AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 110 notes
5
9 avis
4
16 avis
3
12 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Pendant les cinq ans de l'Occupation, Gilbert a rencontré ce qu'il y a de meilleur et de pire dans l'humanité. de toutes ses forces, il a décidé qu'il ferait semblant d'oublier le pire et se tournerait vers le meilleur.
Ces héros l'ont porté tout au long de sa vie. »

L'histoire de Gilbert est si mystérieuse pour Colombe Schneck, que vingt-cinq ans après sa disparition, elle part sur les traces de ce père tant aimé. Dans les archives et avec sa grand-mère, Colombe fouille, interroge et découvre la vie d'exil et de rejets de sa famille paternelle. Des Juifs hongrois, qui pour certains comme Gilbert, ont survécu grâce aux Justes périgourdins et occitans.

Une période terrible expliquant pourquoi son père, chirurgien brillant et joyeux, portait en lui une angoisse profonde et un sentiment d'illégitimité. Mais pas seulement. Gilbert a eu à faire d'autres guerres. La guerre d'Algérie avec ses saloperies des deux côtés. La guerre contre la honte de la mort de son père. La guerre avec Hélène, sa femme qu'il aimait à sa façon, sans exclusivité, ce dont elle souffrit énormément. Il était comme ça Gilbert, généreux, bon et tendre, mais avec trop de gens, trop de femmes.

Voilà un bel hommage rendu à un père, à ses proches et à ceux qui les ont aidés. Colombe Schneck, profonde et émouvante, nous emporte dans les grands tourments de l'histoire pour retracer leur passé. Tout en s'interrogeant sur ce qu'est être juif, ce retour en arrière parait indispensable pour qu'elle s'autorise enfin, à rebours de son père chéri, longtemps après sa disparition, à vivre pleinement, à aimer et à être aimée.

Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Commenter  J’apprécie          764
Cela fait plusieurs années que je souhaite lire une oeuvre de Colombe Schneck que j'aimais entendre à la radio dans ses chroniques et dont la personnalité a toujours piqué ma curiosité.

"Les guerres de mon père" est le premier titre que je découvre mais je crois savoir qu'il réunit beaucoup des enjeux qu'elle place dans l'écriture : mieux connaître l'histoire de sa famille pour mieux la comprendre, pour entretenir sa mémoire et surtout pour tirer de ses expériences un sens à sa propre existence.

Partant de là, son style est fatalement très personnel, tout comme son sujet est intime. Ici, la frontière entre l'auteur et le narrateur est quasi inexistante. de sa famille juive dont les origines se situent "dans des pays qui n'existent plus", aux confins de l'Ukraine, de la Hongrie, de la Roumanie et de la Pologne, Colombe - au prénom prédestiné - cherche à apaiser le passé à multiples visages en rendant hommage à chacun de ses membres. Une famille marquée par l'exil et la migration.

Dans la forêt généalogique ainsi explorée, a vécu un arbre noble, peut-être un chêne, d'abord robuste puis rendu frêle par différentes calamités (humaines, pas naturelles) : Seconde guerre mondiale, l'Occupation, la vie cachée, secrète, la Résistance ; mort du Père, mystérieuse, violente, honteuse ; guerre d'Algérie, l'illusion coloniale, la torture, la culpabilité. Cet arbre, c'est Gilbert Schneck, son père. Colombe a follement aimé Gilbert et a été follement aimée par Gilbert. A travers ce roman-quête, moitié chronique, moitié documentaire, elle se livre énormément en dévoilant la personnalité de son père. le récit est touchant, souvent émouvant.

