais un présent bien vivace. 
Lizzie est dans son appartement avec un client. Prostituée, Fred son client s'apprête à partir. Or, l'oncle de Fred, sénateur et donc influent et beau parleur débarque chez Lizzie pour qu'elle  accuse à tort un "nègre" qui l'aurait agressée dans un train. L'agression n'est pas du fait de cet homme mais plutôt que de voir un blanc (et quel blanc...) être accusé, Fred, son oncle et la police se délecteraient de voir un "nègre" accusé et tué. Mais Lizzie n'est pas du genre à se laisser faire.
Demandez le programme ! Manipulation, influence, vilénies.

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Encore une lecture de Jean-Paul Sartre que j'ai beaucoup aimée. Les dialogues et les réparties donnent beaucoup de vivacité à la scène ; une belle énergie se dégage de ces dialogues alors que la scène se déroule dans un seul et même lieu. Sans trop en dévoiler, j'ai aimé la façon dont les personnages évoluent au fil du temps et donnent à la fin une issue que je n'avais pas vraiment envisagée.
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Petite ville du sud des Etats-Unis, milieu des années 1940.
Un noir poursuivi qui cherche à se cacher, une prostituée et son client d'une nuit, un sénateur peu scrupuleux, ou plutôt farouche défenseur de l'ordre en place - en l'occurrence : la ségrégation raciale. Un meurtre. Un viol ? Une tentative de corruption, en tout cas...

Le titre est censé être un oxymore ? Pour les WASP et dans ce contexte socio-historique, une "putain", assurément, ne respecte rien ni personne, surtout pas un Noir, si ? Elle est censée aimer l'argent et point barre, donc se laisser acheter facilement, non ?

A vous de le découvrir dans cette courte pièce brillante, rappel de la ségrégation persistante dans cette partie des Etats-Unis. Cela fait penser à Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur (le parti pris de l'opinion publique), La couleur des sentiments (la ségrégation entretenue par les politiciens) et bien d'autres perles sur ce thème, et cela donne envie de faire un tour dans l'oeuvre de Sartre - tout au moins vers le côté dramaturge, probablement plus accessible que les essais.
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Relations à autrui, enlisement de chacun en un rôle reçu en extériorité, intériorisation du jugement de "l'autre"... Avec cette pression du social, et du regard, qui l'un et l'autre assignent, et figent, et aliènent (rendent étranger à soi)...

Elle est 'Put'.
Il est 'Nègre' (- avec la majuscule des archétypes).

Accusé de viol, innocent, il doit cependant mourir : si un 'Monsieur' s'est laissé aller à tuer un noir, il faut qu'il ait eu raison - nécessairement, le noir "a dû" violer une blanche....
("Quand des blancs qui ne se connaissent pas se mettent à parler entre eux, il y a un nègre qui va mourir", in La P. R, pge 71).
Elle, Lizzie, sera témoin à charge, cherchant à atteindre, et par tous les moyens, un peu de respectabilité....

Attention, nous sommes tous et chacun le nègre d'un autre. Et tous et chacun la putain du social. de victimes prisonnières d'un jugement porté en toute altérité et peu à peu intériorisé.
Avec, en seconde ou première donne, un sujet toujours d'actualité (repris, entre autres, par Girard): la société "bien ordonnée" ne se base-t-elle pas sur ses exclus pour fonctionner...? Ne lui faut-il pas un expiatoire à la violence, une aire de défoulement pour "les gens biens"....? Une zone grisée où s'expérimentent et se dévident les passions... ? Un stade d'athlétisme ou de foot....? Des banlieues....? Mais, un jour ou l'autre, la violence déborde...
A lire donc, pour réfléchir à ces notions, problèmes et statuts identitaires ou relationnels toujours pris au fil de nos situations.
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