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Le voilà mon premier coup de coeur de l'année ! Et c'est un premier roman, âpre, à l'héroïne de la trempe de celle qu'on n'oublie pas.

Mathilde ne dit rien mais elle est là. Elle a des yeux et une conscience. Elle a un passé terrible qu'elle est parvenue à éloigner durant douze ans en exerçant comme travailleuse sociale dans une collectivité territoriale jusqu'à un événement la fasse basculer : l'expulsion à venir de ces voisins à cause d'un salopard qui les a mis financièrement dans la mouise. Et là, elle fonce et défonce tout en mode justicière lorsqu'elle comprend que les recours légaux seront vains.

Le prologue est absolument époustouflant, dès les premières phrases qui instaurent d'emblée une tension narrative qui ne fera que monter crescendo : « Voilà presque dix minutes qu'elle tourne autour de la maison. C'est pas normal. Elle est grande, large, robuste. de dos, on la confondrait avec un homme. Elle en a la musculature, les cheveux courts et mal peignés. Quel âge a-t-elle ? Quarante ans ? Cinquante ans ? ». L'écriture est précise, affutée, se glissant avec fluidité à hauteur d'homme et de femme.

«  Toute la nuit, quelque chose de noir et de brûlant empêche Mathilde de dormir. C'est un abîme de rage profond comme les siècles. C'est un grondement qui la change en rivière de lave. C'est la peur sourde que tout s'arrête, d'un coup, sans que ni elle ni personne n'y puisse rien faire. Ce qui nous donne vie peut la reprendre. le monde est pleine de tant d'horreurs. Les calamités, ici-bas ne sont pas des exceptions. Période de veille. Période de cauchemars. Alternance floue entre l'impossible et le pire que ça. Bruits de grosses cylindrées qui se répercutent contre les façades des immeubles de la place carrée. Sa chambre est une caisse de résonance. Elle dort dans un instrument de musique qui joue une symphonie mélancolique. Elle pourrait ne plus se réveiller. La nuit pourrait durer toujours. Elle cogite. »

S'en suit un récit haletant ramassé sur sept jours, construit comme un compte à rebours à l'implacable mécanique narrative. Quel formidable personnage ! Tristan Saule parvient à la caractériser parfaitement sans user de passages psychologisants lourdauds, maintenant un juste équilibre entre ses zones d'ombre et des éclairages brefs sur son passé. Elle est présentée comme un être d'action, qui avance, une force qui va, une force de percussion lorsqu'elle décide d'en découdre et de se confronter à ses vieilles blessures.

Si les qualités du roman s'arrêtaient là, Mathilde ne dit rien serait déjà un très très bon roman. Ce qui est également formidable, c'est l'humanisme et le réalisme qui se dégagent du récit. le roman noir se fait social et propose une peinture sociétale nuancée , ancré dans un quartier populaire d'une ville moyenne dans une France rongée par les inégalités. La France des gilets jaunes est en toile de fond, mais très lointaine, car tous les personnages qui gravitent autour de Mathilde sont trop occupés à survivre, trop conscients qu'ils ne comptent pour personne. Rare de lire un roman aussi intelligent sur la France des marges, des invisibles, des oubliés, un roman engagé et vibrant.

Il s'agit du premier tome d'une série « Les Chroniques de la place carrée ».
C'est peu dire que j'ai hâte de me plonger dans le prochain ( j'adorerais que ce soit le très beau personnage du jeune Idriss qui en soit le personnage principal ).
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"Au pays des perdants, des poissards, des combattants pour tout", Mathilde ne dit rien. Elle parle pas beaucoup Mathilde, mais elle voit et elle écoute toute la peine du monde qui est aussi le sien, dans son quartier de "la place carrée" et dans sa fonction d'aide sociale des services départementaux.

