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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Freud, c'est le symbole de la science positiviste, celle qui a ou aura réponse à tout, pour laquelle l'âme elle-même n'a plus de secret. Freud est l'explorateur rationnel de l'inconscient, son cartographe méticuleux: ses textes ôtent tout mystère à l'homme, qui devient une mécanique psychanalytique obéissant à des règles bien précises. Tout un mythe, que nous avons construit autour de ses livres si affirmatifs (Dieu est mort, l'enfant oedipien tue le père), de photographies caractéristiques (un homme sérieux qu'on imagine difficilement sourire, raide, ascétique, semblant ancré dans ses certitudes).

Eric Emmanuel Schmitt choisit un épisode de sa vie où, justement, toute certitude disparaîtra. Face à la possible torture, voire au possible assassinat de sa fille que vient de lui enlever une milice hitlérienne, que reste-t-il au père de la psychanalyse? Quelles certitudes, quelles croyances? Lui qui a démontré que tout était construction humaine, que lui reste-t-il quand l'humanité se révèle inhumaine?

Alors qu'il est abandonné de tous, Freud rencontre Dieu, ou un mystificateur, peu importe, il ne sera pas fixé. Mais c'est l'occasion d'un face-à-face avec lui-même: cet inconnu lui renvoie toutes ses certitudes qui, en balance avec la terreur de perdre sa fille, ne pèsent plus rien. E.E. Schmitt nous montre comment l'homme croit, décroit (dans tous les sens du terme), s'effondre ou se construit dans une situation extrême. Il n'est fondamentalement pas question de religion ici, mais encore, toujours, d'humanité. Même si la situation et le titre ne sont pas sans évoquer la parabole évangélique du visiteur inattendu. Cette humanité, E.E. Schmitt l'évoque souvent dans ses romans, dans son théâtre. Elle est ici représentée, à travers un Sigmund Freud bien loin du Mythe, dans toute la force et la fragilité de ses croyances et de ses incertitudes.

