Après «
L'Encre et le sang », coécrit avec
Franck Thilliez, et «
La Cicatrice du diable », c'est le troisième ouvrage de
Laurent Scalese que je lis.
Le samouraï qui pleure » plonge le lecteur dans l'univers de la mafia et de la grande criminalité japonaises. Un restaurateur japonais et sa famille sont retrouvés morts à Paris, leurs corps atrocement mutilés. « Suicides rituels », conclura une criminologue spécialiste de l'Extrême-Orient… Ou pas…
Une construction redoutable, avec des chapitres très courts et des rebondissements incessants. Pour sûr, on ne s'ennuie pas et, au fur et à mesure que la situation semble de plus en plus désespérée pour l'équipe policière, on se demande bien comment cela va pouvoir se dénouer. C'est plein de sang, de gens vraiment pas gentils et on sent bien le piège inexorable se refermer sur les enquêteurs. Et même si on s'auto-convainc à la méthode Coué tout du long que ça va « bien » finir, on est pris jusqu'au bout dans l'ambiance fortement étouffante et sanguinolente de l'intrigue.
Mais au-delà de l'intrigue – prenante – un autre des points forts de ce policier est la descente très documentée dans le monde des yacuzas.
Laurent Scalese nous décrit de manière très détaillée les subtilités de la culture japonaise, des rites que nous n'imaginerions pas en Occident et les dessous d'un monde méconnu, la mafia japonaise. Je ne connaissais absolument rien au sujet, hormis deux ou trois détails, et ne sais donc pas s'il y a une part inventée dans ce portrait de civilisation mais le tout a l'air très crédible. Et effrayant.
Certains personnages peuvent paraître un brin caricaturaux par moments, notamment Elie Sagane, son personnage récurrent. Il passe d'un état d'âme à l'autre en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tour à tour d'une froideur rédhibitoire et l'instant suivant d'une tendresse déroutante. Mais c'est le tout premier roman de l'auteur et c'est donc la première fois qu'il met en scène Elie, ce qui explique certainement le tout. Mais pas de panique, cela n'altère en rien le plaisir de la lecture, les personnages n'en perdent pas leur caractère personnel propre et restent attachants.
L'unique chose qui m'ait vraiment dérangée, surtout au début, ce sont les noms des personnages japonais. J'ai eu le plus grand mal à savoir qui était qui, d'autant qu'ils sont nombreux à intervenir. Lorsque enfin j'avais retenu un patronyme, le concerné se faisait tuer… Damned !
Un bon polar. Ça se lit vite. Ou ça se déguste selon les goûts. La structure en chapitres très courts permet de faire une lecture d'une traite ou de la faire durer davantage.
Laurent Scalese propose ici un polar à la française, avec des ingrédients de construction anglo-saxons et une ambiance japonisante. Un chouette moment de lecture qui me donne envie de découvrir d'autres livres de l'auteur.