Avec
Des gens comme eux, je découvre
Samira Sedira, dont c'est le quatrième roman. Et je dois bien avouer que sa plume m'a plu !
Nous sommes à Carmac, un bled paumé en montagne, et l'arrivée des Langlois, couple mixte aisé, fait jaser. C'est que le mari est noir et ça étonne, au village, qu'il ait autant d'argent et les moyens de se faire construire un énorme chalet. Ils sont beaux riches, sensuels... ce qui déchaîne curiosité et jalousie auprès du voisinage.
Nous suivons également un autre couple, Anna et Constant, qui vivent à côté des Langlois. Ils sympathisent très vite, surtout les deux hommes. Constant est fasciné par son nouveau voisin, à qui tout semble sourire.
Jusque là, tout va bien... Sauf que très vite, on comprend que Constant a massacré la famille Langlois, les parents et leurs trois enfants. Anna, sa femme, nous raconte et revient sur le drame et comment elle n'a rien vu venir.
Ce roman est inspiré d'un fait divers. J'ai aimé l'alternance des scènes de procès, plutôt réussies, et des souvenirs d'Anna. le roman est écrit au "tu", elle s'adresse à son mari dont elle tente de comprendre les actes, ce qui m'a un peu dérangée. de plus en plus de romans sont écrits à la deuxième personne du singulier et ça ne fonctionne pas toujours. Dans ce cas, j'ai trouvé que ça a créé de la distance, assez paradoxalement, entre Anna et son époux.
Le décor est bien planté. J'ai été immergée dans ce petit village franchouillard, pétri de clichés et de racisme. La vie de village y est bien décrite : les fêtes, les piliers de comptoirs, les ragots...
De plus, ce roman pose une problématique forte et morale. Qu'est ce qui nous pousse au meurtre ? Un homme "normal" peut-il tuer ?
Au delà d'une réflexion sur le racisme, ce roman met en avant les différences de classes et la violence que peut engendrer le sentiment d'injustice sociale.
Une très bonne lecture ! Je recommande vivement.