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Citations sur Les Insolents (100)

« Donc ouais, c’est très bien d’avoir fait évacuer la colline, mais maintenant les zombies errent dans le quartier et ils terrorisent tout le monde. Il traînent pieds nus sur les trottoirs et ils sont tellement perchés qu’ils ne peuvent même plus articuler une phrase, peu importe dans quelle langue. Ils n’ont plus rien d’humain, ni langage ni expression faciale ni conscience du monde qui les entoure, et ils sont prêts à tout et n’importe quoi. Ils vont jusqu’à défoncer les hublots dans les laveries avec des marteaux pour rafler le linge pendant qu’il tourne. Un épicier s’est fait fracasser le crâne parce qu’il a essayé d’empêcher un type de voler sa veste qui était sur sa chaise. Franchement, tant qu’ils étaient s’en mode bidonville près du périphérique, ça allait encore, mais depuis que la mairie est venue faire le ménage et qu’elle a seulement déplacé les familles avec les fosses et qu’elle a laissé les, crackheads, ce campement s’est transformé en lâcher de misère sur le quartier et … »
Et Jeff serait encore en train de parler de ça si Léo ne s’était pas mis à transpirer avec la sensation qu’il allait tomber dans les pommes, et s’il ne s’était pas levé en disant qu’il devait couver une grippe.
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Le chauffeur qui est en train de la ramener vers Paris peut rêver tant qu’il veut. Peut-être même qu’à un moment elle lui demandera de se garer, comme elle l’avait fait le jour où Jacques l’avait emmenée à Trouville. Peut-être qu’elle aura besoin qu’il la prenne sur la banquette arrière ou contre le capot de la voiture. Peut-être qu’à lui aussi, elle dira que les femmes n’ont pas besoin des hommes, qu’elles peuvent s’en passer pour tout, qu’elles peuvent tout apprendre si on leur en laisse le temps, mais que les sentir en elles, ça, non, elles ne peuvent pas s’en passer, leur corps est fait pour les accueillir. Et si le chauffeur est jeune et qu’il se risque à lui faire remarquer que l’époque n’est plus à ce genre de point de vue, elle éclatera de rire, répondra qu’elle se contrefout de l’époque et somnolera pendant le reste du trajet pour échapper à l’ennui qu’il aura brusquement fait peser sur la conversation. ( page 103 )
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Margot ne changera pas, jamais, tout le monde sait ça. En tout cas lui le sait depuis le début. Ces phrases d’il y a quinze ans, qu’il avait trouvées griffonnées sur un bout de papier posé sur l’oreiller après la première nuit qu’elle avait passée chez lui, il ne les a pas oubliées. Ces phrases qu’elle lui avait écrites quand il avait laissé entendre qu’il n’était pas sûr d’être le genre d’homme dont elle avait besoin:
Ce qui peut te calmer est que tu me manques quand tu n’es pas là. Ce qui peut te calmer est la liberté de la non-perfection. Ce qui peut te calmer est que je ne changerai pas. Ce qui peut te calmer est ma force tout autour de toi, et ma fragilité tout autour de toi. C’est si simple.
