L'auteur de l'ensemble de ces 26 nouvelles est avocat de la défense à Berlin et a
choisi de recourir à ses dossiers comme matière littéraire. Mais si les affaires qu'il relate
sont réelles, ces récits font la part belle à la fiction.
L'auteur (qui est aussi le narrateur), dresse des portraits à partir de l'exposition d'une
situation ou de l'explication de documents, en croisant souvent les points de vue afin de
mener rapidement le lecteur au coeur de la psychologie de chaque personnages. Ainsi,
sans aucun pathétisme et en observateur averti, l'auteur met à nu l'humanité dans tout
ce qu'elle peut avoir de fragile et de monstrueux. Avec vivacité et savoir-faire l'auteur
esquisse les traits essentiels à la mise en action de ces récits tragiques créant ainsi une
sorte d'album que l'on feuillette, une galerie de portraits générant une relation
spéculaire avec le lecteur qui nous renvoie à nos fantasmes, nos peurs les plus
archaïques. Après la lecture de ces différentes affaires, nos certitudes, si nous en
avions, s'effondrent : nous comprenons que la vie peut facilement basculer et se
rompre en quelques secondes faisant de nous des
coupables ou des victimes.
D'une écriture acérée, tranchante comme une lame ou un scalpel et sans recherche
d'effets spectaculaires, ces recueils offrent une place aux lecteurs, celle du voyeur, du
curieux qui viendrait assister à une audience afin d'y observer les accusés, les témoins,
les représentants de la loi : gardiens, policiers, juges, avocats. Mais le lecteur peut aussi
choisir une place dans le box des jurés auquel cas, il lui sera bien difficile de demeurer
impartial ; dans ce lieu où les masques tombent, l'émotion afflue. Ainsi et comme le
pense J. Joyce dans son Portrait de l'artiste en jeune homme, « un portrait n'est pas un
papier d'identité, mais bien plutôt la courbe d'une émotion » ; c'est bien de cette façon
que l'auteur, avec beaucoup d'humanité, donne à voir la complexité des Hommes et la
lourde responsabilité de la justice.