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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les émigrants » m'a réconcilié avec G.W. Sebald. Les deux derniers romans que j'ai lus de cet auteur m'avaient déçu. Les mille et une pistes, les nombreux détours tortueux de son érudition qui font sa marque n'avaient pas fonctionné. On y retrouvait trop de détails dont beaucoup me semblaient inutilement complexes, presque inutiles. Bref, trop cérébral ! J'aime bien un défi intellectuel mais ça dépassait mon entendement.

Oui, « Les émigrants » contient de cela. Évidemment. Mais au moins je sentais que ça menait quelque part. Il s'agit de quatre récits racontant le destin d'individus déracinés, exilés. Chacun a son histoire, un parcours qui l'a mené des confins de l'Europe (de l'Allemagne ou de la Lithuanie) à un point X. Un parcours souvent difficile et cahotique. Un parcours fascinant. Surtout, un destin tragique (les quatre ont terminé par un suicide). À travers un mélange de souvenirs, de recherches, Sebald retrace, recréé la vie de ces êtres torturés. Ces êtres qui étaient les témoins et les représentants d'un monde qui n'est plus.

Les mille et un détails qui m'agaçaient dans ses autres oeuvres trouvent ici leur place. Ils aident à reconstituer l'ensemble, à rendre tellement crédible les histoires racontées. L'Histoire. Parce que, ce qu'on vécu Henry Selwyn, Paul Bereter, Ambros Adelwarth et Max Feber, assurément d'autres personnes en ont fait l'expérience. La nuit de crystal, les exactions contre les juifs, les déracinements, l'éloignement des siens, les dures séparations, les retours aux sources… Les souvenirs… surtout ceux qui nous hantent. Une partie d'eux-mêmes qui n'est plus, qui leur a été arrachées.

En lisant « Les émigrants », j'avais l'impression d'être aux côtés de Sebald alors qu'il reconstituait les morceaux du puzzle de la vie de ces quatre individus. Comme si on entrait dans leur univers à pas feutrés, comme s'il fallait les apprivoiser afin que leur histoire se dévoile, se déroule sous mes yeux. Et les émotions sont au rendez-vous. Malgré la mélancolie qui m'a saisi tout le long de cette lecture, je n'étais pas triste, le ton est juste. La plume de Sebald, très évocatrice, y est pour beaucoup. Je lui trouve un certain lyrisme, presque de la poésie. Mais toujours on est ramené à la réalité, aux faits.

Comme toujours, un bon mélange de réalité et de fiction. Les oeuvres de Sébald (même celles que j'ai moins appréciées) sont si particulières, mémorables, uniques ! À lire !
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Il s'agit de quatre nouvelles dont on comprend bien ce qui en fait l'unité sur le fond (en quelques mots: le destin tragique des rescapés de l'entreprise d'extermination systématique des Juifs par l'Allemagne nazie) mais qui m'ont paru inégales dans leur forme. Alors que la première m'a laissé une forte impression par sa concision et ses sous-entendus et allusions indirectes, les dernières nous font revivre le quotidien d'avant la Shoah. Bien que je comprenne l'intention qui est celle de nous rapprocher de la vie ordinaire de Juifs européens dans les années qui ont précédé « la solution finale », j'ai fini par éprouver de l'ennui, en particulier à la lecture d'un journal intime de la toute dernière nouvelle (est-ce une allusion à celui d'Anne Franck?), et avoir le goût de passer par dessus des descriptions qui m'ont paru autant de longueurs inutiles… J'ai eu cette curieuse impression que jamais je n'arriverai au bout tout de cette lecture en ayant hâte d'en finir et de passer à autre chose.
Ce recueil m'a donc laissé un sentiment assez mitigé; mais j'ai admiré le procédé qui tient à la fois de la fiction et du documentaire et l'écriture émouvante de cet auteur auquel je reviendrai volontiers pour me faire une opinion plus approfondie.
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Roman, biographies, enquêtes…un peu de tout sans doute. Quatre récits illustrés de photos anciennes « collant » au texte, une construction – texte-photos – comparable à celle d'Austerlitz, avec lequel j'avais découvert cet auteur..une découverte que je souhaitais poursuivre avec ce livre encensé par la critique lors de sa parution en 1992.
Quatre personnages tous différents qui ont fuit, enfant avec leurs parents ou adultes, l'Allemagne ou la Lituanie, leurs pays de naissance. Quatre personnages d'origine juive menacés par les nazis. Quatre hommes qui apprendront plus tard la disparition des leurs.
Peu à peu ces quatre hommes, sans aucun lien entre eux, réussissent leur vie sociale dans leur pays d'accueil, ils seront chirurgien, pédagogue, majordome, peintre de renom. Certains modifieront leur nom, pour mieux s'intégrer à leur pays d'accueil. Ils auront tous de beaux métiers mais seront des hommes assez seuls, l'auteur ne nous parle que très peu de leurs familles, de leurs amies féminines.