Puis un jour, c'en est trop. Travail au noir, mauvais payeurs et une famille dans le malheur. Peut-être parce que les victimes sont ses voisins, si Mathilde ne dit rien elle va prendre les choses en main. Agir.
Sûrement parce que c'est aussi plus que ça pour elle. Réagir pour ne pas mourir.

Mathilde ne dit rien parce qu'elle a un passé trop lourd à porter que vous découvrirez dans cet instantané de la société française pris sur le vif. Un subtil portrait de la France d'en bas, la vraie, du moins celle que je connais. Dépassée de tous bords par les paroles tantôt bienveillantes, tantôt réprimantes d'un pays qui l'a oubliée.
Larguée même par les Gilets jaunes qui se battent alors pour le pouvoir d'achat, pas pour la survie.
Une France silencieuse qui se moque bien de manger moins de viande quand elle n'en a pas, ou d'apprendre l'écriture inclusive quand écrire une lettre est déjà si difficile.
Qui l'inclut elle ?

Mathilde est un peu de tout ça, spectatrice d'un monde indifférent, qui prend vie sous la plume fine et sans misérabilisme d'un auteur faisant habilement monter la tension tout au long du récit.
Pour la faire exister enfin. Merci Tristan Saule.

"La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d'une même pièce dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même. La morale n'a pas de gosses à nourrir."
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Polar social en pleine cité HLM : une claque !

Premier volume des Chroniques de la Place Carrée, ce roman social, d'une troublante noirceur, m'a conquise, me replongeant sur les lieux de ma propre enfance, à savoir les méandres d'une cité HLM dans l'Est de la France, avec ses codes, ses rituels, son lot de misères humaines traversées par quelques fulgurances lumineuses teintant la promiscuité d'une ondée soudaine de poésie. Tristan Saule a-t-il vécu lui aussi dans une telle cité pour avoir su ainsi s'en approcher avec autant de justesse ?

Le coeur névralgique de la cité c'est la Place Carrée ceinte de sa résidence en forme de U formant comme un coeur au milieu des hautes tours. Les immeubles ici ne dépassent pas trois étages. On y trouve une annexe de la bibliothèque, la mission locale et la maison de quartier et surtout son marché hebdomadaire du dimanche matin qui attire toute la ville, aimantant « des gens qui cherchent ici un peu de Maghreb et d'Afrique, des épices rares, des mélanges de condiments, des pâtisseries orientales ». Cette place grouille de monde quelle que soit la saison. C'est ainsi la vitrine de ce quartier populaire, cette place en sandwich entre la Mosquée et le Leader Price. Mais au-delà de la vitrine et des apparences, c'est un quartier qui a sa propre police, à savoir la tutelle d'un voyou dénommé Salim qui fait régner la terreur, ses propres codes, sa façon bien à elle de régler ses comptes, son commerce notamment de shit, son économie souterraine et ses laissés pour compte.

« La lumière décline. Les oiseaux de jour croisent les oiseaux de nuit, indifférents les uns aux autres, deux faces d'une même pièce dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même. La morale n'a pas de gosses à nourrir ».

Mathilde, la grande et mystérieuse Mathilde, ancienne ceinture noire de judo, femme célibataire de 46 ans toujours vêtue de son indécrottable jogging, qui cache si bien ses émotions au point de la croire toujours impassible et froide, habite dans l'immeuble situé coté est de la Place Carrée. Elle est voisine d'un couple d'un certain âge, grands-parents du petit Idriss auquel elle s'est attachée. Elle travaille sinon comme assistante sociale à aider les plus démunis, à leur trouver des solutions d'urgence et, à la collectivité territoriale où elle officie, y travaille sa seule amie, Sophie. Nous sommes en pleine période du mouvement des Gilets Jaunes, phénomène social face auquel Mathilde n'arrive pas trop à se positionner. L'impassibilité pour armure pour atteindre l'invisibilité.


