D'abord peu séduite par le titre, je me suis laissée embarquer à Chuqui-Chuqui (Bolivie) au bord du Rio Chico, lieu de l'enfance d'Azul et point de départ de sa migration vers Santa Cruz, puis Rome, puis Paris.
On s'attache vite à ce petit bout de femme qui fonce avec courage et détermination. En deux cents pages, mine de rien,
Colombe Schneck brosse cinquante ans de la vie d'Azul, de sa famille et de l'évolution du pays. Elle procède par flashes, par anecdotes, par notations bien vues de détails du quotidien, par énumérations prodigieuses faisant écho à la luxuriance des senteurs, des couleurs et des saveurs. Il est beaucoup question de nourriture, d'étoffes, de vêtements, de recettes de beauté, de dur travail et de petit commerce, bref de tout ce qui fait la vie, la survie de ces mères courage (Azul, sa mère Ximena, sa soeur Natalia…) et de leurs enfants. Car
Soeurs de miséricorde est aussi l'histoire de solidarités féminines, tissées par delà les continents et les classes sociales. le style est alerte, coloré, vivant, la construction parfois un brin décousue, la fin un peu abrupte, comme si l'auteur avait soudain décidé de passer à autre chose. Un joli livre, plein de foi en la vie.