Quand on écrit des phrases aussi belles, c’est simplement qu’on en est capable, pas nécessairement qu’on peut les vivre. En les lisant, il avait su qu’il ne fallait surtout pas qu’il tombe amoureux d’elle, même si évidemment ça ne l’en avait pas empêché. Alex n’est pas dure, elle est simplement un peu trop droite, trop rigide. On l’intéresse ou pas, on lui plaît ou pas, c’est aussi tranché que ça, pas de séduction inutile, pas d’espace pour rêver si elle n’a pas envie qu’on rêve d’elle. La contraire de Margot qui laisse toute la place pour rêver, qui ne laisse même de la place que pour ça. ( page 102, 103 )
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Et quand elle répète qu’un de ces jours elle va prendre une année sabbatique pour voyager plus, c’est bidon, elle peut prendre des risques en vacances, mais elle n’en fera jamais courir à son équilibre à Paris. Même si on lui dit qu’elle est irremplaçable, arrêter de travailler pendant un temps serait risquer de ne pas retrouver sa place à son retour et d’atterrir dans dans un autre bureau de presse moins bon, avec des clients moins intéressants, un salaire moins élevé, des collègues plus jeunes obsédés par les réseaux sociaux qu’elle abhorre, et c’en serait fini de sa liberté de ne pas,débarquer avant onze heures et de choisir sur quoi elle travaille. ( page 102 )
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Il pensait qu’il irait s’installer chez sa mère pendant un temps, elle a transformé son ancienne chambre en bureau et y a laissé son lit. Mais au-delà du fait que l’appartement et la chambre lui ont tout de suite rappelé l’agression, il n’a réussi à tenir que deux jours face à sa mère avant de se sauver en courant. Même pas venue le chercher à Roissy , et elle lui est tombée dessus dès le premier soir, à essayer de le convaincre de chercher de nouveau le même boulot que celui qu’il vient de quitter. Elle lui a balancé que tout plaquer après sept ans d’études et cinq ans d’expérience, c’est du caprice. Elle l’a traité de parano quand il lui a rappelé qu’à chaque étape il y avait eu des signes flagrants qu’il ne devrait pas faire ce métier. Et quand il a fini par dire que cette merde lui a fait perdre toutes ses illusions sur l’être humain et que ça n’aurait jamais dû lui arriver si jeune parce que maintenant, au lieu de se sentir plein de vie comme quelqu’un de trente ans, il se sent éteint comme un vieillard, elle a levé les yeux au ciel et répondu que les illusions sont faites pour être perdues.
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(…) ça la rendait dingue de ne pas voir Lou se bouger, c’était parce que ça la renvoyait à elle-même, à sa propre impuissance jusqu’à ses vingt-cinq ans, et à sa crainte cyclique que sa tendance à l’inaction revienne quand elle lui laisse trop de latitude. Elle sait bien que c’était ça, le dégoût de retrouver sa pire faiblesse chez Lou.
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Ça l’agace d’être devenue à ce point organisée. Elle ne sait même pas si elle est désormais efficace pour ne pas perdre de temps inutilement, ou si elle appréhende encore d’être dépassée par certaines choses comme du temps où elle était trop à la masse pour s’en occuper. Parfois elle a l’impression que si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait pu passer sa vie à ne rien faire d’autre que jouer et se défoncer sans avoir besoin de savoir comment choisir la taille d’un paquet de sacs-poubelle ou organiser un déménagement. Rien d’autre à penser qu’ou débarquer pour jouer et enregistrer. Mais bon, pour ça il faut n’être que musicien, pas compositeur, et être dans un groupe qui sert de moteur, pas travailler seul, et faire partie d’une scène musicale bourrée d’opportunités. Pas vivre à une époque où tout est éclaté et où plus personne n’est relié à personne. Ou il faut trouver acceptable qu’un ami ou un fan se dévoue pour tout, en plus de l’avoir dans les jambes. Mais une fois qu’on ne se drogue plus, on n’a plus trop d’excuses de ne pas gérer son quotidien et plus très envie de faire pitié ou de décevoir. On peut peut-être se gâcher jusqu’à vingt-cinq ans, rester avachie,dans une chambre aux volets fermés à parfaire des solos d’autres gens et se piquer à l’héro pour oublier qu’on ne crée rien, mais ensuite il vaut mieux se réveiller.
