Je la regardais,songeant que l'une des rares leçons acceptables de l'âge est que le désir ne meurt pas.
Les souvenirs sont comme des post-it.On les griffonne dans le désordre,puis ils vont se coller à d'autres pages de la mémoire et ne ressurgissent que par hasard,coupés de leur sens.
Je n'ai jamais accouché. Beaucoup couché, jamais accouché... Je ne le regrette pas. D'ailleurs, je n'aime pas cette expression : avoir un enfant. C'est dit comme : avoir un rhume. On n'a pas un enfant, c'est lui qui vous a... Et on se perd en lui...
page 229
Il y a des liens dont on ne prend conscience qu'après les avoir rompus. Des êtres qu'on ne possède que pour les avoir perdus. J'ai quitté ton frère. Il ne me quitte pas. Je pense sans cesse à lui.
page 168-169
Elle n'a jamais le temps, la mère, pour rien, et passe tout son temps à ne rien faire et à se plaindre qu'elle n'y arrivera jamais, avec tout ce qu'elle a à faire. Elle a raison : il y a tant à faire, et tant de temps.
page 15
Sa vie brûlée on la devinait à ses silences.
Seul mon frère pouvait revenir comme ça,sans s'annoncer ni dire mot.Comme une ombre,ou,dans les rêves,ceux qu'on a perdus.
« - Tu vas lui écrire cette histoire ? Pourquoi ton frère ? Et maintenant ? – Je ne sais pas bien. Pour lui rendre justice. Ou me faire pardonner quelque chose. Parfois j’ai l’impression ne n’être que son écho, son reflet, son ombre. »
Les êtres les plus proches sont les plus lointains. Leur vérité recule à mesure qu'on cherche à l'atteindre, comme l'horizon quand on navigue sur la mer.
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- Aimer, ne plus aimer, ça ne se commande pas. Maintenant, c'est dans mes rêves qu'il revient. Oublier non plus ne se commande pas. Je croyais y être arrivée quand je t'ai entendu parler de lui à la radio.
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