Citations sur Le jour de la chouette (46)
Mais, en attendant, je vous demande comme une grâce de suivre de très près les enquêtes de ce Bellodi... Et pour vous, qui n'y croyez pas, à la mafia, tâchez de faire quelque chose ; envoyez quelqu'un qui sache "y faire". Qu'il n'aille pas chercher querelle à Bellodi ; mais tout de même... "Ima summis mutare" : vous comprenez le latin ? Non, pas celui d'Horace, je veux dire le mien.
Le receveur jura. C’était un blasphémateur célèbre parmi les voyageurs de cette ligne : un blasphémateur inspiré ; on l’avait déjà menacé de le congédier, car il était tellement endurci dans son vice qu’il ne tenait pas du tout compte de la présence de prêtres ou de religieuses dans son autobus. Il était de la province de Syracuse et n’avait donc pas beaucoup d.expérience en fait d’assassinats ; c’est une province stupide que la province de Syracuse ; aussi n’en jurait-Il qu’avec plus de fureur.
"Mettons tout de même les choses sur un autre plan. Un procès a-t-il jamais révélé qu'il existe une association criminelle appelée mafia, à laquelle on puisse attribuer en toute certitude la commande et l'exécution d'un crime ? A-t-on jamais trouvé un document, un témoignage, une preuve quelconque établissant un rapport certain entre un fait criminel et ce qu'on appelle la mafia ? Si ce rapport n'existe pas, et en admettant que la mafia existe, moi je peux vous le dire : c'est une société de secours mutuels secrets, au même titre que la franc-maçonnerie. Pourquoi n'attribuez-vous pas certains crimes à la franc-maçonnerie ? Il y a tout autant de preuves que la franc-maçonnerie se livre à des actes criminels qu'il y en a contre la mafia…"
J'ai une certaine expérience du monde ; ce que nous appelons l'humanité -- et nous en avons plein la bouche quand nous disons l'humanité qui est un beau mot plein de vent -- je la divise en cinq catégories : les hommes, les moitiés d'homme, les homuncules, les culs-bottés (sauf votre respect) et les coin-coin. Il y a très peu d'hommes, et pas beaucoup de moitiés d'homme ; ce serait bien beau si l'humanité s’arrêtait là, aux moitiés d'homme ; mais non, elle descend plus bas, aux homuncules, qui sont comme les enfants qui se croient grands, des singes qui imitent les gestes des hommes... Encore, plus bas, les culs-bottés qui sont en train de devenir une armée... Enfin les coin-coin, qui devraient vivre dans les mares comme les canards parce que leurs vie n'a pas plus de sens ni plus d'expressions que celle des canards.
- Certains de vos amis disent que vous êtes extrêmement pieux...
- Je vais à l'église. J'envoie de l'argent aux orphelinats...
- Vous croyez que cela suffit ?
- Certainement que cela suffit. L'église est assez grande pour que chacun puisse s'y tenir à sa façon.
-Vous n'avez jamais lu l’Évangile ?
- Je l'entends lire tous les dimanches.
- Que vous en semble ?
- Ce sont de belles paroles. L’Église est une belle chose.
- Je vois que, pour vous, la beauté n'a rien à faire avec la vérité.
- La vérité est au fonds d'un puits. Vous regardez dans un puits : vous y voyez le soleil ou la lune. Mais si vous vous jetez dans le puits, il n'y a plus ni soleil ni lune ; il y a la vérité..."
(…) e quella che diciamo umanità, e ci riempiamo la bocca a dire umanità, bella parola piena di vento, la divido in cinque categorie: gli uomini, i mezz'uomini, gli ominicchi, i ( con rispetto parlando) pigliainculo e i quaquaraquà ...Pochissimi gli uomini, i mezz'uomini pochi, ché mi contenterei l'umanità si fermasse ai mezz'uomini ...E invece no, scende ancora più giù: agli ominicchi: che sono come i bambini che si credono grandi, scimmie che fanno le stesse mosse dei grandi ...E ancora più in giù: i pigliainculo, che vanno diventando un esercito ...E infine i quaquaraquà, che dovrebbero vivere come le anatre nelle pozzanghere, ché la loro vita non ha più senso e più espressione di quella delle anatre...
"Cherchez la femme", disait, en résumé, le journaliste, en bon journaliste et en bon Sicilien. Au contraire, pensait le capitaine, le précepte qu'il aurait fallu inculquer à la police, en Sicile, était de ne pas chercher la femme, précisément parce qu'on finissait toujours par la trouver, pour le plus grand préjudice de la justice.
Tous les jours, par peur de mourir, ils affrontaient la mort. Enfin l'heure de la mort sonnait, la dernière, la définitive, il n'y en a qu'une ; ce n'était plus le double jeu, la double mort de toutes les heures.
En '35, je m'en souviens, il y avait un brigadier qui avait le flair d'un braque et, d'un chien, il avait même la face. Un fait se produisait et il se mettait sur les traces, il te prenait comme on prend un lièvre à peine sevré. Quel flair il avait, fils de ...Il était né sbirre comme on naît prêtre ou cocu. Ne croyez pas que quelqu'un est cocu parce que sa femme lui a mis les cornes, ou se fait prêtre parce qu'à un certain moment lui vient la vocation, il y naît. Et quelqu'un ne se fait pas sbirre parce qu'à un certain moment il a besoin de débusquer quelque chose ou parce qu'il lit un avis d'engagement, il se fait sbirre parce qu'il était né sbirre.
[NOTE]
On n'ignore pas qu'en Italie il ne faut pas jouer avec le feu ; qu'on imagine ce qu'il en est quand on ne désire pas jouer, mais parler sérieusement.