Le texte est magnifique, et passe très bien à la scène (du moins, j'en garde un souvenir ému)
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Pièce de théâtre qui m'a pleinement conquis. Les dialogues entre un Freud fébrile et déstabilisé et un supposé Dieu/imposteur. Tout l'intérêt réside dans le doute, clé de la foi, qui s'exprime pleinement dans cette pièce. Freud est comme nous. Est-ce une illusion ou quelque chose de plus grand ?
De très loin le meilleur écrit de EES.
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Génial! On se laisse mener par le bout du nez dans ce dialogue entre Freud et son mystérieux visiteur. Chacun peut choisir son interprétation, il n'y a pas de vérité. C'est un bel exercice, une belle réussite et un réel plaisir à lire.
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Belle pièce avec un postulat de départ intéressant et qui mêle foi et doute, médecine et religion, le tout avec une pincée d'humour et de philosophie. A mon goût c'est un des plus beaux textes de Schmitt.
En plus, j'ai une tendresse particulière pour le visiteur puisque j'ai eu l'occasion de jouer Anna dans le beau théâtre de Marseille, lors d'une représentation (plusieurs) de l'Université de Provence.
C'était juste génial.
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Surement la pièce que je préfère parmi toutes celles qu'il a écrite. Quand Freud, dans une position délicate, rencontre cet étranger, ce visiteur, cela donne un duo riche, et intéressant, qui donne à réfléchir. A lire de toute urgence.
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Freud face à son inconscient, à un Dieu impuissant contre la barbarie nazie, ou, plus simplement, face à un fou évadé de l'asile. Cette dernière hypothèse prend l'eau lorsque cet inconnu décrit en détail le futur (c'est à dire la déportation des Juifs et leur extermination dans des camps.) Comment un fou pourrait-il avoir une telle vision ? Hormis le fait que cela puisse être un vision de fou ! EE Schmitt entretient le flou... Il situe l'action juste après l'Anschluss (Annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie) en 1938. Freud prend la mesure du danger lorsque sa fille est arrêtée et interrogée par la Gestapo. Freud, l'athée, attend un miracle ; le retour d'Anna. Lui qui n'est pas un fervent de la synagogue se sent Juif au même titre que les pratiquants et réalise que les Nazis ne feront pas de distinguo entre les uns et les autres. D'ailleurs ils ont élargi leur champ d'action aux Tsiganes et aux homosexuels au nom de leur idéologie destructrice. La fin est un peu plus "bavarde", lorsque le Dr Freud se pose des questions sur l'existence réelle de son interlocuteur. Mais, avec le père de la psychanalyse, le comble aurait été que l'auteur ne profite pas des circonstances pour mettre son personnage sur le divan (ici, un fauteuil) et ne veuille pas donner une portée philosophique et humaniste à sa pièce. J'ai aussi lu La nuit de Valogne que j'ai apprécié. Il est dommage que cet auteur ne soit pas abordé dans les classes supérieures des lycées....
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Le visiteur : Eric Emmanuel Schmitt
Je relis cette pièce pour la nième fois et j'y découvre encore quelques trésors.
Quatre personnages seulement pour ce joyau de pièce de théâtre au très riche contenu philosophique.
Freud lui-même qui va rencontrer un Dieu auquel il ne croit pas.
« Dieu n'existe pas. le ciel est un toit vide sur la souffrance des hommes. »
« Croire, c'est un désir de bête traquée, c'est le regard du chevreuil acculé au rocher par la meute et qui cherche encore une issue. Dieu, c'est un cri, c'est une révolte de la carcasse. »
« L'athée n'a plus d'illusions, il les a toutes troquées contre le courage. »
Anna sa fille qui aime son père plus que tout et ne comprend pas la passivité des juifs face à l'agression nazie.
Le nazi.
Et enfin l'Inconnu, personnage essentiel, « orphelin de naissance » et qui « n'oublie jamais rien sans avoir de souvenirs » comme il dit !
Nous sommes en 1938 : l'Allemagne nazie vient d'envahir l'Autriche.
À Vienne, Freud âgé et malade, inquiet et torturé pour sa fille qui vient d'être emmenée par la Gestapo, reçoit la visite chez lui d'un Inconnu.
Entre Freud, tel Saint Thomas qui ne croit que ce qu'il voit, et l'Inconnu va s'établir un dialogue d'une intensité étrange au cours duquel sont évoquées les grandes questions philosophiques : conscient et inconscient, le Bien et le Mal, la liberté de l'Homme face à la Toute Puissance de Dieu, la foi (« la foi doit se nourrir de foi, non de preuves), intuition et raison.
Avec des phrases choc telles que : « Il fut un temps où l'orgueil humain se contentait de défier Dieu ; aujourd'hui, il le remplace. »
Toute la scène 8 est d'une rare intensité, un moment d'anthologie.
Un texte magnifique, riche d'un humour subtil malgré le tragique de la situation.
Par exemple devant le cancer dont souffre Freud, l'Inconnu lui dit :
« Malade…, le vilain mot, comme un coup de main que la santé donnerait à la mort ! »
Et Freud d'ajouter pour sa fille : « Vois-tu Anna, le drame de la vieillesse, c'est qu'elle ne frappe que des gens jeunes.
EES avec le talent qu'on lui connaît nous offre des dialogues somptueux, en toute simplicité, et avec habileté captive son lecteur dans ce thriller d'un autre monde qui devrait être étudié dans les lycées si ce n'est déjà fait.
« J'ai fait l'homme libre dit l'Inconnu.
Libre pour le mal ! répond Freud.
Libre pour le bien comme pour le mal, sinon la liberté n'est rien, dit l'Inconnu. »
Bien sûr, EES ne pouvait oublier Mozart et fait dire à l'Inconnu :
« Mozart, à vous faire croire en l'homme… »
Cette pièce a été créée en 1993 à Paris et reprise en 1998. Avec un succès qui ne s'est jamais démenti.

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Belle réflexion sur la présence ou pas de Dieu dans nos vies. À travers Freud, personnage mythique et athée, on sent un questionnement sur le sens de la vie par le biais de cet étrange personnage coloré, le Visiteur. On donne au Visiteur l'identité que l'on veut selon le sens que l'on prêtre aux réflexions. S'agit-il de Dieu, d'un magicien, de l'inconscient de Freud?
Personnellement, ce discours possible avec Dieu n'a pas nourri ma vision plutôt agnostique du monde. C'est beau, c'est bien écrit. C'est une pièce de théâtre qui doit être très intéressante à voir. Les personnages sont intenses et bien campés dans leur vision du monde. Intéressant.
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Encore un coup de coeur chez Schmitt. Une pièce de théâtre très vite lue.
4 personnages : Freud, Anna sa fille, un nazi et un inconnu. La pièce se déroule sur une soirée dans le cabinet du Docteur Freud.
Un témoignage sur ce qui se joue, cette page d'histoire dramatique, sur la possibilité de fuir, les valeurs, les convictions que vont mettre à mal cet inconnu qui fait irruption chez Freud. Que représente –t –il ? Au-delà de se poser la question de son identité qui nous fait partir d'une pensée à l'autre dans un questionnement incessant, l'auteur nous pousse à nous interroger sur ce qu'est l'homme, ce que représente Dieu,sur la responsabilité de nos erreurs… Un joli texte où Éric-Emmanuel Schmitt ose, comme à son habitude, mais ici nul autre qu'un dialogue entre Freud et … Dieu.
Un joli moment.
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Quand Freud rencontre Dieu...

on aime!
Lien : http://blogoculture.com/2010..
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