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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quatrième roman de Samira Sedira, » des gens comme eux « est publié en cette année 2020 aux éditions du Rouergue.
p. 12 : » La vie est paisible à Carmac, tranquille et ordonnée. Mais ce qu'il y a de plus impressionnant, ici, à l'arrivée de l'hiver, c'est le silence. «
L'arrivée de la famille Langlois dans le petit village de Carmac attise la curiosité des habitants. Il faut dire que Bakary Langlois est chef d'entreprise et noir. Alors, la manière dont ils exhibent leur réussite suscite la fascination autant que la gêne. Mais leur sympathie et leurs efforts pour s'intégrer vont vite faire l'unanimité. C'est tout naturellement qu'ils se rapprochent de leurs voisins, Constant et Anna Guillot et leurs deux filles, partageant de conviviaux moments.
p. 13 : » C'est peut-être à cause de ce vacarme que personne n'a rien entendu le soir où ils ont été tués. On dit qu'il y a eu des hurlements, des coups de feu, des supplications. Mais les murs du chalet ont tout absorbé. Un carnage à huit clos. Et personne pour les sauver. Dehors pourtant, pas la moindre respiration du vent. Rien qu'un interminable silence d'hiver. «
Qu'est-ce qui va pousser Constant à commettre l'irréparable ? Quel est l'élément déclencheur qui va faire bousculer un homme lambda à accomplir une telle atrocité ?
p. 22 : » C'est au cours de cette nuit affreuse que j'ai réalisé que tu étais devenu indissociable de moi, puisqu'un jour je t'avais aimé et que l'histoire de ta vie avait rejoint l'histoire de la mienne dans un irréparable malheur. «
Dans une narration très personnelle et bouleversante, Anna revient sur le parcours de vie de son compagnon, depuis leur rencontre, tentant non pas de justifier mais tout du moins de comprendre le processus de son passage à l'acte inéluctable. Un geste atroce dont sa femme deviendra le principal dommage collatéral.
p. 58 : » Moi qui partageais ta vie, et te connaissais mieux que quiconque, je voyais bien que quelque chose, en toi, s'était fissuré. Quelque chose que tu avais fini par consolider, mais dont l'équilibre fragile risquait à tout moment de céder. «
Au cours du procès, lorsque l'avocat général interrogera ses amis et son entourage, tous répondront l'homme honnête et de valeurs ils côtoyaient quotidiennement et bon père de famille de surcroît. Mais peut-être qu'à bien y réfléchir, il y avait quelque chose de sous jacent…
p. 123 : » – Comment expliquez-vous son geste ?
– On se l'explique pas, mais… parfois, parfois je me dis qu'il a peut-être… été blessé.
– Par qui ? Par quoi ?
– Par la vie, par monsieur Langlois, quelque chose comme ça. «
Inspiré d'un fait divers, » des gens comme eux » est le reflet d'un drame sociétal dont chacun porte sa part de responsabilité, et de l'ambiguïté entre la notion de bien et de mal.
p. 139 : » Je ne sais pas si nous sommes tous capables de tuer avec autant de sauvagerie que tu en as eue. Je ne comprends toujours pas d'où elle a pu jaillir, ce mystère me hantera probablement jusqu'à la fin. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'autour de toi, il n'y a pas d'innocents. Nous avons tous collaborés. Et j'insiste sur le mot « collaborer ». Comme une contribution, en chaîne, à un résultat. A un drame atroce. Un désastre. Notre désastre. Je me dis aussi que peut-être il y avait des mots qu'il aurait suffi de dire pour t'empêcher de sombrer, mais nous ne savions même pas que nous étions en train de te perdre, nous ne l'avions pas encore compris. «