Le premier chapitre nous cueille immédiatement tant cette entrée en matière est totalement flippante : nous y découvrons Mathilde s'introduire chez une inconnue, une certaine Gaëlle, vivant dans une maison bourgeoise pour la menacer de payer ce que son mari doit à son voisin. En effet, le vieil homme a refait toute la terrasse, avançant même le prix des matériaux, le fameux comblanchien étincelant, mais le mari, Jean-Philippe, prétextant que le travail a été mal fait, ne lui jamais remboursé les matériaux et n'a jamais payé le travail réalisé. Suite à cette arnaque, les loyers impayés placent le vieux couple en situation d'expulsion. Face à leur détresse, Mathilde a décidé de les aider de façon disons non conventionnelle. En faisant peur à cette femme bourgeoise fragile.
Dans sa façon de faire, dans sa capacité à mettre une distance entre son acte et elle-même, on sent que Mathilde a vécu un jour quelque chose de très marquant, qu'elle expie un passé traumatique qui va se révéler au fur et à mesure du livre.

Voilà un superbe portrait, un portrait noir et sans concession, d'une femme puissante qui a un jour tout perdu et qui est désormais seule au milieu de cette jungle péri-urbaine où règne la loi du plus fort, sans plus rien à perdre, juste obnubilée par l'extinction du soleil.
Mathilde va me marquer durablement. Tristan Saule maîtrise à la perfection ce premier tome percutant et efficace, tant dans sa manière de nous maintenir en haleine, que dans la façon de camper ses personnages, ou encore dans ses descriptions de la cité HLM et des pavillons de banlieue à proximité, lisières qui ont le don de me fasciner, entre-deux ni urbains ni campagnards.
Je referme ce livre avec le regret de quitter Mathilde, de la quitter dans un triste état qui plus est, et j'ai déjà hâte d'aller errer, de nouveau, à la Place Carrée avec les autres tomes de ces Chroniques dans lesquels un personnage secondaire de ce tome deviendra le héros du suivant, fresque sociale développée sur plusieurs années avec sa galerie de personnages pittoresques. J'espère que les autres tomes seront tout autant addictifs !

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A Bessancourt, comme partout ailleurs, on ne mélange pas. La zone pavillonnaire ignore les barres grises et leurs occupants qui inspirent la méfiance. D'ailleurs dans la zone pavillonnaire, on ignore aussi ses voisins. Mais on les scrute, on les épie. On sait ce qui se passe. Alors quand une jeune femme à l'allure masculine rode autour de la maison, Gaëlle fait ce qu'elle sait le mieux faire, elle imagine le pire. Et pourtant, Mathilde réussira à s'introduire dans la maison.

Mathilde parle peu, répond à peine aux questions ou aux provocations , de ses collègues, de ses voisins, de compagnons de muscu. Alors il faudra beaucoup de temps et de pages tournées pour savoir ce qu'elle cache si bien. Avec cette angoisse permanente de l'explosion du soleil, dont on ne sait jamais si elle n'a pas déjà eu lieu.

Deux histoires en une. La plus récente se déroule sur une semaine, et fait suite à la « visite » de Mathilde chez Gaëlle, alors que les drames passés sont peu à peu révélés sur des chapitres intermédiaires.

C'est un roman noir, un thriller, dont la tension monte crescendo jusqu'à provoquer cette lecture chaotique où les yeux ne vont pas assez vite pour éclairer le lecteur au coeur battant.

Et la bonne nouvelle, c'est qu'il semble bien que cette histoire est le début d'une série, avec la perspective donc de retourner ce personnage énigmatique et attachant.

