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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La gloire de mon père

Colombe Schneck est partie sur la trace d'un père qui avait pris soin d'occulter son passé. Pour lui rendre hommage et pour l'Histoire.

« Il m'a fallu vingt-cinq ans pour être capable d'affronter ce qu'il cachait. Il avait honte et nous avions honte, il était coupable et nous étions coupables, il manquait quelque chose, je ne savais pas quoi, ma seule certitude d'enfance était que son amour était aussi indéfectible qu'irremplaçable.
J'ai cherché de manière absurde, partout, son amour et son passé.
Conversations oubliées, notes perdues, dossiers administratifs, archives publiques. »
La confession qui ouvre le nouveau livre de Colombe Schneck nous livre aussi le mode d'emploi de la romancière. Ce n'est en effet pas uniquement avec ses souvenirs et les témoignages de la famille et des proches, mais aussi en généalogiste et en archiviste qu'elle est partie à la recherche du véritable visage d'un homme qui offrait à sa progéniture « un amour sans limites. Seules semblaient compter pour lui la beauté et la bonté. Il était prêt à nous laisser sans armes, dans l'illusion. Il suffisait de fermer les yeux. Nous étions des exilés sans mémoire s'accrochant aux joies du présent. » À l'image de cette photo de vacances sur le bandeau de couverture où Colombe trône sur ses épaules. Une joie de vivre et une insouciance qui ne sont pas feintes, mais qui sont nées d'un passé qu'il cherchait à oublier, à occulter.
La vérité, c'est qu'il « avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l'humiliation et à la peur, à la honte, à l'exil, à la perte encore; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l'inhumanité. Face aux guerres, il avait construit un état de résistance, refusant l'amertume et la désolation, la plainte et la tristesse, la nostalgie. Il venait de pays qui ont disparu et dont il subsiste si peu de traces. Il était facile de nous faire croire qu'"avant n'existe pas" ».
Voilà donc la généalogiste remontant l'arbre généalogique – qu'elle a eu la bonne idée de reproduire au début du livre – pour essayer de mieux comprendre qui sont les personnages rencontrés au fil de cette enquête.

À la première génération, celle de ses parents, on imagine ce que le romanesque d'une histoire proche du «Jules et Jim» de Henri-Pierre Roché a pu être accompagné de frustrations et de non-dits, même si l'arrangement entre les deux amis se partageant la même femme semblait avoir eu l'assentiment de la grand-mère parternelle et de son second mari. Voici donc Pierre présentant son épouse Hélène à son ami Gilbert. Ce dernier, le père de Colombe, tombe immédiatement amoureux d'elle et finira par l'épouser. le couple aura trois enfants, Antoine, Colombe et Marine.
Avant de revenir à Gilbert, qui est le personnage central de ce livre, remontant une génération de plus,celle des grands-parents. Cette fois, on se rapproche du Romain Gary de «La Promesse de l'aube» avec Majer, L'increvable Monsieur Schneck, et Paula: « Paula Hercovitz, la mère de Gilbert, ma grand-mère paternelle, est née à Bistriţa le 14 juillet 1909, une petite ville de la Transylvanie hongroise. le père de Paula, comme 138 juifs de Bistriţa, s'engage en 1914 dans l'armée hongroise, il est tué en 1915. À sept ans, Paula est orpheline de père. Par le traité du Trianon, la Transylvanie devient roumaine. À l'âge de dix ans, Paula la petite Hongroise change de nationalité, de langue. Elle parle allemand, yiddish et hongrois, elle doit apprendre le roumain et une nouvelle forme d'antisémitisme, le modèle hongrois est plus feutré, presque invisible, l'antisémitisme roumain est lui violent, visible, physique. En 1922, la famille Hercovitz fuit vers la France. Qui est-on, quand on apprend dès l'enfance que rien ne reste? Qu'il faut toujours être prêt à tout perdre, même sa langue maternelle? Rien, même les murs d'une maison, une liste de camarades de classe, des habitudes, des goûts, rien ne tient. À Strasbourg, Paula devenue Paulette a suivi un cours de secrétariat ainsi qu'une école ménagère tandis que Majer, devenu Max devient voyageur de commerce pour un grossiste en porcelaine et cristal.
C'est dans cette France qui n'a pas encore pris la juste mesure des périls qui montent que naît Gilbert. le petit garçon va très vite comprendre que le principe d'incertitude est durablement ancré dans la famille et, lié à ce dernier, le besoin de fuir, de chercher un abri ailleurs.
C'est alors à l'archiviste de prendre le relais, de rechercher dans les administrations les documents et les noms des acteurs qui sont alors intervenus pour aider ou au contraire pour nuire à la famille. Si certains lecteurs seront rebutés par la transcription brute de ces dossiers, lettres et fichiers, on sent combien le devoir de mémoire l'emporte ici sur le souci d'écriture. Et ce qu'elle trouve est édifiant, met quelquefois du baume au coeur sur des blessures encore vives ou ravive le chagrin et la colère. Faisons ici le choix de citer les Justes, ces personnes qui ont rendu possible la survie de Gilbert et, par voie de conséquence, rendu possible la naissance de l'auteur. Merci à Charles Schmitt, directeur de l'école communale de Nontron, merci à Marguerite Eberentz, du réseau de Résistance de la préfecture de Périgueux et merci aux anonymes habitants de Trélissac.
Grâce à eux, Colombe peut rendre hommage à son père et, se faisant, ajouter à son travail d'archiviste et de généalogiste, celui d'historienne.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Comme souvent avec la littérature française contemporaine, une impression mitigée à la lecture de ce livre.