Mariage subtil de la sensibilité, de l'humilité et de la pudeur dans une écriture percutante. Coup de coeur !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Tout homme est un assassin potentiel. Ce livre démontre le mécanisme terriblement humain de la transformation d'un homme ordinaire en quintuple meurtrier. Inspirée de l'affaire Flactif, la narratrice, femme de l'accusé, tente d'expliquer sans excuser. C'est un roman sensible, décriptant les affres et tourments de l'âme humaine sans complaisance mais avec humanité.
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C'est avec la même « humanité tremblante » que la plume de Samira Sedira évoque, dans ce quatrième roman, quelques tranches de vie, partages de bonheurs simples, joies des fêtes communales, avant le surgissement d'incompréhensions, de faux-fuyants, de jalousies, de vexations, de non-dits et de souffrances intimes. Pour décortiquer finalement la mécanique intime de la vengeance, celle qui mènera au meurtre, à la fêlure majeure d'une communauté villageoise isolée, perchée quelque part dans les hauteurs des montagnes et de leurs paysages bucoliques.
Samira Sedira a le sens de la tragédie (un vase clos et un destin dévastateur) mais elle traite cette affaire (inspirée d'un fait divers réel) avec une telle douceur, elle décrit ces humanités avec une telle empathie et ses défauts avec une telle tendresse que lorsque ces petits travers conduisent au drame, – l'horreur absolue de l'assassinat d'une famille entière (parce qu'elle est plus riche, ou parce que Bakary Langlois est Noir, ou parce que cette famille est et restera étrangère, ou encore parce que leur maison est trop belle ?) – il est impossible de ne pas se retrouver confronté à cette interrogation perturbante : qui sont les véritables pousse-au-crime, quelle est cette société qui, de replis en replis, peut faire instantanément fondre l'humain et libérer l'animal ?
La construction du récit est simple et solide, exposé du point de vue de la compagne du meurtrier et faisant alterner scènes du procès et retours en arrière, dans l'espoir (vain ?) de comprendre comment et pourquoi survient le passage à l'acte, où se pose la virgule qui mène à la folie, où commence le chemin qui mène à l'enfer.
Comme toujours, l'écriture de Samira Sedira convainc par sa simplicité, sa fluidité, ses couleurs et sa capacité d'aller à l'essentiel dans un subtil agencement des mots. C'est court, c'est fort, c'est un bouquin à découvrir, puis à déguster, qui installe définitivement Samira Sedira dans la liste des auteurs à suivre et à aimer.
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Je découvre Samira Sedira avec ce roman coup de poing que j'ai lu d'une traite, happée par la mécanique implacable qui fait d'un homme sans histoire un quintuple assassin.
Ce roman s'inspire de l'affaire Xavier Flactif, en 2003, au Grand-Bornand qui avait défrayé la chronique. Dans un village de montagne, replié sur lui-même, où tout le monde se connaît, arrivent un couple et ses 3 enfants qui respirent l'aisance matérielle et la joie de vivre. Ils organisent des réceptions où sont conviés les gens du village et parmi eux Constant et Anna, leurs voisins. Une relation ambiguë s'établit entre les deux couples, créant un climat malsain : Anna est embauchée comme femme de ménage par le couple, Constant ne le supporte pas, se sentant rabaissé; Constant confie les économies de ses parents au couple qui lui fait miroiter une rentabilité élevée mais lorsque Constant, subodorant une affaire pas nette, lui réclame son argent, il n'arrive pas à le récupérer.