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Après avoir remarqué cette grande femme robuste et large, des chaussures de sécurité aux pieds et une boîte à outils, traîner pendant plus de dix minutes autour de la maison, Gaëlle est effrayée lorsque, voulant la regarder de plus près, elle est juste là, le nez collé à la fenêtre de la cuisine. La femme s'excuse mais, en câblant un pavillon pas loin, elle a déconnecté sa box. Aussi aurait-elle besoin de rentrer pour tout remettre en ordre. Terriblement méfiante, Gaëlle, seule à la maison, la laisse toutefois entrer. Elle panique de plus en plus lorsqu'elle la voit s'installer dans le bureau de son mari, Jean-Philippe, regarder les photos de famille, l'interroger sur la belle terrasse qui entoure la piscine, redescendre les marches de l'escalier menant à l'étage et surtout lorsqu'elle lui dit qu'elle voulait voir la chambre d'Alice. Comment cette femme du câble connaît-elle le prénom de sa fille ? Affolée, Gaëlle ne peut retenir ses larmes lorsqu'elle somme son mari de payer Mohammed tout de suite...
Le plan a marché, la femme est terrifiée et Mathilde est sûre que le message sera bien passé. Avec l'aide d'un ami, Mokhtar, à qui elle a emprunté la tenue et les outils de travail, Mathilde, conseillère sociale au Conseil Départemental, a voulu faire justice elle-même en aidant ses voisins de palier, Mohammed et Nadia. Dans la panade financièrement, celui-ci attend toujours un gros chèque de Jean-Philippe pour la terrasse qu'il a posée...

Le premier chapitre, oppressant et énigmatique à souhait, nous présente Gaëlle, une femme bien sous tous rapports, et Mathilde qui, vêtue tel un agent du câble, est venue menacer cette dernière. Non pas qu'elle fasse cela souvent, bien au contraire, mais Mathilde, de par son métier, a plus que jamais conscience des inégalités sociales. Après cette visite chez Gaëlle, les choses vont changer. Mais, malheureusement, pas toujours comme prévu. Sur une période de sept jours, Tristan Saule déroule un scénario concis, noir et terriblement ancré dans la société. Ce roman mêle habilement et intelligemment les genres : sur fond de peinture sociale et économique, avec, de loin en loin, les Gilets Jaunes, l'auteur dresse le magnifique portrait d'une femme robuste, pourtant un brin désenchantée, qui cache un trop lourd secret, tout en maintenant une ambiance sombre, parfois violente et de plus en plus tendue. Autour de Mathilde, l'on découvre des personnages là encore plus vrais que nature, qu'il s'agisse du jeune Idriss, de son oncle Lounès ou du caïd Salim. D'ailleurs, Mathilde ne dit rien étant le premier volet de la place carrée, l'on retrouvera avec un grand plaisir l'un ou l'autre dans un prochain roman.

Un roman brut, saisissant, vibrant...
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Gaëlle est seule dans son pavillon avec terrasse en comblanchien et piscine quand elle repère une grande femme à l'allure hommasse dans la rue. Peureuse de nature, elle imagine le pire, mais la femme parvient quand même à s'immiscer à l'intérieur en indiquant qu'à la suite d'une erreur de manipulation, elle a déconnecté internet dans une armoire technique et doit avoir accès à la box de Gaëlle pour rétablir la connexion. La femme est-elle vraiment une technicienne ? Ou une cambrioleuse ? Ou pire ? ● le début de ce roman, magistral, place d'emblée le lecteur dans une ambiance d'inquiétante étrangeté qui happe son attention et lui donne envie de connaître la suite. ● Cette suite est globalement à la hauteur de ce prologue : serrée, affutée, haletante. L'histoire se dédouble, l'une des branches du récit se situant aujourd'hui, c'est-à-dire au jour où la femme pénètre dans la maison de Gaëlle (en 2019), et l'autre remontant aussi loin que 1991 pour aller jusqu'en 2005. ● L'auteur agence la narration de main de maître ; il n'y a aucun temps mort ; les deux plans temporels s'associent à merveille. L'arrière-plan social est lui aussi parfaitement décrit, mariant le roman noir au réalisme social. le personnage de Mathilde est à la fois original et attachant. ● Ce premier tome des Chroniques de la place Carrée est une réussite éclatante et il me tarde déjà de lire les suivants. Merci à Kirzy et à Kittiwake pour cette belle découverte !
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Mathilde sait que tout peut s'éteindre et geler sans crier gare. Que la lumière du soleil met huit minutes à nous atteindre. Que si le soleil meurt, pendant huit minutes, on n'en saura rien, on continuera à se chamailler, à regarder des émissions débiles à la télé, à se fader des cheffaillons insupportables. Et ça lui fait peur.
Mais pour le reste, elle n'a pas froid aux yeux, Mathilde. Quand ses voisins, Mohammed, Nadia et leur fils Idriss risquent d'être expulsés de leur logement, elle se métamorphose en justicière pour tenter d'empêcher ça.
Une taiseuse, une qui porte en elle «un abîme de rage profond comme les siècles», et une humanité pas loin d'être aussi énorme, Mathilde est une très belle héroïne.
Au niveau du tableau social dressé dans ce 1er tome des Chroniques de la place carrée, Tristan Saule dit des choses très justes, et la construction, tout comme l'écriture de ce roman, sont bien efficaces.
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Mathilde est assistante sociale dans un service social du département. Un bâtiment en béton et métal, laid, froid, et posé au milieu de nulle part, à la sortie de la ville. Un bâtiment déprimant que seuls les fonctionnaires et les usagers connaissent. Depuis qu'elle travaille là, elle mesure à quel point la vie des gens est fragile, suspendue. Elle fait son boulot, sans juger les gens qu'elle aide mais ne se sent pas responsable non plus, elle a ses propres problèmes, ses propres failles.