Je gardais le souvenir de Colombe Schneck par sa participation à Nulle Part Ailleurs, que je regardais à l'époque tous les soirs. Je me rappelle avoir été heureux de voir mis en avant une jeune femme intelligente, qui n'existait pas à l'écran que par son physique, contrairement à ce qu'avait l'habitude de pratiquer la télévision. J'ai souvenir d'interventions pertinentes et drôles également sur la littérature et les médias. J'avais donc envie de voir quelle auteure elle avait pu devenir, et j'ai donc sollicité Net Galley pour découvrir son dernier roman. Merci à eux et aux éditions Stock de me l'avoir permis .

J'ai donc pu comprendre que son chemin de littérature était marqué par la volonté de redécouvrir l'histoire de sa famille pour mieux comprendre la sienne. Une sorte d'auto fiction généalogique. Cette volonté de partir de soi et de son histoire est une tendance majeure de la littérature française, et pas seulement contemporaine (regardez Proust). Je ne suis pas forcément client de ce genre de littérature mais je m'y confronte de temps en temps et la volonté de lire cette auteure était l'occasion.

Le choix de départ est ici intéressant, d'abord parce que l'histoire familiale de Colombe Schneck croise la grande Histoire de la France contemporaine, des deux guerres mondiales à la guerre d'Algérie, d'où le titre du roman. L'idée de s'appuyer sur les archives afin de ré imaginer le passé mais en se basant sur une réalité concrète est aussi plutôt bien trouvée. J'ai pensé à Ellroy et à ses recréations d'archives pour la trilogie Underworld USA, même si je pense qu'ici elle ne recrée pas mais bien qu'elle restitue.

Et c'est peut-être là le souci, on se retrouve plus face à un récit que face à un roman. A force de références et de recherches et même si le travail d'écrivain est nécessaire pour donner vie à ses archives et souvenirs, on assiste parfois plus à un travail de documentaliste que d'auteure. Et on éprouve aussi une impression de ressassement, comme si Colombe Schneck ne parvenait pas à sortir de cette généalogie qui l'emprisonne tout autant qu'elle sert de base à sa littérature. Elle exprime d'ailleurs très bien ce double mouvement quand elle décrit l'influence de tout ce passé sur sa construction en tant que femme.

Cela donne une lecture avec des moments de grâce et des moments où l'énergie retombe, inégale sans doute parce que profondément personnelle. Gageons qu'avec le temps il ne restera que la beauté des pages évoquant un père absent retrouvé par l'écriture.
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Quand on dit qu il y a ses gens qui ont une vie digne d'un roman c 'est le cas du père de Colomba Schneck
Un roman qui se passe sous l occupation comme tant d autres
Ce livre est intéressant pour son coté biographique et historique.
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Il y a des livres qui ne peuvent être critiqués - sur le fond en tout cas. Ce sont des livres qui parlent d'amour, celui d'un enfant pour son/ses parent(s) notamment. Que pourrait-on dire en effet? Sur quoi pourrions-nous nous prononcer ? Je n'ai donc rien à dire sur le fond de ce livre. En revanche, la forme, elle, peut recevoir ma critique. Et c'est elle que visent mes mots.