Un jour, obsédé par cet argent, symbole de ses échecs accumulés, lui qui aurait pu devenir un grand champion de saut à la perche si un accident n'avait réduit ses espoirs à néant, aveuglé par la haine qui n'a cessé de croître face à la condescendance et au mépris du couple, rongé par une jalousie d'autant plus viscérale qu'elle se double d'un racisme qui ne dit pas son nom (le voisin est noir), il massacre les cinq membres de la famille.
La narratrice, Anna, suit le procès de son mari et se rappelle comment tout a commencé. A travers sa voix, Samira Sedira dissèque les ressorts qui peuvent transformer un homme "normal" comme le qualifient ses amis en assassin. L'élément déclencheur, ici, une grimace mal interprétée de la fille aînée du couple, paraît sans aucune proportion face à l'acte mais il s'insère parfaitement dans le schéma mental de Constant, qui se sent méprisé.
Au coeur de ce roman, apparaissent des thèmes comme la peur de l'étranger dans un milieu fermé et homogène, le fossé entre des classes sociales différentes, thèmes qui semblent chers à l'auteur.
C'est glaçant mais magistral; l'écriture est ciselée, percutante, tendue; même si on connaît le dénouement d'entrée de jeu, on veut comprendre comment cet homme lambda a pu se transformer en quelques minutes en assassin.
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Je ne connaissais pas Samira Sedira et j'a entamé la lecture de son roman un peu par hasard . Je ne le regrette pas tant ce récit m'a plu . Au départ d'un fait divers que l'on pourrait qualifier de banal Samira Sedira dresse un portrait de notre société criant de vérité . Des personnages forts et dont aucun n'est vraiment innocent dans une histoire qui se dévoile petit à petit font de ce roman un excellent moment de lecture . L'écriture est belle , sans lourdeur et sans facilité.Mon seul petit reproche concerne les scènes décrivant un procès et qui ressemble plus à ce qui se passe dans un tribunal américain que chez nous .
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Dans ce court récit, tout est posé en quelque 140 pages. En dire plus relèverait presque du voyeurisme.
C'est Anna qui prend la parole, elle la femme de Constant Guillot, elle raconte. Son mari a tué les enfants puis les parents Langlois, leurs voisins dans ce village paisible de montagne. Et en ce début de roman, il est sommé de s'en expliquer au cours du procès en Assises. Anna se tient là, assise dans la foule. Elle écoute cet homme qu'elle semble découvrir, et qui dévoile sa part d'ombre. L'échine courbée par le poids de la culpabilité. Mille questions l'assaillent : comment elle sa femme n'a t-elle pas perçu la colère qui grandissait, l'envie qui ravageait Constant. Comme tous au village, leurs voisins, leurs amis, elle n'a rien anticipé, n'a rien vu venir. Pourtant insidieusement le mécanisme de la folie se mettait en place depuis que les Langlois s'étaient installés près de chez eux, et faisaient l'étalage de leurs richesses avec tant de mépris. Pour qui se prenait-il Bakary Langlois, un étranger en plus, un Noir, et un escroc qui leur volait leurs petites economies ! Et sa femme qui les méprisait tant ! Les relations de bon voisinage, la confiance et la fascination laissent peu à peu la place à l'envie et la colère. Insurmontables pour Constant, jusqu'à en étouffer.