Mathilde habite un quartier dans le centre ville : la place carrée. Un quartier populaire des invisibles, des précaires. Un trafic de stupéfiants avec des guetteurs, un marché le dimanche, des voisins en survie qui préfèrent appeler Mathilde à l'aide plutôt que les flics. Mathilde ne refuse jamais d'aider. Quand elle apprend que ses plus proches voisins sont menacés d'expulsion et les démarches administratives n'y pouvant plus rien, elle n'hésitera pas à user de la violence pour essayer de les sortir de ce mauvais pas. Parce que Mathilde ne dit rien, jamais, mais elle est pleine de rage, de haine, de tristesse, de chagrin. Elle n'a plus rien à perdre. On apprend son histoire, son passé, par petits bouts et tant mieux, d'un coup ce serait trop.

Un roman social où tu dois chercher un souffle d'espoir, chercher la fleur qui pousse dans le bitume.

La violence explose surtout en début et fin du roman mais il y a les petits moments de confort quand Mathilde fait ses courses en prévision de ses repas de la semaine, quand elle ouvre la fenêtre le dimanche, avant le marché, pour écouter les bruits familiers des camelots et chasser la poussière et les regrets avant les odeurs de nourriture. le soleil levant qui la réchauffe quand elle se rend à son travail à pied.

La description de la ville avec les quartiers résidentiels à l'écart du centre ville et donc des gens précaires et leur place carrée, les services sociaux très loin du centre ville où il faut marcher plus de vingt minutes pour aller demander une aide est bluffante, le contraste entre la vie de Mathilde et de Gaëlle, saisissante, l'ambiance délétère des service sociaux véridique. Et toute cette violence qui plane comme les nuages, tu ne sais jamais quand elle va exploser, te maintient en haleine dans cette histoire.

Certes ce n'est pas un roman d'amour mais entre les virgules et les lignes j'y ai trouvé une brise d'espoir. L'auteur décrit d'une manière romancée (si peu) la France d'en bas avec noirceur et tendresse.