Je n'ai pas été sensible à ce livre. Je n'ai pas apprécié sa construction, son style, son écriture. Je n'ai pas réussi à être touchée, émue, éblouie. Je suis restée loin de tout, froide, presque indifférente. Ce livre, décousu à mon sens, manque de cette âme qui rend sensible et vivant l'amour raconté. Je n'ai rien ressenti. Rien. Dommage.
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Colombe Schneck est une auteure qui a beaucoup écrit sur son histoire familiale. Ici, elle part sur les traces de son père Gilbert Schneck, décédé il y a vingt-cinq ans.

Elle nous relate en détail son enquête pour reconstituer l'histoire de son père, ses recherches aux Archives Nationales sur ce qu'il a subi avec ses parents pendant la seconde guerre mondiale, ses recherches sur ceux qui l'ont caché et sauvé, elle parle de l'épreuve de son exil en Dordogne à sept ans qui faisait écho à l'exil de ses parents. Elle relate ses échanges avec son oncle maternel qui était le meilleur ami de son père, ses rencontres avec des amis de son père et avec certaines de ses nombreuses maitresses. Elle part sur les traces de son grand-père paternel Max un homme "aux origines incertaines, aux traces effacées dans des pays qui n'existent plus.", elle semble même obsédée par la mort de Max, assassiné en 1949 alors que Gilbert n'avait que seize ans, elle enquête sur ce fait divers national qui avait fait les gros titres racoleurs de la presse à l'époque, Max aurait été assassiné par son amant et son corps coupé en morceaux transporté dans une valise... Une disparition source de scandale et de honte pour la famille et qui fera toujours l'objet d'un silence familial pesant. "Tristesses, hontes, humiliations, peines restent cachées, non dites, non écrites."
Elle raconte aussi son père médecin fraichement diplômé confronté durant trente mois à la guerre d'Algérie où il avait en charge les personnes torturées par l'armée française.

Ce texte est visiblement un livre thérapie pour Colombe Schneck qui doit enfin accepter la mort de son père, affronter ce qu'il cachait, accepter de vivre sans lui et d'être aimée sans lui. Il n'a pas été facile pour elle de se construire avec un père théoricien de l'infidélité qui a passé sa vie à fuir, lui offrant un modèle masculin dont il lui a été difficile de se débarrasser. Elle a eu du mal à accepter d'être aimée... "Vingt-cinq ans pour l'accepter, il est mort, il ne reviendra pas, je peux enfin le pleurer et recommencer à vivre entièrement", "Je ne consens à être aimée que par ceux qui me trompent, m'oublient, rejetant à mon tour ceux qui m'aiment avec bonté. Ils ne sont pas mon père, ils ne seront jamais à la hauteur"

L'histoire de cette famille est intéressante mais j'ai peiné dans la lecture de ce livre, noyée sous une multitude de détails, de noms, de rapports qui m'ont rendu la lecture difficile et qui m'ont parfois ennuyée... Un rendez-vous manqué avec cette auteure dont la plume assez journalistique ne m'a pas particulièrement séduite. Peut-être aurai-je mieux apprécié ce récit si j'avais lu ses précédents romans sur son histoire familiale...

Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Voilà le livre d'amour d'une fille pour son père, un père qui a traversé bien des épreuves dont deux guerres, qui a souffert de l'antisémitisme et d'un père absent.
Ceci dit, le livre est un peu confus, et le style ran plan plan.