Samira Sedira a beaucoup lu sur l'affaire Flactif du Grand Bornand et s'en est librement inspirée. Elle a fait de la lutte des classes et de l'injustice sociale le coeur de ce roman coup de poing. Mais aussi elle nous dévoile les facettes d'un homme simple, humilié et méprisé, et pris au piège. Notre voisin en quelque sorte. "On ne pense plus, on étouffe, on cherche l'air", dira Constant à la barre. Et puis à propos de son crime : "c'est une torture, je suis en enfer".

Les éditions du Rouergue ont frappé fort avec ce choix éditorial dans leur collection la Brune.
Un excellent roman. On le referme abasourdi.
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C'est un court roman puissant que nous propose Samira Sedira. Il est inspiré librement de l'affaire Flactif qui s'est déroulée au Grand Bornand en 2003.

Constant Guillot est dans le box des accusés pour avoir décimé violemment la famille Langlois composée de cinq personnes. C'est Ana, sa compagne depuis seize ans qui à la première personne nous raconte le récit. Elle essaie de comprendre comment son compagnon en est arrivé là et surtout pourquoi elle n'a rien vu venir.

Quelles sont les raisons de son geste ?

D'une part le procès, d'autre part elle revient sur sa rencontre avec Constant et le début de leur histoire.

Les Langlois sont arrivés au village de Carmac situé en pleine montagne en juillet 2015. Bakary Langlois est originaire du Gabon, il a été adopté à l'âge de 4 ans.

Crime racial ? une première piste...

C'est au mariage de Simon qu'ils ont fait connaissance. Il faut dire qu'au village, c'est une communauté qui vit en vase clos, tout le monde se connaît.

Fin juin 2016, Bakary, Sylvia et les trois enfants s'installent juste en face de chez Ana et Constant. le chalet qu'ils ont fait construire est énorme, limite ostentatoire. Ils le visiteront à la crémaillière. Constant est comme fasciné par la personnalité de Bakary, il s'entend bien avec lui malgré leur différence de mode de vie. Faut dire qu'Ana et Constant ont du mal à nouer les deux bouts et Bakary et Sylvia s'affichent dans le luxe et l'opulence.

Seconde piste : fracture des classes sociales ?

Tout va bien jusqu'au jour où cherchant quelqu'un pour faire le ménage, Ana se propose et Constant se met en colère. Pour quelles raisons ? L'orage commence t-il à couver ?

Crime racial, fracture sociale, jalousie, mépris ? Où la raison de ce quintuple meurtre est-elle à chercher ailleurs?

Samira Sedira avec sa plume fluide et percutante, une écriture ciselée nous propose un récit remarquablement bien construit. Elle nous dresse le portrait d'un homme normal et ordinaire qui soudain bascule en devenant quintuple assassin.

Dans ce portrait, elle apporte beaucoup d'humanité revenant sur des moments du passé, des petites scènes de la vie très heureuses comme le réveillon, la fête au village mais aussi l'accumulation du mépris, le manque de considération qui petit à petit crée une fracture, des failles et amène Constant à l'irréparable.

C'est haletant, percutant. J'ai beaucoup aimé.

Ma note : 9.5/10
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Intrigue basée sur des faits réels, ce roman est vu de la perspective de l'épouse du tueur. Elle y parle de procès, de processus de folie de cet homme qui a tué 5 personnes (3 enfants et les parents), de relations, d'étroitesse de vies, des manques, de la perte, de l'angoisse, de la honte... pour finir par un moment émouvant et dense.
Bon roman "régional" qui intensifie la tension page après page... et nous laisse à nous-même !
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Je ne connaissais pas Samira Sedira, et ma foi, je suis ravie de cette lecture.
Il n'y a pas de suspense, on sait tout de suite qu'il y a eu un drame. On sait tout : qui, comment, quand... et pourtant on avale ce roman pour en connaitre plus.
Plus sur quoi ? le mécanisme qui peut amener quelqu'un d'ordinaire à commettre l'irréparable ? Comprendre ?
Difficile de répondre, car, comme son triste héros, ce roman m'a posé plus de questions qu'apporté de réponses.
Mais je reviendrai vers l'écriture de Samira Sedira.
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Amateurs de romans à l'eau de rose, passez votre chemin. Ce roman qui s'inspire d'un fait réel décrit l'horreur d'un quintuple assassinat. Dès les premières pages du roman, j'ai ressenti une tension, qui ne m'a plus quittée jusqu'à la fin.

La force du roman tient pour moi en le fait que l'histoire est racontée du point de vue de l'épouse de l'accusé. Et le regard qu'elle porte sur son époux, sur leur vie commune, sur son caractère, rend le criminel presque sympathique. Et c'est là que se crée le malaise : le responsable de ce quintuple meurtre, c'est tout simplement un humain, comme nous le sommes tous. Un humain avec ses failles, ses croyances limitantes, sa susceptibilité et sa peur de l'autre.

L'écriture est superbe, fine et très percutante. L'auteur réussit la prouesse de transformer un fait divers abominable en une histoire bouleversante d'humanité.
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