Ce "tas de microbes", comme vous dites, est intelligent, monsieur le Premier ministre. Il est capable de s'organiser, de planifier, de raisonner. Mais surtout, il ne s'agit pas d'un seul être, mais d'une véritable ruche composée de plusieurs millions, voire plusieurs milliards d'entités pensantes.
- Je peux vous infecter...
Par réflexe, Rex recula d'un pas.
- Non, je... je ne veux pas être infecté, bafouilla-t-il.
- Ce mot, "infection", il est vraiment trop péjoratif. En fait, ce que je vous propose, c'est plutôt une invitation.
- Une invitation ?
- Oui, je vous invite à pénétrer dans mon monde, dans notre monde. C'est le seul moyen de comprendre pourquoi ils sont là.
"Doug, reprit Tom d'un ton plus calme. Nous avons été envahis par quelque chose que nous n'aurions jamais pu imaginer. Un virus contre lequel nous n'étions pas préparés. Ce que nous vivons, c'est comme dans La guerre des mondes, le roman de H.G. Wells, d'accord ? Sauf que cette guerre, on l'a perdue. Et largement."
- Tu as une idée d'où tu veux aller ?
- Non. Mais au moins, tant qu'on sera sur la route, on ne risquera rien.
- On ne peut pas passer notre vie à fuir, Léo.
- Pourquoi pas ?
Notre seul ennemi, c'est la mort.
Il y a un au-delà, tu sais ? Un paradis. Sauf que contrairement à ce qu'on croyait, il ne se trouve pas dans le ciel, mais tout au fond de nous. Il est en nous.
La mort, c'est pour les abrutis sans imagination.
Comme elle s'avançait dans le passage, elle eut la sensation désagréable que son pied gauche s'enfonçait dans quelque chose de mou. Baissant les yeux, elle vit sur le sol une traînée sombre d'aspect poisseux. Comme si quelqu'un avait versé un filet de vinaigre balsamique sur la moquette. Maman ne serait certainement pas partie avant d'avoir nettoyé ça, quitte à être en retard au travail.
Elle entra dans la cuisine, s'attendant à trouver au moins un de ses parents assis à la table du petit déjeuner. Son irritation s'évanouit instantanément quand son regard tomba sur l'incompréhensible vision de cauchemar qui s'étalait sur le carrelage.
Ce salopard est une grenade dégoupillée, un singe avec une mitraillette chargée entre les mains.
Il y a un moment où il faut savoir reconnaître que la partie est perdue.