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A Carmac, village apparemment fictif, il fait très chaud l'été. Très froid l'hiver aussi. le décor est vite planté pour la tuerie annoncée dans la foulée, et inspirée de l'affaire Flactif (ou tuerie du Grand-Bornand). Vous savez, cette famille de cinq (père, mère et leurs trois enfants), assassinée dans son chalet en 2003. En gros, un simple voisin comme vous et moi en avons peut-être (ou comme vous et moi sommes peut-être), décime une famille sur une pulsion de jalousie, de rancoeur, de colère ou de rage. le tout sur fond de racisme latent, le père de famille assassiné étant noir, et le seul dans ce village isolé.
Samira Sédira a pris plusieurs partis narratifs, en plus d'apparaître en filigrane dans une histoire de rejet latent. Elle ne fait pas son Truman Capote comme elle le dit en itw *, ce qui semble à priori dommage justement. Capote dans « De sang-froid »  ou plus tard Emmanuel Carrère dans « L'adversaire » avaient su créer un lien réel avec les meurtriers pour tenter de mieux les comprendre, donnant une saveur journalistique au récit, rajoutant en plus un indéniable trouble. Mais ici de vérité il n'est pas question, Samira Sedira romance sur du réel, ce qui n'empêche pas du reste le lecteur de s'illusionner. Quant au lien avec le meurtrier pour mieux le cerner - c'est peut-être ce qui pousse à faire et lire ce genre de livres (comment un homme sain d'esprit peut en arriver là ?), il en est tout de même question et il est interne, puisque c'est la femme du meurtrier qui s'exprime et raconte entre autres l'histoire de son couple, et l'amitié naissante avec leurs voisins. Les chapitres s'enchaînent dans la fluidité d'une écriture sans fioriture, en alternance avec des passages consacrés au procès, essentiellement sur le passage à l'acte assassin. Pour une belle réussite au final, l'affaire se révélant difficile à lâcher et parfaitement crédible.