J'ai ressenti de nombreuses émotions fortes au cours de ma lecture. D'abord parce qu'il est rare qu'un lecteur puisse rester indifférent au spectacle inlassablement retracé des séquelles du nazisme, ou de la guerre en général, quel que soit son nom. Ensuite, et à ma grande surprise, peut-être ai-je également été émue par le fait que mes grands-parents portent les mêmes prénoms que les parents de l'auteure, Gilbert et Hélène, et sont nés comme eux en 1932. Au fil des pages, je n'ai ainsi pu m'empêcher de juxtaposer en filigrane le visage de mes grands-parents sur ces deux personnages, et bien que n'étant pas juifs, eux aussi ont vécu ces conflits et ces traumatismes. Enfin, j'ai eu la sensation de replonger dans l'atmosphère du roman-enquête de Patrick Modiano, "Dora Bruder", que j'avais beaucoup apprécié.

Mes seuls reproches concernent le style en lui-même, je l'ai trouvé globalement trop égocentré même s'il reste plaisant à lire, et paradoxalement, alors que la trame est chronologique, j'ai parfois jugé la narration dispersée.


Challenge PLUMES FEMININES 2018
Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge ABC 2017 - 2018
Commenter  J’apprécie          444
Colombe a eu un père solaire, gai, enthousiaste.
Des années après sa mort elle entreprend de raconter sa vie, car derrière le rayonnement dont il l'a entourée, elle a senti une angoisse profonde, un sentiment illégitimité qui a profondément marqué cet être d'exception.
Elle veut savoir, comprendre pourquoi elle craint tant d'être aimée et d'aimer.
Ce retour sur l'histoire profonde de ce père chéri va certainement l'aider à s'accepter enfin.
Un magnifique éloge de ce père exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          210
Touchant et émouvant récit, un récit aux allures d'enquête; Colombe Schneck tente de comprendre ses origines, de retracer le passé sa famille, de ses grands-parents et de ses parents qu'elle nous restitue chronologiquement, en s'appuyant sur les archives administratives quand on lui permet d'y accéder, en faisant appel à la mémoire des membres de sa famille encore en vie au moment de l'écriture de ce récit, ravivant les souvenirs de ceux qui ont connu sa famille de près ou de loin, ses propres souvenirs et sondant les lieux, témoins de leur passage.

Un roman-enquête, mais un roman-quête également, celle de la résilience, de la réparation. Avec ses mots, elle répare les blessures faites à son père, à sa famille.

Aux notes intimistes, se mêlent des notes universelles, à la petite histoire, la grande Histoire. Colombe Schneck, éclaire, comme tant d'autres avant elle, sur les horreurs des guerres, les traumatismes, les fractures qu'elles laissent derrière elles, et qui sans cesse recommencent, comme si nous étions incapables de tirer les leçons du passé.
«Les éclairs de l'indignation, les mains sur le coeur, les plus jamais ça, pas après le nazisme, pas dix ans après la victoire des démocraties alliées, le monde a changé, la liberté a gagné, le respect des peuples, le modèle de notre République française, le pays des droits de l'homme, des résistants, l'humanité de nos soldats, rien, tout cela n'est qu'un paravent.Et si l'égalité des droits, la liberté individuelle, le respect de la personne ne concernaient que l'homme blanc ?»
Elle évoque les guerres de son père, enfant, à Périgueux, traqué par les nazis pendant la Seconde guerre mondiale, jeune adulte, à Sétif, devenu médecin, rongé, dévasté par les souffrances, les atrocités engendrées par la Guerre d'Algérie. Elle nous raconte aussi les autres guerres, de son père, plus intimes celles-ci, celle de l'humiliation, et celle de son couple.
Ce père était tout pour elle, un être charmant, généreux, aimé et aimant, éternel optimiste, qui pensait que l'on pouvait toujours repartir de zéro, qui aspirait à laisser de côté les choses qui fâchent et qui lui témoignait un amour immense. Sa disparation a été un choc et vécue par Colombe comme un abandon. Vingt-cinq après sa mort, ce récit sonne comme libération. Comme si il était temps pour elle, d'apprendre à vivre sans lui désormais. Elle lui rend un très bel hommage.