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Alex ne s’était rien retenue de lui balancer. Son couple de dix ans était de la merde. Jamais la fille ne lui ferait sortir les tripes,sinon ce serait déjà fait. Elle devait être retardée de l’entretenir à ne rien faire ou espérer qu’elle ne perce pas pour ne pas risquer de la perdre. Tant que Lou serait dans un cocon, elle ne vivrait jamais rien d’assez fort pour peindre des choses consistantes. Tant qu’elle ne crèverait pas de faim, elle ne connaîtrait pas le besoin de se dépasser. Il ne suffit pas de savoir dessiner et copier pour être un créateur. S’il n’y a pas de confrontation avec un public, ça n’existe pas, ça n’apporte pas de pierre à l’édifice, ça n’a pas de dimension, ça ne s’inscrit dans rien et ce n’est rien de plus qu’un putain de hobby. Alors sa comparaison avec Cat Power dont elle disait espérer être un équivalent en peinture, il allait falloir qu’elle la limite à sa frange parce qu’elle n’avait ni son besoin maladif de sincérité, ni sa capacité à exploiter ses failles, ni son alternance d’abime et de rédemption dont on tire des diamants bruts. A moins qu’elle se réveille, sa vie entière allait s’écouler sans qu’elle n’en fasse jamais rien et elle finirait par être dévorée par la jalousie de voir les autres artistes continuer à produire, le désespoir d’être passée à côté d’elle-même, et l’aigreur de devenir une ratée imbuvable - autant se foutre en l’air tout de suite pour s’éviter cette agonie.
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Alex jubilait de sentir un truc amoureux l’envahir de nouveau. Une peinture, certes trop jeune, seulement trente ans, et certes pas célibataire, mais,qui ne pouvait plus se passer de lui écrire du matin au soir. Et pourtant les signes que ça ne marcherait pas étaient déjà là. Quand Lou avait prévenu qu’elle devrait repartir à cinq heure pour être chez elle quand sa petite amie rentrerait de son boulot, Alex aurait dû comprendre que ce serait toujours comme ça. Ou dès le mail où Lou avait dit qu’elle vivait depuis dix ans avec quelqu’un qu’elle n’avait jamais trompé. Ou dès celui où elle expliquait que la fille travaillait pour qu’elle puisse se consacrer à sa peinture. Ou encore dès celui où elle confessait que pour l’instant elle se contentait de copier ce qu’elle aimait en attendant de trouver quel genre s’approprier. Alex aurait dû se dire que jamais Lou ne sortirait de sa zone de confort , jamais elle ne chercherait un job alimentaire pour avoir les moyens de déménager de chez sa petit amie, et que si elle n’avait encore rien peint de personnel depuis dix ans qu’elle était entretenue comme ça, jamais elle ne le ferait. Mais quand on échange des mails trop longtemps au lieu de se rencontrer rapidement et qu’ils sont bourrés de rêves et de projections, une fois que ça commence, on s’est déjà trop convaincu d’avoir quelque chose,à vivre pour laisser tomber.
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Margot qui sait ce que ses démons imposent d’injuste ou de cruel, mais qui refuse d’analyser ce qu’elle dit et qui laisse ce soin aux autres. Margot et son besoin de tout contrôler pour ne jamais se reposer sur personne, ne pas prendre le risque de faire confiance, ne pas retrouver trahie, abandonnée. Au fond, la seule chose qu’il y a à comprendre, c’est que tous ceux qui essayent de la retenir là perdent, et tous ceux qui l’ont aimée n’ont vu que ce qu’ils voulaient et n’ont pris que ce qui les arrangeait. Pour les uns, c’est la femme la plus barrée, la plus décomplexée et la plus animale qu’ils aient jamais possédée. Pour les autres, la plus inaccessible, désinvolte ou amorale. Pour lui, c’était la plus vivante, la plus bouleversante et la.plus drôle, et ça tombait bien parce qu’elle , elle se voyait simplement comme une petite souris un peu marrante. Quand il l’a trouvait trop intense, elle disait que ça ne devrait pas avoir trop d’importance, que tout est question d’oscillation. Quand il s’inquiétait d’avoir un caractère trop ennuyeux, elle répondait qu’ils étaient complémentaires, que s’il ramait, elle vérifiait la direction du vent. Et ça avait marché pendant un temps, quelques mois durant lesquels il s’était découvert capable d’être fou de désir pour les entrailles et les courbes d’une femme, jusqu’à ce qu’un soir, elle aille se taper un autre mec. Après, ça lui avait demandé un certain temps avant de pouvoir la revoir sans chercher à remettre ça, tant il ne valait mieux pas pour lui.
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