* https://next.liberation.fr/livres/2020/01/17/tuerie-a-l-envie_1773675
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Quatrième roman de Samira Sedira, » des gens comme eux « est publié en cette année 2020 aux éditions du Rouergue.
p. 12 : » La vie est paisible à Carmac, tranquille et ordonnée. Mais ce qu'il y a de plus impressionnant, ici, à l'arrivée de l'hiver, c'est le silence. «
L'arrivée de la famille Langlois dans le petit village de Carmac attise la curiosité des habitants. Il faut dire que Bakary Langlois est chef d'entreprise et noir. Alors, la manière dont ils exhibent leur réussite suscite la fascination autant que la gêne. Mais leur sympathie et leurs efforts pour s'intégrer vont vite faire l'unanimité. C'est tout naturellement qu'ils se rapprochent de leurs voisins, Constant et Anna Guillot et leurs deux filles, partageant de conviviaux moments.
p. 13 : » C'est peut-être à cause de ce vacarme que personne n'a rien entendu le soir où ils ont été tués. On dit qu'il y a eu des hurlements, des coups de feu, des supplications. Mais les murs du chalet ont tout absorbé. Un carnage à huit clos. Et personne pour les sauver. Dehors pourtant, pas la moindre respiration du vent. Rien qu'un interminable silence d'hiver. «
Qu'est-ce qui va pousser Constant à commettre l'irréparable ? Quel est l'élément déclencheur qui va faire bousculer un homme lambda à accomplir une telle atrocité ?
p. 22 : » C'est au cours de cette nuit affreuse que j'ai réalisé que tu étais devenu indissociable de moi, puisqu'un jour je t'avais aimé et que l'histoire de ta vie avait rejoint l'histoire de la mienne dans un irréparable malheur. «
Dans une narration très personnelle et bouleversante, Anna revient sur le parcours de vie de son compagnon, depuis leur rencontre, tentant non pas de justifier mais tout du moins de comprendre le processus de son passage à l'acte inéluctable. Un geste atroce dont sa femme deviendra le principal dommage collatéral.
p. 58 : » Moi qui partageais ta vie, et te connaissais mieux que quiconque, je voyais bien que quelque chose, en toi, s'était fissuré. Quelque chose que tu avais fini par consolider, mais dont l'équilibre fragile risquait à tout moment de céder. «
Au cours du procès, lorsque l'avocat général interrogera ses amis et son entourage, tous répondront l'homme honnête et de valeurs ils côtoyaient quotidiennement et bon père de famille de surcroît. Mais peut-être qu'à bien y réfléchir, il y avait quelque chose de sous jacent…
p. 123 : » – Comment expliquez-vous son geste ?
– On se l'explique pas, mais… parfois, parfois je me dis qu'il a peut-être… été blessé.
– Par qui ? Par quoi ?
– Par la vie, par monsieur Langlois, quelque chose comme ça. «
Inspiré d'un fait divers, » des gens comme eux » est le reflet d'un drame sociétal dont chacun porte sa part de responsabilité, et de l'ambiguïté entre la notion de bien et de mal.
p. 139 : » Je ne sais pas si nous sommes tous capables de tuer avec autant de sauvagerie que tu en as eue. Je ne comprends toujours pas d'où elle a pu jaillir, ce mystère me hantera probablement jusqu'à la fin. Ce que je sais, en revanche, c'est qu'autour de toi, il n'y a pas d'innocents. Nous avons tous collaborés. Et j'insiste sur le mot « collaborer ». Comme une contribution, en chaîne, à un résultat. A un drame atroce. Un désastre. Notre désastre. Je me dis aussi que peut-être il y avait des mots qu'il aurait suffi de dire pour t'empêcher de sombrer, mais nous ne savions même pas que nous étions en train de te perdre, nous ne l'avions pas encore compris. «
Mariage subtil de la sensibilité, de l'humilité et de la pudeur dans une écriture percutante. Coup de coeur !
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Avec Des gens comme eux, je découvre Samira Sedira, dont c'est le quatrième roman. Et je dois bien avouer que sa plume m'a plu !
Nous sommes à Carmac, un bled paumé en montagne, et l'arrivée des Langlois, couple mixte aisé, fait jaser. C'est que le mari est noir et ça étonne, au village, qu'il ait autant d'argent et les moyens de se faire construire un énorme chalet. Ils sont beaux riches, sensuels... ce qui déchaîne curiosité et jalousie auprès du voisinage.
Nous suivons également un autre couple, Anna et Constant, qui vivent à côté des Langlois. Ils sympathisent très vite, surtout les deux hommes. Constant est fasciné par son nouveau voisin, à qui tout semble sourire.
Jusque là, tout va bien... Sauf que très vite, on comprend que Constant a massacré la famille Langlois, les parents et leurs trois enfants. Anna, sa femme, nous raconte et revient sur le drame et comment elle n'a rien vu venir.
Ce roman est inspiré d'un fait divers. J'ai aimé l'alternance des scènes de procès, plutôt réussies, et des souvenirs d'Anna. le roman est écrit au "tu", elle s'adresse à son mari dont elle tente de comprendre les actes, ce qui m'a un peu dérangée. de plus en plus de romans sont écrits à la deuxième personne du singulier et ça ne fonctionne pas toujours. Dans ce cas, j'ai trouvé que ça a créé de la distance, assez paradoxalement, entre Anna et son époux.
Le décor est bien planté. J'ai été immergée dans ce petit village franchouillard, pétri de clichés et de racisme. La vie de village y est bien décrite : les fêtes, les piliers de comptoirs, les ragots...
De plus, ce roman pose une problématique forte et morale. Qu'est ce qui nous pousse au meurtre ? Un homme "normal" peut-il tuer ?
Au delà d'une réflexion sur le racisme, ce roman met en avant les différences de classes et la violence que peut engendrer le sentiment d'injustice sociale.
Une très bonne lecture ! Je recommande vivement.
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Inspiré de faits réels, le meurtre en 2003 au Grand-Bornand des cinq membres (parents + 3 enfants de la famille Flactif), Samira Sedira retrace à travers ce court roman les faits afin de tenter de comprendre ce qui a conduit Constant, ce père de famille, voisin de cette famille, à passer à l'acte, avec une violence inouïe et se retrouver derrière les barreaux à perpétuité.

C'est à Anna, sa femme, que l'auteure donne la parole, celle qui est sensée la mieux placée pour expliquer et analyser et en nous invitant au procès de cet homme que rien ne prédestinait à se retrouver dans le box des accusés.

Racisme (Bakary Langlois était noir), vengeance, rancune, jalousie, pas à pas Samira Sedira prospecte toutes les pistes. Elle nous plonge dans ce village où tout le monde se connaît et se ressemble jusqu'à l'arrivée de cette famille, qui détonne dans le paysage : grosses voitures, grand train de vie et une image du bonheur qui pourrait bien intriguer et devenir suspecte.

