Je redoutais de passer à côté de ce récit, puisqu'il est quand même réputé pour être particulier et dans le délire du roman "d'ambiance". Heureusement, ça a été une bonne lecture et je peux pas dire que j'ai été déçue (je ne m'étais pas donné d'attentes immenses non plus et ça a dû aider).
Ce roman est en effet particulier tant dans son histoire que dans l'angle choisi. L'histoire d'une immortelle que tout le monde oublie, mais qui rencontre, on s'en doutait, quelqu'un qui parvient à se souvenir d'elle. Vous vous doutez un peu de ce qui va suivre : une romance. Bon, premier point qui n'est guèèère surprenant (apparemment, on ne peut lier des vies que par la romance, c'est dingue). La romance en question ne m'a pas plus marquée, mais il faut aussi dire que c'est pas quelque chose que j'apprécie de base. Mais je ne l'ai pas trouvée niannian, donc ça va. Elle ne m'a pas touché non plus (sûrement parce que le personnage de Henry m'est complètement passé au-dessus de la tête). Addie a peu de relations, à cause de la malédiction qui pèse sur elle. Il y a des amants et amantes, qui retombent amoureux.se.s d'elle dès qu'ils la revoient, il y a Henry, celui qui se souvient d'elle, et il y a celui avec qui elle a noué son pacte. Je ne spoilerai rien; mais j'ai trouvé leur relation bien plus intéressante que celle Addie-Henry. Une relation malsaine au possible, une relation qui semble sans échappatoire. Une relation qui repousse Addie dans ses retranchements, mais qui nous révèle sa véritable force. Car je trouve que la Addie qui s'offre à Henry n'est qu'une parcelle d'Addie, qu'un maigre souffle de son existence. Elle a beau s'ouvrir à lui, il n'y a que son démon pour la connaître réellement… Bref, les personnages secondaires étaient sympa sans être remarquables, Henry un personnage très transparent selon moi (et dramaking asf, olala. Sans compter que j'ai pas trouvé vraisemblable sa propre histoire, mais je m'arrêter là pour pas spoiler !). le démon très intrigant, mais meeeh faut pas lire ce roman pour comprendre la mythologie dont c'est inspiré ou quoi, on a aucune réponse. Addie m'a plu sous certains aspects et déplu sous d'autres. J'ai aimé les vérités qu'elle fait ressortir chez les autres, j'ai bien aimé sa façon d'appréhender son existence. Toutefois, je l'ai trouvée hyper fermée et étroite d'esprit. Elle ne s'intéresse qu'à un type de personnes déjà : les artistes et/ou créatifs et/ou sensibles à l'art. le reste du monde, elle s'en tape. Et, bordel, en 300 ans d'existence, elle s'est contentée de l'Europe occidentale et de la côté Est des USA (avec un crochet par la Louisiane, pardon).
MAIS. POURQUOI. Elle a vu 10% du monde ?? Elle a vécu la révolution industrielle, le commerce triangulaire et la mondialisation, mais elle a pas l'air de connaître le reste du monde ?? Elle avait 15000 façons de voyager, et elle en a pas profité. Ben y'a de quoi trouver la vie longue, effectivement. On ne peut même pas dire que ça vient de son caractère, puisqu'elle aime découvrir de nouvelles choses et ne jamais retourner au même endroit. J'ai trouvé ce point complètement invraisemblable. Ca a été reproché au livre, d'ailleurs, d'avoir ce pdv très occidento-centré. J'ai vraiment eu cette impression que, selon Addie, le reste du monde ne méritait pas son attention. Paris, Venise, la Nouvelle-Orléans, New York… des berceaux de culture et d'histoire, certes, mais d'un pdv très fermé. I mean, il lui manque 75% de l'Amérique à découvrir, 100% de l'Océanie, 100% de l'Asie, 100% du Moyen-Orient et 100% de l'Afrique. Je dis pas qu'il fallait qu'elle se fasse un tour du monde. Ou que l'autrice devait écrire un bouquin de 2000p sur les pérégrinations d'Addie à l'étranger. Mais, je sais pas, un peu de curiosité pour le genre humain et ses richesses, non ? Addie paraît beaucoup moins crédible en conséquence quand elle dit qu'elle cherche à laisser sa marque ou quoi. Mais bon, elle s'intéresse qu'aux artistes torturés, alors c'est clair que ça limite les choses.
Pardon, j'ai fait une grosse divagation. Mais c'est clairement le point noir du livre à mes yeux. le livre en lui-même reste prenant et addictif. Il se lit facilement, la plume de
V.E. Schwab fait particulièrement bien le boulot. Suffisamment de réalisme, de cru, dans le ton. Contrebalancé par une poésie sur la nature, l'art, les gens… Bref, c'est un livre unique en son genre, qui parlera bien aux personnes sensibles à l'art ou appréciant l'autrice.