Cette lettre est pour toi maman. Je t’écris cette lettre avec beaucoup d’amour. Elle est pour toi ma maman d’amour que j’aime au nom d’Allah Azzouajjal [le Très-Haut]. Je pense fort à vous à chaque moment. Tu as été pour moi une bonne maman. Tu es tout ce que j’ai de plus cher au monde après l’islam. Tu es une maman magnifique, Mash’Allah [comme Dieu le veut], et tu le resteras jusqu’au dernier moment. Je te demande pardon pour toutes les disputes. Pardon, si je t’ai fait mal, pardon. Je t’aime, ma petite maman. Ne sois pas triste. Si je regarde en moi, je me rappelle tout ce que tu as fait pour nous, seule sans papa qui a fait sa vie sans se retourner vers nous. Le temps va, tout s’en va, mais pas l’amour que j’ai pour toi. Tu as été à la fois maman et papa.
« Mon fils voulait se marier, c’était clair, sait Véronique. Mais, il paraît que souvent, les femmes sont des cadeaux de guerre, offerts aux étrangers quand ils arrivent en Syrie. » Au moins, Sammy et son épouse peuvent communiquer : il a appris l’arabe, avant même son départ. « Il suivait des cours, il avait l’air de bien s’en sortir, témoigne Véronique. Chez lui, il avait accroché un poster avec l’alphabet. » Elle ajoute : « À tout malheur chose est bonne : peut-être que connaître l’arabe le sauvera, là-bas. »
« Le déclencheur, ça a été la prière que Sean et ses copains musulmans ont faite, ensemble, pour cet ami mort. Je ne sais pas si dans d’autres circonstances, il se serait mis à l’islam, explique Olivier. La mort lui a fait prendre conscience de la spiritualité. De toutes les méditations, celle sur la mort est la plus profonde. Sean avait besoin de trouver sa propre religion : tout le monde aime trouver sa voie, son style. »
Le #bardeleurope reçoit Céline Schoen. écrivaine et correspondante à Bruxelles du quotidien "La Croix". Elle vient de publier "L'Europe des citoyens", des citoyens qui expriment de plus en plus leurs doutes, voire leur désamour, à l'égard de l'Union. (04/2017)