N'attendez pas de réponses aux nombreuses questions sur les raisons d'un tel crime, l'auteure se contente de retracer les faits, de cette amitié rapide qui se transforme, d'après elle, au fil du temps en un rapport de force, où la naïveté et peut-être le désir de leur ressembler va transformer un homme sans histoire en criminel.

Je suis un peu restée sur ma faim car ayant connu les faits, je n'ai pas eu le sentiment d'en apprendre plus sur les causes et sur la personnalité éventuelle du meurtrier. C'est assez fidèle à l'impression ressentie à l'époque, celle que toute vie peut basculer dans l'horreur, que tout homme peut se transformer en monstre sans que même ses proches ne réalisent ou comprennent ce qui a provoqué un tel sentiment de haine, même si certaines blessures du passé peuvent expliquer un manque d'assurance et d'accomplissement mis à jour par l'arrivée d'êtres à qui tout semble réussir.

Ecriture fluide, attachement au personnage d'Anna, femme dévouée et fidèle qui tentera jusqu'au bout de comprendre, mais que peut-on réellement comprendre à de tels actes ? Constant restera, comme beaucoup d'autres, une énigme et peut-être que lui-même ne sait pas réellement pourquoi il est devenu cet assassin.

Evoquer le racisme comme motif du crime est un faux motif car rien dans le récit n'est apporté pour alimenter cette hypothèse mais finalement tout tient dans le titre du roman : ce sont des gens comme eux, comme nous, tout peut basculer parce que trop d'envie, trop de blessures, trop de rancunes.....

Un roman journalistique.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je constate que la plupart ont aimé ce roman, mais je vais être la voix discordante, car il m'a laissé de marbre. C'est l'histoire d'un homme qui tue une famille entière et nous n'aurons pas vraiment d'explications à cet acte fou. Cela me fait penser à un rapport de police, l'auteur décrit les faits et les pensées de l'épouse. C'est bien écrit, concis, mais je n'ai pas saisi le but de ce livre. Si celui-ci est d'expliquer que chacun d'entre nous est un assassin potentiel, je le savais déjà… Ou de décrire l'indicible sans apporter plus de réponses psychologiques sur la nature humaine ? Je ne sais pas trop.
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Tout homme est un assassin potentiel. Ce livre démontre le mécanisme terriblement humain de la transformation d'un homme ordinaire en quintuple meurtrier. Inspirée de l'affaire Flactif, la narratrice, femme de l'accusé, tente d'expliquer sans excuser. C'est un roman sensible, décriptant les affres et tourments de l'âme humaine sans complaisance mais avec humanité.
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Un livre glaçant inspiré d'un vrai fait divers dont je n'avais pas connaissance.

La construction du roman est implacable entre flash du procès et retour dans le passé pour comprendre comment le meurtrier en est arrivé là. L'ecriture est soigné et c'est intéressant d'avoir pris l'angle de l'épouse qui revit les faits en cherchant à comprendre ce qui a motivé son mari à passer à l'acte. Ce sont ses souvenirs, les retours en arrière qui vont faire ressurgir toutes les petites alertes qui sont passées inaperçues.

Le roman est court, il se lit vite, et pourtant il y a quelques défauts dans le rythme du recit à mon sens. le début prend son temps en posant patiemment les bases du recit mais la fin est précipitée. J'ai apprécié la dernière partie en rupture mais on passe du procès à cette dernière partie de manière très brusque.
Quelques pages supplémentaires pouvaient permettre d'aller un peu plus loin en se mettant par exemple dans la peau d'un membre du jury du procès.
Toutefois je comprends le souhait de l'auteur de rester bref, concis, implacable. Il ne faut pas tomber dans l'excès et faire du remplissage mais cela aurait pu être un peu plus creusé avec un rythme plus régulier.