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J'avais vaguement noté ce titre dans ma tête. Puis arrive la dernière Masse Critique. Je vois réapparaître ce titre. Aucun a priori, je ne sais plus ce qui m'avait tentée. Je sélectionne ce livre parmi d'autres. Un grand merci à Folio et à Babelio pour ce beau cadeau qui m'a ravie.
.
Dans le dernier roman que j'ai lu, j'avais été déçue par les héroïnes, aucune empathie, aucune curiosité, rien. Là c'est pile le contraire et j'ai aimé ! J'ai d'abord été inquiète par Mathilde, puis intriguée, dubitative, surprise, attachée.... Je suis passée par tous les ressentis au fur et à mesure que se déroulait l'histoire.
Quel beau personnage que cette Mathilde ! Avec ses zones grises, son empathie vis-à-vis des autres (surtout des plus pauvres), ses secrets....
Un personnage réussi ! Plus que l'histoire c'est Mathilde qui fait l'attrait de ce livre. Mathilde qui parle peu mais s'occupe des autres.
Un livre qui parle de violence sociale, de violence tout court, de pauvreté, de recherche du bonheur....
Un livre qui parle d'une femme qui sort de l'ordinaire.... et pourtant elle pourrait habiter au bout de la rue. Fonctionnaire, ancienne championne de judo. Mais la vie, dans sa brutalité, qui passe par là.
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Alors si j'ai tant aimé ce livre, pourquoi une étoile en moins ? Peut-être la fin... Un peu "trop" pour moi.... Je n'en dirai pas plus, je ne veux rien révéler, ce livre doit être lu. Il colle en plein à l'actualité (sociale).
Vraiment un livre que j'ai aimé ! et un personnage exceptionnel !
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Mathilde ne dit rien, ou vraiment pas grand chose, le strict minimum, mais elle compte, dans sa tête, en base 8.
Et elle agit. Avec ses tripes et son grand coeur, elle règle les comptes elle-même, parce qu'autour d'elle, on ne peut rien attendre de la justice. Elle est du mauvais côté de la barrière, même si elle est travailleuse sociale, avec un salaire régulier de fonctionnaire. D'ailleurs, elle vit dans le même quartier que ceux qui viennent solliciter des aides financières, et connaît la plupart. Généreuse et impliquée, elle ne peut pas laisser passer certaines choses, mais...
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Formidable roman social noir, c'est à dire qu'il est bien écrit, que les observations de l'auteur sont très justes... et que ce tableau atteint son but, puisqu'il est totalement déprimant, même si on est déjà informé de ces réalités.
En gros, le décor & l'ambiance, c'est ça : « [Tu vis] dans un quartier où personne n'a de leçon à donner à personne. Tu gagnes ta vie comme tu peux. Tu vends du shit ou tu es caissière chez Leader Price, c'est du pareil au même. La morale n'a pas de gosses à nourrir. »
Ne pas 'donner de 'leçons'. Mais recadrer ceux qui profitent de cette misère, si. Merci Mathilde ! ♥
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Je conseille à ceux* qui apprécient Nicolas Mathieu, Marion Brunet, Pascal Manoukian.
Dans ce style de roman choc, je recommande aussi 'Le secret de Mona' de Patrick Bard. J'ai également pensé, à la lecture, à l'incontournable 'Ils sont votre épouvante...' de Thierry Jonquet.

Un grand merci, Seb_libraire, pour tes extraits qui m'ont donné envie de découvrir ce roman. Je retourne lire soigneusement ton billet !
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* pas d'écriture inclusive sur le 'ceux', désolée... grosse flemme. Et la journée internationale des Droits des Femmes, c'était hier - relâche pour un an ! 😜😉
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Cette chanson pour Mohammed & son petit-fils Idriss - courage, les gars, contre les c*ns & les prédateurs ! ♥
Pensée aussi pour tous ceux concernés par la fin de la trêve hivernale, dans quelques jours. Menacés d'expulsion, en logement précaire depuis des années, alors que l'urgence ukrainienne et le déploiement de bonnes volontés montrent qu'on PEUT trouver des solutions, quand les politiques et les médias soutiennent & encouragent... mais c'est une autre histoire.
♪♫ Il n'y a rien à voir (pas de clip, ni de version live), mais ne circulez pas ; il y a beaucoup à écouter :
https://www.youtube.com/watch?v=gUtFaiIsNHs
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