Avec une certaine rage, Colombe Schneck évoque, interroge sur l'obéissance et la désobéissance en temps de guerre. le pilier de l'institution militaire est l'obéissance, le devoir de soumission des soldats à leur hiérarchie. Mais qu'en est-il de ce devoir quand les ordres donnés vont à l'encontre du bon sens ? Quid du devoir de désobéissance ? le mal est partout, s'immisce en chacun de nous, d'autant plus facilement, je le suppose, quand notre propre vie est en jeu.
Tuer, violer, piller, torturer ... violenter, assassiner sans restriction aucune, telles furent les ordres donnés à la "Phalange nord-africaine", dont les membres ont commis des crimes en Dordogne durant l'année 1944, pour le compte de la Gestapo. Qu'en est-il aussi des tortures commises par les troupes françaises en Algérie ? Occultées, tues, niées...Des passages douloureux à lire dans ce récit.
«Combien cette capacité à ne pas obéir, qui conduit à la solitude, est rare, combien cela est effrayant de reconnaître que nous sommes tous, sauf exception, capables de faire le mal par peur de l'exclusion.»
Une plume sensible et profonde, un texte bien construit, un récit personnel, un récit universel qui ne laisse pas indifférent.

Un bel hommage à tous ceux qui se sont retrouvés sur des listes et dont la vie fût le résultat du hasard et de l'exil, et à tous les héros qui ont risqué leur vie pour sauver les persécutés.

Merci Colombe Schneck.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          184
Autre ouvrage de la rentrée littéraire de janvier 2018 découvert en avant première grâce à net galley et cette fois, les éditions Stock : Les guerres de mon père de Colombe Schneck.
Ce n'est pas un roman, mais un ouvrage très personnel d'une fille sur son père. Ce dernier est décédé alors que l'auteure sortait de l'adolescence. Ce décès a bouleversé sa vie et l'a plongé dans une profonde solitude, lui interdisant quelque part d'aimer et être aimée.
Les guerres de mon père parle donc d'elle, de son père. Elle cherche des réponses sur lui, sur ce qui l'était, sur ce qui le faisait avancer...
C'est un témoignage fort, elle se pose des questions, cherche des réponses. C'est bien écrit et très touchant.
Comme à chaque fois que je lis ce genre d'ouvrage très personnel je suis un peu mal à l'aise. J'aime le genre toutefois il est facile de se trouver un peu voyeuse et d'être gênée de rentrer ainsi dans l'intimité d'une auteure et ses proches.
J'ai découvert Colombe Schneck et j'ai apprécié sa façon d'écrire, toute cette réflexion, ses recherches sur son père... Intéressant, touchant, et réussi.
Je ne me suis pas trop senti de trop, ça va, car même si on entre dans son intimité, je ne me suis pas vraiment sentie de trop, c'est accessible même pour ceux qui ne connaissant pas son père ou même elle-même.
Les guerres de mon père est un joli ouvrage, à qui je mets quatre étoiles.
Commenter  J’apprécie          140
Je pense que l'auteur nous offfre son meilleur livre. le sujet est peut-être "classique" et, elle nous livre un beau portrait de son père tant aimé et qui malgré les silences, les peurs, les angoisses a toujours choisi de vivre sa vie même au détriment des sentiments des êtres chers. C'est également un formidable et complet travail d'enquète sur la seconde guerre mondiale et la guerre d'Algérie où j'ai beaucoup appris.
Commenter  J’apprécie          131
Récit-enquête sur un père adoré bien trop tôt disparu. Et si le sourire et une certaine forme de légèreté n'était qu'une manière si élégante de dissimuler les drames et le chagrin ?
Au fil de ses découvertes, Colombe Schneck retrace les épisodes les plus sombres de l'Histoire d'une France qui arrêtait ses enfants car juifs. Elle dit et surtout rend hommage dans un formidable élan vital à tous les héros anonymes qui, dans l'ombre, ont caché, aidé, pris des risques pour sauver autrui.
D'une plume qui fait le grand équilibre entre l'égo-écriture et la recherche historique, l'auteure arrive à trouver un ton juste entre l'intime et le public, la légèreté et la profondeur.
Commenter  J’apprécie          110
« Les parents doivent tout à leurs enfants, leurs enfants ne leur doivent rien. La peur des parents est un fardeau inutile pour les enfants. »

