Les guerres de mon père

Livre hommage, livre d'amour à un père : une couverture à la complicité tendre, une post-face qui promettait de lire une fille qui découvre l'homme derrière le papa tant aimé, de s'émouvoir de ses guerres intérieures et de celles qu'il a réellement vécues.

Ainsi ai-je projeté sur l'écran de mes envies littéraires des émotions, la richesse d'un témoignage et une photographie de l'Histoire, tout en même temps.
L'intention de l'auteure était sans doute celle-là même, au-delà de son projet personnel. Mais je l'ignore tant l'écriture nous met à distance de tout.
On sent le besoin de recherches, d'accumuler rigoureusement des détails, de retracer un parcours. C'est une enquête, une quête intime dont je me suis sentie exclue. Des feuillets qui se succèdent sans se suivre. Un méli-mélo de clichés du passé qui s'entassent dans un album souvenir et qui nous est froidement livré.

Je suis déçue de ne pas avoir réussi à pénétrer ce récit qui m'attirait pourtant beaucoup. Je n'y ai simplement pas trouvé la beauté des sentiments que j'y cherchais.

Attiré par la teneur du texte figurant en quatrième de couverture qui laisse présager un récit fort en émotions, j'ai très rapidement déchanté du fait d'un récit plus que banal dans le style et d'un décalage entre la dimension dramatique annoncée et la réalité des faits décrits. Certes il y a eu souffrance chez un enfant devenu père à son tour et qui a focalisé toute l'intensité de sa capacité à aimer sur sa fille. Mais les traumatismes qu'il a vécu, n'ont d'acuité que de par leur perception par l'intéressé qui, lui-même, évite de parler des choses qui "fâchent". Car bon nombre de personnes ayant vécu la même époque et ses tourments associés ont connu des situations beaucoup plus terribles et glaçantes. A l'examen, la douleur la plus intense est celle de l'auteur qui manifestement n'a pas fait son deuil d'un père très aimé au comportement parfois irrationnel. Effet de compensation ?
Colombe SCHNECK ne parvient pas à communiquer la force de ses sentiments dont je ne remets pas en cause la nature et l'intensité. Son style décousu, ses propos parfois militants à travers des comparaisons indues entre des faits passés et des situations contemporaines m'ont dérangé. Sa narration est dépourvue d'âme car son choix des mots repose manifestement sur un cri plus que sur le soin de traduire la profondeur des choses.
Un ouvrage aux accents parfois œdipiens que j'ai lu jusqu'au bout mais dont, finalement, la lecture ne m'a rien apporté y compris sur le plan émotionnel. Terriblement banal ! Dommage !