Ils auront quelques amis, qui tour à tour raconteront leur vie, comment il les ont connus, aimés. Tous quatre seront dans leur nouveau pays et malgré leur réussite professionnelle d'éternels tourmentés. L'émigration laisse parfois des traces indélébiles, un vide.
Aucun n'oubliera son départ : « Je vois les pièces vidées. Je me vois assis tout au sommet de la carriole, je vois la croupe du cheval, la vaste étendue de terre brune, les oies dans la gadoue des basses-cours et leurs cous tendus, et aussi la salle d'attente de la gare de Grodno avec, au beau milieu, le poêle surchauffé entouré d'une grille et les familles d'émigrants regroupées tout autour. Je vois les fils du télégraphe montant et descendant devant les fenêtres du train, je vois les alignements des maisons de Riga, le bateau dans le port et le recoin sombre du pont où, autant que l'entassement le permettait, nous avions installé notre campement familial. »
L'écriture de Sebald qui a lui même choisit d'émigrer, s'appuie sur des photos d'époque, laissant à penser qu'il s'agit d'enquêtes minutieuses, auprès des familles, ou auprès de personnes qui ont côtoyé et aimé ces quatre personnages; quatre puzzles qu'il essaie de reconstituer. Ont-ils existé? Quelle est la part de roman?
En tout cas, Sebald sait décrire les tourments de ces âmes, tracer l'histoire et la mélancolie de ces hommes calmes et nous faire ressentir leur fragilité intérieure. Dans chaque vie alternent le rose et le gris. La vie rose avant l'arrivée des nazis, vie sans soucis, devint grise et le resta dans leur pays d'accueil, non pas du fait de leurs conditions de vie, mais du fait de ce manque au fond du coeur.
Une grisaille qui les confrontera, soit dans leur chair ou dans celle de proches, à la folie et à l'internement psychiatrique ou au suicide violent.
« Dans le silence général, les beaux rêves qu'il avait échafaudés tout au long de l'été, s'effondrent comme un château de cartes. L'avenir se brouille devant ses yeux et il éprouve, il éprouve alors pour la première fois cet implacable sentiment de défaite qui plus tard devait si souvent l'envahir et auquel il allait finir par succomber ».
« Émigrés » un mot qu'on entend de plus en plus…j'ai voulu en savoir plus grâce à Sebald, et je n'ai pas regretté mon émotion.
Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Daniel Mendelsohn, dans Trois Anneaux, un conte d'exil,  m'a donné envie de  lire Les émigrants.

Les Emigrants, composé de quatre récits autour d' un personnage en exil ayant quitté l'Allemagne. Leurs destins, tragique,s se terminent par la mort, suicide ou la folie. le narrateur(Sebald lui-même?) vit aussi en errance, exilé en Angleterre. Il suit ses personnages à travers l'Europe, en France, en Suisse, les Etats Unis , et parfois beaucoup plus loin. 

Je ne suis pas entrée tout de suite dans le livre.

Le narrateur, à la recherche d'un appartement dans le nord de l'Angleterre, fait la connaissance du Dr Selwyn,  un homme tout à fait étrange. Juif originaire de Grodno en Lituanie, Selwyn quitte Grodno avec des émigrants en partance vers l'Amérique qu'il  laisse à Londres ; étudie la médecine à Cambridge.  le récit  se promène aussi bien dans l'espace que dans le temps, effectue des boucles ( comme les anneaux de Mendelsohn) qui égarent la lectrice. Je ne sais plus qui suivre, le narrateur?  les propriétaires de l'appartement, ou Selwyn ? Un nouvel arrivant nous entraîne en Crête pour mon plus grand plaisir mais aussi pour ma grande confusion. Je ne sais plus à qui m'attacher, je m'égare..   Je  prends un autre livre plus facile, pensant abandonner Sebald.

Bien m'en a pris de reprendre la lecture des Emigrants. 