Dans « les guerres de mon père » Colombe Schneck fouille le passé de Gilbert.
Gilbert Schneck, son père, mort trop jeune, et qui s'efforçait constamment de faire croire que la vie était belle alors qu'il avait traversé guerres, violence, exil et honte.
Une plongée dans la vie d'un homme généreux, d'un homme qui aimait sans concession sa fille, qui s'évertuait à rendre tout idyllique et ne dévoilait jamais les parts d'ombres de son passé.
Qu'a donc vraiment vécu ce père si parfait (et ce mari si imparfait) ?

Pour retracer cette vie, Colombe Schneck va s'immerger dans les archives et forcer la parole de son entourage.
Gilbert aura été un enfant juif caché, un adolescent dont le père sera assassiné, un jeune médecin dévasté par la guerre d'Algérie.

Une enquête familiale au travers de laquelle on suit l'histoire de notre pays, les horreurs qui vont avec (le zèle de l'administration de Vichy, les tortures de l'armée française en Algérie) et l'héroïsme de quelques français ordinaires.

Un récit de l'intime à la fois personnel et universel.
Commenter  J’apprécie          90
J'avais découvert Colombe Schneck pour la première fois avec "La réparation", le sujet abordé avait résonné en moi, m'avait véritablement intéressé mais.. ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. "Les guerres de mon père" suivra sans doute le même chemin, il est vrai que l'histoire personnelle et familiale de Colombe Schneck mérite à mes yeux d'être racontée, elle est riche de profondeur, de complexité, de silence.. et donc propice à développer des récits. La généalogiste que je suis à mes heures perdues salue son travail de recherche. J'ai passé un agréable moment de lecture, cependant il manque quelque chose à ce roman, la dimension fictive gagnerait peut-être à être développée pour donner encore plus d'ampleur à l'histoire, mais je ne me suis pas renseignée quant au but de Colombe Schneck avec ce livre, est-ce une véritable autobiographie ou une autofiction ? Dans les deux cas, son roman mérite le détour pour quiconque s'intéresse à L Histoire, en parlant de son père Gilbert Schneck, c'est sur une époque historique qu'elle revient, celle du XXème siècle.
Commenter  J’apprécie          60
« Le passé n'existait pas, seul le présent comptait.
Il répétait:
Il ne faut offrir que de beaux souvenirs.
Ou encore:
Ne parlons pas des choses qui fâchent. »

Ces quelques mots que l'on trouve sur la première page du roman de Colombe Schleck pourraient parfaitement résumer l'homme que fut Gilbert Schneck. Dans ce texte l'autrice rend un très bel hommage à ce père disparu bien trop tôt, à l'âge de 58 ans, et dont elle a mis 25 ans à comprendre et à accepter le décès. Grâce à une belle plume, empreinte de tendresse et de nostalgie, nous découvrons ce personnage résolument positif, bien décidé à savourer chaque instant de son existence et occultant en toute conscience ce qui pourrait la ternir ou en ôter la saveur.
Pourtant, ce texte nous révèle aussi ses failles: son inconstance, ses infidélités et surtout « ses guerres » et ses blessures liées à son histoire, tout autant qu'à « la grande Histoire », et qu'il s'est toujours efforcé d'enfouir et de masquer. Il a tenté ainsi de vivre pleinement et d'offrir à ceux qui l'entouraient et particulièrement à sa fille, ces « beaux souvenirs » qui l'accompagnent encore aujourd'hui. Un homme que l'on aurait aimé rencontrer, dépeint par un très beau témoignage et le reflet d'un amour filial que ni le temps ni la mort ne parviendront à altérer.
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (286) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz spécial féminisme Rencontrer Barbe Nicole la veuve Clicquot

Quel est l'équivalent plus connu du prénom Barbe ?

Babeth
Barbara
Badra
Bach

14 questions
1 lecteurs ont répondu
Thème : Rencontrer Barbe Nicole de Créer un quiz sur ce livre

{* *}