Et pourquoi écrire page 323 : "comment penser l'humiliation vécue par les musulmans (...), la peur du retour de l'antisémitisme, l'antisémitisme qui se fond dans l'antisionisme, l'antisionisme qui n'est qu'une forme nouvelle de ce qu'il a déjà vécu (...)" ?
C'est choquant de voir confondus ici l'antisémitisme, qui est évidemment abject, et l'antisionisme, qui est un refus politique de l'expansion de l'État d'Israël au dépend des Arabes.
Cette phrase n'est qu'un détail dans un livre par ailleurs très attachant, mais c'est dommage.
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Ce récit est très bien documenté. L'auteure s'appuie sur des documents d'archives, des pièces officielles (registres, rapports, …) qu'elle nous livre en détail, de même que ses sources bibliographiques.
Elle nous apporte des informations intéressantes sur la résistance en Dordogne, la collaboration (elle n'hésite pas à citer des noms de préfets très compromis). Elle remonte dans le passé, recherchant des traces du crime commis contre son grand-père, parvient à retrouver des rapports sur le jugement de l'assassin et rétablit ainsi la vérité.
De même, elle enquête sur les pratiques de l'armée française en Algérie, en consultant en particulier les archives militaires.
L'auteure s'interroge sur le bien et le mal, la guerre .. et va même jusqu'à remercier les justes qui ont sauvé son père encore enfant.
C'est un livre émouvant dans lequel Colombe Schneck n'hésite pas à exprimer sa colère, son indignation, mais aussi son amour pour son père, cet homme dont la mort a bouleversé sa vie. Elle garde de lui le souvenir d'un homme toujours souriant, attaché à garder les bons souvenirs et à oublier les mauvais. Un homme qui disait souvent « il ne faut pas parler des choses qui fâchent ».
Un homme qui aimait le beau, et s'entourait d'objets de luxe, comme pour conjurer la laideur qu'il a côtoyée une partie de sa vie. Un homme généreux, qui a tu toute sa vie la honte, la violence et l'exil.
Seules critiques : des remarques quelquefois un peu naïves et subjectives. Quelques répétitions.
A noter : Colombe Schneck est la nièce de Pierre Pachet, écrivain, fils du scientifique François Pachet, connu pour son implication dans la revue « La Quinzaine littéraire ».
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Comment accepter la mort de son père, affronter ses secrets, ses manquements, accepter de vivre sans lui et de continuer son chemin sans cesse se retourner ?
Questions essentielles face au deuil, à la perte, notamment quand le père n'est pas tout à fait conforme à l'image qu'on aimerait garder de lui. Difficile de se construire en tant que femme face aux autres hommes, ceux qu'on aime et qui trichent, les champions de l'infidélité et ceux qui sont en permanence dans la fuite.
Mais, aussi juste que soit l'écriture d'un roman, n'est-ce pas un sujet trop intime pour être ainsi livré aux lecteurs ? Colombe Schneck a-t-elle réussi sa thérapie, a-t-elle enfin trouvé la paix ? Je me pose la question de savoir si le lecteur doit être confronté à l'intime, si l'histoire familiale doit être racontée ainsi, de manière si crue et sans filtre. D'autres l'ont fait (et le feront), peut-être avec un peu plus d'élégance et d'apaisement ?
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Faire le deuil de son père en allant à la recherche de son passé, et comprendre qui fut cet homme aux multiples fêlures : voilà ce que Colombe Schneck entreprend avec ce livre cathartique. « La littérature nous a sauvés et nous a aussi protégés de ceux qui jugent sans comprendre. »

Veritable hommage à son père disparu trop tôt, ce récit intime, construit telle une enquête, nous emmène à travers les non dits familiaux et les archives de différents services publics, dans ce que fut le destin de milliers d'immigrés juifs d'Europe de l'Est. Famille atypique qui passa à travers les rafles de la Gestapo ou de la Police française grâce à la générosité de certains français (le zèle des autres n'en est pas occulté pour autant).
Gilbert taira toute sa vie sa jeunesse, celle de l'occupation et surtout celle de la guerre d'Algérie, où devenu jeune médecin, il tentera de soigner les corps et les armes des hommes et femmes torturés par l'armée française. Celui qui « avait survécu aux destructions et aux rafles, aux morts injustes et à la torture, aux terreurs, à l'humiliation et à la peur, à la honte, à l'exil, à la perte encore ; il avait été confronté, enfant, adolescent, jeune homme, à la violence et l'inhumanité. »
Cet homme devenu ce père aimant et généreux, mais chantre de l'infidélité marqua tant sa fille, qu'il ne fallut pas moins d'un quart de siècle pour que l'autrice se débarrasse de l'image masculine familiale et accepte d'être aimée différemment par un homme. "Vingt-cinq ans pour l'accepter, il est mort, il ne reviendra pas, je peux enfin le pleurer et recommencer à vivre entièrement. »

L'histoire de cette famille est intéressante, parfois émouvante mais l'énorme travail de recherche ainsi restitué nous noie de temps en temps dans des détails et des redondances inutiles. Dommage !
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L'auteur rend hommage par ce livre à son père et cela le rend attachant. On sent plein d'amour. On sent aussi le poids de l'Histoire, et il est clair que de nombreuses recherches soutiennent ce récit.
Cependant, c'est assez confus, le style n'est pas très fluide, et j'ai eu du mal à accrocher.
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