Ceci dit, ce livre reste un bon roman que je recommande. Rapide à lire, bien écrit, c'est une vraie plongée dans ce fait divers glaçant qui ne manquera pas de bousculer un peu le lecteur.
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C'est avec la même « humanité tremblante » que la plume de Samira Sedira évoque, dans ce quatrième roman, quelques tranches de vie, partages de bonheurs simples, joies des fêtes communales, avant le surgissement d'incompréhensions, de faux-fuyants, de jalousies, de vexations, de non-dits et de souffrances intimes. Pour décortiquer finalement la mécanique intime de la vengeance, celle qui mènera au meurtre, à la fêlure majeure d'une communauté villageoise isolée, perchée quelque part dans les hauteurs des montagnes et de leurs paysages bucoliques.
Samira Sedira a le sens de la tragédie (un vase clos et un destin dévastateur) mais elle traite cette affaire (inspirée d'un fait divers réel) avec une telle douceur, elle décrit ces humanités avec une telle empathie et ses défauts avec une telle tendresse que lorsque ces petits travers conduisent au drame, – l'horreur absolue de l'assassinat d'une famille entière (parce qu'elle est plus riche, ou parce que Bakary Langlois est Noir, ou parce que cette famille est et restera étrangère, ou encore parce que leur maison est trop belle ?) – il est impossible de ne pas se retrouver confronté à cette interrogation perturbante : qui sont les véritables pousse-au-crime, quelle est cette société qui, de replis en replis, peut faire instantanément fondre l'humain et libérer l'animal ?
La construction du récit est simple et solide, exposé du point de vue de la compagne du meurtrier et faisant alterner scènes du procès et retours en arrière, dans l'espoir (vain ?) de comprendre comment et pourquoi survient le passage à l'acte, où se pose la virgule qui mène à la folie, où commence le chemin qui mène à l'enfer.
Comme toujours, l'écriture de Samira Sedira convainc par sa simplicité, sa fluidité, ses couleurs et sa capacité d'aller à l'essentiel dans un subtil agencement des mots. C'est court, c'est fort, c'est un bouquin à découvrir, puis à déguster, qui installe définitivement Samira Sedira dans la liste des auteurs à suivre et à aimer.
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Samira Sedira s'est inspirée d'un fait divers (l'affaire Flactis) pour écrire ce roman vif et percutant. Avec la voix de la femme de Constant, l'accusé, on commence avec une audience lors du procès de Constant, avant de rembobiner jusqu'à l'arrivée des Langlois à Carmac, petit village paumé dans la montagne. Les Langlois sont beaux. Les Langlois réussissent.
Dès lors, les Langlois fascinent. Et de la fascination naît l'envie. La jalousie. Avec une pointe de racisme latent, la trouille de l'étranger.
Le récit est court, ciselé, donne froid dans le dos.
L'autrice décortique le processus amenant un homme sans histoire, sans violence dans son passé, en vient à tuer de sang-froid une famille de cinq personnes.

Magistral et vertigineux.
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Je découvre Samira Sedira avec ce roman coup de poing que j'ai lu d'une traite, happée par la mécanique implacable qui fait d'un homme sans histoire un quintuple assassin.
Ce roman s'inspire de l'affaire Xavier Flactif, en 2003, au Grand-Bornand qui avait défrayé la chronique. Dans un village de montagne, replié sur lui-même, où tout le monde se connaît, arrivent un couple et ses 3 enfants qui respirent l'aisance matérielle et la joie de vivre. Ils organisent des réceptions où sont conviés les gens du village et parmi eux Constant et Anna, leurs voisins. Une relation ambiguë s'établit entre les deux couples, créant un climat malsain : Anna est embauchée comme femme de ménage par le couple, Constant ne le supporte pas, se sentant rabaissé; Constant confie les économies de ses parents au couple qui lui fait miroiter une rentabilité élevée mais lorsque Constant, subodorant une affaire pas nette, lui réclame son argent, il n'arrive pas à le récupérer.
Un jour, obsédé par cet argent, symbole de ses échecs accumulés, lui qui aurait pu devenir un grand champion de saut à la perche si un accident n'avait réduit ses espoirs à néant, aveuglé par la haine qui n'a cessé de croître face à la condescendance et au mépris du couple, rongé par une jalousie d'autant plus viscérale qu'elle se double d'un racisme qui ne dit pas son nom (le voisin est noir), il massacre les cinq membres de la famille.
La narratrice, Anna, suit le procès de son mari et se rappelle comment tout a commencé. A travers sa voix, Samira Sedira dissèque les ressorts qui peuvent transformer un homme "normal" comme le qualifient ses amis en assassin. L'élément déclencheur, ici, une grimace mal interprétée de la fille aînée du couple, paraît sans aucune proportion face à l'acte mais il s'insère parfaitement dans le schéma mental de Constant, qui se sent méprisé.
Au coeur de ce roman, apparaissent des thèmes comme la peur de l'étranger dans un milieu fermé et homogène, le fossé entre des classes sociales différentes, thèmes qui semblent chers à l'auteur.
C'est glaçant mais magistral; l'écriture est ciselée, percutante, tendue; même si on connaît le dénouement d'entrée de jeu, on veut comprendre comment cet homme lambda a pu se transformer en quelques minutes en assassin.
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