Je me suis attachée au personnage de Paul Beryter, l'instituteur qui emmène sa classe dans la montagne , siffle en marchant et joue de la clarinette...Quelles belles leçons de choses! Beryter n'est aryen qu'au trois quart,  ce quart de juif lui interdit l'enseignement , mais pas l'incorporation dans la Wehrmacht! Nous retrouvons Beryter en France, dans le Jura et en Suisse. Exilé mais toujours fidèle à son village en Allemagne. Sentiments d'allers et retours, puis sans retour. 

Ambros Adelwarth est plus énigmatique, il a quitté l'auberge de son père en Allemagne pour devenir garçon d'étage dans un hôtel prestigieux de Montreux, être initié à "tous les secrets de la vie hôtelière", et aux langues étrangères. Majordome stylé, il a accompagné un ambassadeur jusqu'au Japon en passant par Copenhague, Riga, Moscou et la Sibérie. Majordome d'un magnat américain, il hante les casinos de Deauville, visite Constantinople et Jérusalem. Nous suivons donc ce personnage dans ses périples et dans ses châteaux aux Etats Unis. Mais comme Sebald n'écrit pas un récit linéaire, il s'attarde à nous raconter les histoires de famille. Je me laisse porter, ayant accepté le principe des digressions (écriture circulaire de Mendelsohn). Je profite des descriptions des lieux, des rencontres fortuites. Ne pas être pressé par l'action, prendre son temps, profiter de tous les détails. 

Selon ce principe énoncé ci-dessus, je profite de la découverte d' un Manchester singulier où se déroule une partie de l'histoire du peintre Max Ferber, fils d'un collectionneur d'art juif bavarois venu à Manchester en 1943. Peintre casanier d'une oeuvre obscure, malgré sa répugnance au voyage, nous offre une excursion à Colmar voir les tableaux de Grünewald puis en Suisse. Mais tout serait trop simple, une histoire allemande se greffe....

Un très beau moment de lecture, nostalgique, pittoresque, auquel il faut s'abandonner sans chercher trop d'action ou de cohérence. 
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Il y a dans l'écriture de Sebald une intemporalité si particulière qu'elle me fait penser à ces vieilles plaques photographiques en verre auxquelles l'oeil doit accomplir un effort d'adaptation pour dépasser l'opalescence qui s'en dégage et dont la manipulation doit s'exécuter avec la légèreté et la douceur que requiert le déplacement d'un objet fragile et sacré.
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Un livre émouvant et poétique sur la difficulté de l'exil.
Il évoque le destin de 4 déracinés, ayant réellement existé, qui ne se remettront jamais de leur expatriation : Dr Henry SELWYN, Paul BEREYTER, Ambros ADELWARTH, Max FERBER.
Ce livre est rendu encore plus vivant et émouvant par l'ajout de nombreuses photographies.
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A la croisée du roman et de l'enquête documentaire, Sebald évoque le destin (parfois tragique) de quatre personnes qui ont marqué sa vie, à différents moments de celle-ci. C'est aussi un rapport d'enquête qui se mélange au carnet de voyage. du gardien d'immeuble à l'instituteur, en passant par le grand oncle mystérieux, l'auteur se souvient et retranscrit ses mémoires pour redonner corps à ces personnages oubliés qui ont tous en commun d'être juifs d'origine allemande et d'avoir fuit le nazisme dans les années 30.
Le texte est agrémenté de photos de personnes, d'objets ou de lieux qui marquent le récit et le rendent évocateur.
Chacune des histoires m'a touché et l'écriture est d'une grande maîtrise, mais parfois, face à tant de détails, mon esprit s'est échappé et j'ai eu du mal à me raccrocher aux flots de souvenirs, de personnages et d'histoires qui composent certains récits.
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Quatre récits, chaque fois effectués par un narrateur qui raconte non pas son histoire, mais celles de rencontres ou de personnes de sa famille plus ou moins proche. Souvent, ce rapporteur se lance dans des recherches qui confinent tantôt au généalogiste, à l'historien ou encore à l'enquêteur. L'émigration de l'Allemagne ou de sa zone d'influence vers l'Angleterre ou les États unis est un des fils conducteurs de chaque trame, tout comme la présence de la mort et de la folie. La plupart de ces personnages sont juifs et fuient la chasse qui leur est faite ou sa menace fatale imminente. Ces récits sont poétiques, très fins et mélancoliques ; ils sont également illustrés de nombreuses photographies. Belle lecture.
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